L'église
Il est rapporté qu'en 1229, quatre moines sont arrivés à Erfurt; ils appartenaient au nouvel ordre des Prêcheurs ou Dominicains et que leur supérieur était Elger von Hohnstein, le fils d'un comte de Thuringe. Ils avaient étudié à l'Université de Paris et avaient été envoyés par leurs supérieurs avec la mission de fonder de nouveaux monastères. En route vers Erfurt, ils avaient obtenu une lettre de recommandation de la part de l'évêque de Mainz dans laquelle les résidents d’Erfurt étaient invités à offrir l'hospitalité aux moines et à pourvoir à leurs besoins. Le gouverneur de Mainz leur donna une ferme sise au milieu de la ville où ils s'établirent et commencèrent à y célébrer leurs offices. Plusieurs résidents d’Erfurt furent impressionnés par la vie pieuse que menaient ces moines instruits et par la qualité de leurs sermons. Grâce à plusieurs dons, la première église conventuelle fut construite en quelques années et inaugurée en 1238. Elle s'élevait dans un périmètre maintenant situé à l'intérieur de la nef actuelle. Elle était probablement bâtie selon le modèle de basilique à colonnes.
Les moines reçurent beaucoup d'autres dons tant monétaire qu'agraire. En 1266, ils purent négocier avec les autorités de la ville d’Erfurt et obtenir la totalité d'une rue sise du côté sud de l'église avec la permission de construire un mur autour de l'enceinte. Ils commencèrent alors la construction d'un nouveau choeur et l'aile est du monastère. Chacun de ces ajouts fut terminé lorsque le toit fut posé; le choeur en 1273 et l'aile est en 1285. Le choeur de l'église est, de fait, la plus vieille portion d'un édifice de style gothique de toute la Thuringe.
La phase suivante de constructions ne débuta qu'après 1360. La vieille nef de 1238 ne fut pas agrandie; plutôt la merveilleuse et volumineuse nef actuelle fut construite à sa place tout en respectant la conception générale du choeur, qui datait déjà de 80 ans à ce moment, afin d'assurer que l'édifice demeure homogène. La construction de ces modifications dura jusque vers 1430 alors que le jubé et la voûte de la nef furent complétés. Finalement, un petit clocher fut ajouté en 1448.
Une nouvelle ère débuta en 1525 alors qu'un prédicateur luthérien fut entendu pour la première fois dans cette église. Les paroisses avoisinantes de Saint-Paul, Saint-Martin et Saint-Benoît « occupèrent » l'église des Dominicains et en firent une église paroissiale luthérienne: le retable de l'église avoisinante de Saint-Pierre et Saint-Paul fut placé au-dessus du maître-autel et, conforme à l'esprit de la Réforme, le panneau central représentant le Couronnement de la Vierge Marie fut remplacé par un Christ souffrant. Quoique les moines furent autorisés à demeurer dans leur monastère, ils ne pouvaient plus utiliser l'église mettant ainsi fin à leur seule source de revenus. Les édifices du cloître devinrent inutilisés et, débutant au milieu des années 1500, les quelques moines restants les démolirent et les vendirent en tant que matériaux de construction. En 1588, le dernier moine légua ce qui restait du monastère à la communauté protestante afin d'être utilisé comme école. L'église des Dominicains était devenue protestante.
À partir de 1559, l'église fut choisie comme lieu pour y tenir les assemblées annuelles; toutefois, les membres continuèrent à offrir un grand nombre de dons et dotations. Jacob Naffzer, un riche marchand et conseiller municipal, défraya entièrement le coût de repeindre l'intérieur de l'église en 1579. À la fin des années 1500, un magasin de deux étages fut ajouté de même qu'une grande tribune de l'orgue dans la partie ouest de la nef. Au cours des années 1600, l'église continua de recevoir des embellissements et effectua des agrandissements.
Au cours des siècles qui suivirent, certains dégâts survinrent, mais, miraculeusement, elle survécut sans trop de dommages irréparables à des catastrophes majeures tels le feu de 1736, la saisie et la réquisition de l'église pour servir de quartiers pour les prisonniers et l'entreposage du fourrage pendant les guerres napoléoniennes de 1806 à 1808, ainsi que des raids aériens durant la Seconde Guerre mondiale. À la suite de rénovations majeures exécutées de 1959 à 1963, l'autel de célébration plus placé dans l'axe médian de l'église, en face du jubé.
Parmi les ameublements intérieurs remarquables, on note le jubé avec sa magnifique sculpture L'Annonciation qui date du milieu du XIVe siècle; la clôture du choeur avec ses niches qui renferment une Madonne à l'enfant et un Calvaire peint qui datent aussi du milieu du XIVe siècle; le maître-autel sculpté et peint qui date du XVe siècle; les stalles du choeur qui datent du XIIIe siècle; et les verrières qui ont été réalisées, au XXe siècle, à partir des fragments de verre récupérés des verrières endommagées pendant la guerre.
Avec son monastère préservé, l'ensemble est l'un des meilleurs exemples, en Allemagne, de l'architecture pratiquée par les moines d'ordres mendiants.
Dr. Thomas Nitz
L'orgue
Le premier orgue fut probablement construit par Henrich Compenius, père, en 1579. Il n’existe aucune information concernant la taille et la composition de cet instrument.
En 1648, un nouvel orgue est construit par Ludwig Compenius, le petit-fils de Heinrich; la façade de style baroque est tout ce qui reste de cet instrument. Il comportait deux claviers et pédalier et était sujet, dès le début, à tomber en panne. Il dut être réparé plusieurs fois.
Parmi les organistes de cette époque, notons Johann Bach (1636-1673), le grand-oncle de J. S. Bach, Andreas Nicolaus Vetter (1673-1678), Johann Pachelbel (1678-1690), Johann Heinrich Buttstedt (1691-1727) et Johann Christian Kittel (1762-1809), le dernier élève de J. S. Bach.
À la fin du XIXe siècle, la décision est prise de faire construire un nouvel orgue, mais de conserver les buffets anciens. Les travaux sont confiés à la firme Walcker, de Ludwigsburg. Le nouvel instrument est inauguré le 3 juillet 1898. Il utilise une traction pneumatique et des sommiers à pistons. L'instrument comporte 60 jeux répartis sur trois claviers et pédale.
Autour des années 1950, l'instrument est tellement détérioré qu'en 1963, un nouvel orgue est commandé de la firme Alexander Schuke, de Postdam. Encore une fois, la décision est prise de conserver les buffets anciens. La construction de l'instrument débute en 1975 et celui-ci est inauguré le 30 octobre 1977 par l'organiste de l'église, Johannes Schäfer.
Cet orgue possède 56 jeux répartis sur trois claviers et pédale. Il comprend 28 tuyaux de métal et 177 tuyaux de bois provenant de l'orgue Walcker. La traction des claviers est mécanique tandis que la traction des jeux est électrique. Les moteurs pneumatiques ont été réalisés par la firme Heuss, de Lich.
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The church
In 1229, it was reported that four monks arrived in Erfurt: they belonged to the newly founded Dominican or Preacher order, and their leader was Elger von Hohnstein, the son of a Thuringian count. They had studied at the University of Paris and had been sent out by their superiors with the mission of founding new monasteries. On their way to Erfurt, they had obtained a letter of recommendation from the Bishop of Mainz in which he asked the citizens of Erfurt to receive the monks with due hospitality and support them in all of their needs. The governor of Mainz gave them a farmstead in the middle of the town, where they proceeded to settle and started holding their daily choir offices. Many citizens of Erfurt were impressed with the godly life these well-educated monks led, as well as the quality of their preaching; thanks to many donations, the first Preacher order church was built in only a few years' time and dedicated in 1238. It was located on a perimeter which is currently taken up by the nave. It was probably built in the form of a pillar basilica.
The Preachers were favored with further donations of both money and land. By 1266, they were able to negotiate with the town of Erfurt and obtained a whole street portion on the south side of the church, along with the permission to build a wall around their precincts. They then started building a new chancel for the monastery, as well as an east wing. These new buildings additions were completed when the roofs were put on: the chancel in 1273, the east wing in 1285. The Erfurt Predigerkirche chancel is thus the oldest edifice portion in the High Gothic style in all of Thuringia.
The next major building phase did not start until after 1360. The old nave from 1238 was not further enlarged; instead, the amazing new, voluminous nave still preserved today was built in its place still respecting the overall design of the chancel, which was already 80 years old at the time, and thus ensuring that the building has remained thoroughly homogeneous in its overall design. These new building alterations went well into the 1430s, when the rood screen and the nave vault were completed. Finally, a small bell tower was added in 1448.
A new era began in 1525 which a Lutheran preacher was heard during the services for the first time. The surrounding parishes of St. Paul, St. Martin and St. Benedict "occupied" the Dominican church and made it into a Lutheran parish church: the reredos from the neighboring St. Peter and St. Paul's church was placed over the high altar, and, in the spirit of the Reformation, the central panel representing the Coronation of Mary was replaced with a suffering Christ. Although the monks were thereafter allowed to stay in the monastery, they were no longer allowed to use the church, thus effectively cutting off their only source of revenue. The cloister buildings became superfluous, and, starting in the mid-1500's, the few remaining Dominicans had them torn down and sold off as building material. Then, in 1588, the last remaining monk bequeathed what was left of the monastery to the Protestant congregation for use as a school building. The Predigerkirche thus became Protestant.
From 1559 on, it was chosen as the location for holding yearly church visits; and members continued to offer a large number of donations and endowments. Jacob Naffzer, a rich merchant and city councilor, has the entire church interior painted at his own expense in 1579. In the late 1500s, a two-story emporium was added, along with a large organ loft in the western part of the nave. The church was endowed, particularly in the 1600s, with further decorations and additions.
During the following centuries, the church was certainly inflicted with some blemishes, yet still miraculously survived, without irretrievable damage, such major catastrophe as the fire in 1736, seizures and requisition for prisoner quarters and fodder storage during the Napoleonic Wars from 1806 to 1808, and air raids in the Second World War. Following major renovations from 1959 to 1963, the altar for religious services was placed in its current location in the church's middle axis, in front of the rood screen.
Among the interesting interior furnishings are the rood screen, with a beautiful sculpture group of The Annunciation (mid-14th century); the choir screen, with niches sheltering a Madonna and Child and painted Calvary (mid-14th century); the choir stalls (13th century); 15th-century carved and painted high altar; and stained glass windows made with fragments retrieved from the war-damaged church windows (20th century).
With the preserved monastery, it is one of the foremost examples of mendicant order architecture in the German-speaking world.
Dr. Thomas Nitz
The organ
The first organ was probably built by Henrich Compenius the Elder in 1579. No information has been preserved concerning either its size or its specifications.
In 1648, a new organ was built by Ludwig Compenius (Heinrich's grandson); its Baroque facade is still preserved. This instrument, with two manuals and pedal, was prone to malfunctions from the very start; it had to be repaired several times.
Among the church organists from that era are Johann Bach (1636-1683), J. S. Bach's great uncle, Andreas Nicolaus Vetter (1673-1678), Johann Pachelbel (1678-1690), Johann Heinrich Buttstedt (1691-1727) and Johann Christian Kittel (1762-1809), J. S. Bach's last pupil.
At the end of the 19th century, it was decided to buy a new organ, but to keep the ancient organcase. Works were entrusted to the Walcker firm, from Ludwigsburg. The new instrument was inaugurated on July 3rd, 1898. It used pneumatic action and cone chests. It was a 60-stop intrument over three manuals and pedal.
By the 1950s, the instrument was so much deteriorated that, in 1963, a new organ was commissioned from the Alexander Schuke firm in Potsdam. Once again, it was decided to preserve the ancient organcase. The construction began in 1975 and the instrument was inaugurated on October 30th, 1977 by church organist, Johannes Schäfer.
The organ features 56 stops over three manuals and pedal. The key action is mechanical and the stop action is electric. The pneumatic motors were made by the Heuss firm, from Lich.
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III. Positiv |
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I. Hauptwerk |
Gedackt | 8' |
|
Principal | 16' |
Quintadena | 8' |
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Principal | 8' |
Principal | 4' |
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1Koppelflöte | 8' |
Rohrflöte | 4' |
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1Viola di Gamba | 8' |
Sesquialtera 1 1/3' | II |
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Quinte | 5 1/3' |
Oktave | 2' |
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Oktave | 4' |
Spitzflöte | 2' |
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Gemshorn | 4' |
Quinte | 1 1/3' |
|
Quinte | 2 2/3' |
Scharff 1 1/3' | V |
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Oktave | 2' |
Spillregal | 16' |
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Gross-Mixtur 2' | VI-VII |
Trichterregal | 8' |
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Klein-Mixtur 1' | IV |
Tremulant |
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Trompete | 16' |
|
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Trompete | 8' |
II. Schwellwerk (expressif / enclosed) |
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Pedal |
Gedackt | 16' |
|
Principal | 16' |
Principal | 8' |
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Offenbass | 16' |
Holzflöte | 8' |
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Subbass | 16' |
2Spitzgedackt | 8' |
|
Quinte | 10 2/3' |
2Salicional | 8' |
|
Oktave | 8' |
Oktave | 4' |
|
Spitzflöte | 8' |
Nachthorn | 4' |
|
Oktave | 4' |
Rohrnassat | 2 2/3' |
|
Pommer | 4' |
Waldflöte | 2' |
|
Flachflöte | 2' |
Terz | 1 3/5' |
|
Bass-Aliquote 5 1/3' | IV |
Spitzquinte | 1 1/3' |
|
Mixtur 2 2/3' | VI |
Sifflöte | 1' |
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Posaune | 16' |
Oberton 4/7' | II |
|
Trumpete | 8' |
Mixtur 2' | V |
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Dulcian | 8' |
Cymbel 1/2' | III |
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Clarion | 4' |
Dulcian | 16' |
|
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Oboe | 8' |
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Tremulant |
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- Légende / Legend:
-
1 |
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Basse commune / Common bass: C-G# |
2 |
|
Basse commune / Common bass: C-G# |
- Autres caractéristiques / Other details:
-
- Étendue des claviers / Manual compass: 58 notes (C-a3)
- Étendue du pédalier / Pedal compass: 30 notes (C-f1)
- Accouplements / Couplers:
- POS/HW, SW/HW
- HW/PED, SW/PED, POS/PED
- Combinateur électronique / Electronic combinator
- Séquenceur / Sequencer
- Pédale d'expression / Expression pedal: SW
- Rouleau de crescendo / Roller crescendo
Enregistrements / Recordings:
- Psalite PSA 60601 (2005) Bach, Mendelssohn, Pachelbel, Karg-Elert (Matthias Dressig)
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