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La conférence sur "La facture française d'orgue" tenue à l'université du Kansas, du 10 au 13 octobre 1996, faisait partie d'une célébration, échelonnée sur dix jours, marquant l'inauguration de l'orgue Hellmuth Wolff, son Opus 40, dans la salle de concert Bales.
Grâ à la vision et la générosité des principaux donateurs, Polly et Dane Bales, il fut attendu qu'un nouvel orgue serait construit et installé dans une salle qui serait dédiée à l'enseignement, à l'étude et au concert. James Higdon, professeur d'orgue, a voulu que l'instrument ait une orientation particulièrement française et a choisi les facteurs Wolff & Associés. Lui et son collègue, Michael Bauer, ont de plus stipulé que la salle devrait recréer l'ambiance réverbératrice d'une grande église de France. À ce point, la proposition dans son ensemble présentait des défis. Personne n'est en mesure de construire une salle de récital d'orgue ayant les dimensions des églises et cathédrales historiques de France. Encore est-il que l'effet de grandeur émergeant de ces grandes structures de pierre soit inséparable de l'esthétique de l'orgue français.
Avec une audace révolutionnaire, l'université a d'abord embauché le facteur et l'acousticien, Robert F. Mahoney, pour travailler avec eux dans le but de formuler les critères de conception du devis pour l'instrument et de son acoustique. Avec un concept bien en place, la firme d'architecture Horst, Terrill et Karst a été embauchée comme co-collaborateurs pour la conception de la salle. Le résultat fut un projet dominé par les besoins de la musique, spécifiquement ceux reliés à l'instrument le plus complexe et le plus exigeant, l'orgue. De plus, le fait que les églises de France se distinguent aussi par la présence de splendides verrières qui inondent l'espace dans la couleur et la lumière, le doyen de la faculté des beaux-arts, Peter Thompson, a conçu les verrières pour la salle et s'est assuré que les sculptures du buffet de l'orgue lui soient coordonnées.
L'architecture de la salle, résolument moderne, comporte des antécédents historiques reconnaissables. Marilyn Stockstad, historienne de l'art médiéval qui participait à la conférence, faisait remarquer que la salle possède des liens puissants avec les cathédrales du Xe siècle. La salle de concert de l'université du Kansas, quoique n'ayant pas les dimensions d'une cathédrale, possède des proportions qui lui soient comparables: la hauteur de la salle est quasi égale à sa longueur. Imaginez-vous assis dans une salle de concert de 196 sièges dont la hauteur est équivalente à un édifice de cinq étages! Cette hauteur inhabituelle fournit le volume requis pour assurer une acoustique optimale pour l'orgue. En effet, l'acoustique semble idéale pour la musique française d'orgue. Le temps de réverbération, qui n'est qu'une partie de l'image acoustique, a été mesuré à six secondes lorsque celle-ci est vide. Une autre caractéristique inhabituelle est la nature massive même de la construction puisqu'une masse est obligatoire afin de retenir les fréquences basses de la musique, de les refléter et de les soutenir à l'intérieur de la salle. Les murs de béton ont une épaisseur de deux pieds et le toit est construit de dalles de béton pré-fabriquées. Une tâche très dispendieuse! Il y a probablement eu plusieurs tentations de réduire les coûts tout au long des processus de planification et de conception, principalement lorsque les soumissions montraient des estimés supérieurs au budget disponible. Toutefois, il est vraiment frappant que le chancelier de l'université, le doyen, les donateurs et tous ceux qui étaient impliqués dans ces processus n'ont jamais perdu de vue leur but ultime: créer des installations de classe internationale afin d'obtenir l'acoustique maximale pour la musique d'orgue.
L'instrument lui-même, une délice tant pour l'œil que pour l'oreille, est le point central de cette salle. Son buffet s'inspire de l'orgue gothique de la cathédrale de Strasbourg (1489), un instrument qui a été remis à la mode baroque par Andreas Silbermann. Puisque l'orgue de l'université du Kansas ne se veut pas une copie historique, le facteur n'était pas restreint à des prototypes tant au niveau sonore que visuel, mais il les a utilisés comme point de départ. Selon James Louder, le vice-président de la firme, l'instrument présente plusieurs aspects techniques qui ne sont pas conformes aux modèles français qu'ils soient classiques ou romantiques. Au même moment, il est évident que le penchant majeur de l'orgue est pour jouer la musique française et de la jouer d'une manière hautement satisfaisante.
Les mots sont souvent inadéquats pour rendre l'essence de la beauté. Scott Cantrell, dans son commentaire dans le Kansas City Star, utilise les mots "volupté" et "splendeur à couper le souffle" pour décrire cet instrument. Quant à moi, la première rencontre avec l'instrument a pris quasi l'allure d'une expérience religieuse. Elle m'a transportée en arrière, à mon séjour d'études à Paris, où me furent révélées la majesté du monde de l'orgue français et le mysticisme entourant les magnifiques structures qui logent ces instruments. Ce sentiment de respect m'est revenu au Kansas, cette sensation d'être envahie par une mer de sonorités riches et émouvantes.
Une installation d'une telle importance dans une salle de concert aussi inhabituelle méritait de grandes célébrations. En effet, c'est ce qu'elles ont reçues. Le festival de dédicace, qui a débuté, le 9 octobre, selon le protocole, par un souper privé et un concert réservé pour des invités, a continué par une conférence de cinq jours sur "La facture française de l'orgue" comprenant présentations et concerts. Cette conférence fut suivie à son tour par une conférence post-dédicace de cinq jours et consistait en classes de maître et de concerts.
Au-delà de la conférence pour souligner la nouvelle salle de concerts et de l'orgue qui l'a inspirée, je trouve admirable que les donateurs aient eu comme but premier de faire quelque chose pour rajeunir le monde de l'orgue aux états-Unis et de susciter à nouveau l'intérêt parmi les différents publics. Il appert qu'ils ont réussi puisque les assistances lors des 10 concerts donnés au cours de ces dix jours d'activités comprenaient des individus que l'on ne voyaient pas lors de récitals d'orgue auparavant. Le public est venu parce qu'on l'avait informé du fait que la salle et l'orgue étaient des installations dont nous pouvions tous être fiers même au point d'en être des passionnés. L'université aussi doit être louée pour son engagement à en faire une grande couverture promotionnelle. Le chancelier Hemenway a affirmé qu'il verrait lui-même à l'excellence du programme d'orgue de l'université et il en fut de même pour les autres officiers de l'université et ce, à différents paliers. également, il faut souligner l'étroite collaboration entre l'acousticien, le facteur, l'architecte, les musiciens, et l'artiste en art visuel qui ont accompli un travail digne d'émulation.
L'un des présentateurs lors de la conférence, le facteur Dan Jaeckel, lorsqu'il parlait de ce que son travail était pour lui, disait: "Nous espérons que nos instruments transformeront la vie des gens." Il nous reste à espérer que le nouvel orgue installé dans la merveilleuse salle Bales à l'université du Kansas accomplira justement cela.
Marilou Kratzenstein
The American Organist, Avril 1997
(traduction)
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>I>The Organ
The "French Organ Building" Conference held at the University of Kensas, October 10-13, 1996, was part of a ten-day festival celebrating the inauguration of the Hellmuth Wolff organ, Op. 40, and the Bales Recital Hall.
Through the vision and generosity of the principal donors, Polly and Dane Bales, it was determined that a new organ would be built in a hall dedicated to organ teaching, practice, and performance. James Higdon, professor of organ, determined that the instrument should have a distinctly French orientation and selected the firm of Wolff & Associés. He and his colleague Michael Bauer further stipulated that the hall should recreate the reverberant ambiance of a large French church. At this point, the whole proposition became challenging. No one can afford to build an organ recital hall with the actual dimensions of historic French churches and cathedrals. Yet the effect of grandeur provided by those large stone structures is inseparable from the French organ aesthetic.
With the boldness that is revolutionary, the university first hired the organbuilder and the acoustician, Robert F. Mahoney, and worked with them to formulate the design criteria and concept for the instrument and its acoustics. With the concept in place, the architectural firm of Horst, Terrill and Karst was engaged as co-collaborators to design the hall. The result was a project driven by the requirements of music making, specifically those of that very complicated and demanding instrument, the organ. Since French churches are further distinguished by beautiful stained glass windows, suffusing the space with color and light, Dean of Fine Arts Peter Thompson designed stained glass windows for the hall, and organ case carvings coordinated with the stained glass.
The architecture of the room, while thoroughly modern, has recognizable historical antecedents. Marilyn Stockstad, medieval art historian who lectured at the conference, pointed out that the hall has strong connections with tenth-century cathedrals. The KU organ recital hall, while not as large as a cathedral, has comparable proportions: the height of the hall nearly equals the length. Image yourself in a 196-seat concert hall that is five stories high! This unusual height furnishes the volume needed for optimum organ acoustics. And, indeed, the acoustics would seem to be ideal for French organ music. The reverberation time, which is only part of the acoustical picture, has been measured at six seconds with the room unoccupied. Another unusual feature is the massive nature of the construction, since mass is required to retain low music frequencies, to reflect and sustain them within the hall. The concrete masonry walls are two feet thick and the roof consists of ten-inch-thick precast concrete planks. An expensive endeavor! There must have been many temptations to cut costs during the planning and design process, especially when the bids came in far above budget. Therefore, it is truly remarkable that the university chancellor, the dean, the donors, and all others involved in this process never lost sight of their primary goal: to create a world-class facility that would achieve the optimum acoustics for organ music.
The instrument itself, a delight to both eye and ear, is the focal point of the room. Its case was inspired by the Gothic organ in Strasbourg Cathedral (1489), an instrument later Baroque-icized by Andreas Silbermann. Since KU organ was never intended to be a historical copy, the organbuilder was not restricted visually or tonally to prototypes, but used them as starting points. According to James Louder, the firm's vice president, there are several technical aspects of the instrument that do not conform to French models, either Classic or Romantic. At the same time, it is clear that the organ's major inclination is to play French music and to play it in a deeply satisfying manner.
Words are always inadequate to convey the essence of beauty. Scott Cantrell is his review in the Kansas City Star used the words "voluptuous" and "drop-dead gorgeous" to describe this instrument. For me, the first encounter with the instrument felt like a religious experience. It transported me back to my student days in Paris when the wonders of the French organ world and the mysticism implicit in the magnificent structures housing these organs were first revealed to me. That sense of awe came back in Kansas, that feeling of being swept up in a sea of rich, thrilling sound.
Such an important installation and such an unusual recital hall deserve a major celebration. Indeed, that's what they received. The Dedication Festival, which began with a private, formal dinner and recital for invited guests on October 9, continued with a four-day "French Organ Building" Conference of lectures and recitals. This in turn was followed by a five-day Post-Dedication Conference featuring daily masterclasses and recitals.
Looking beyond the conference to the new recital hall and the organ that inspired it, I find it particularly admirable that the donors had as their goal to do something that would rejuvenate the organ in America and re-excite audiences. It appears that they may have be succeeding, too because attendees at the ten recitals and concerts held during this ten-day event included individuals who had never been seen at an organ recital before. People came because word was out that the hall and the organ are something to be proud of, something to get excited about. The university, too, should be commended for committing itself to great promotional coverage. Chancellor Hemenway went on record that he was committing himself to the excellence of the university's organ program, and university officials at other levels followed. Likewise, the total collaboration between acoustician, organbuilder, architect, musicians, and visual artist is an accomplishment worthy of emulation.
One of the conference presenters, organbuilder Dan Jaeckel, when discussing that his work means to him, said: "We expect our instruments to transform people's lives." Let us hope the glorious new organ in this acoustically memorable hall at the University of Kansas will do just that.
Marilou Kratzenstein
The American Organist, April 1997.
II. Grand-Orgue |
III. Récit |
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Montre | 16' | Quintaton | 16' | |
Montre | 8' | Flûte à cheminée | 8' | |
Flûte conique | 8' | Viole de gambe | 8' | |
Flûte harmonique | 8' | Voix céleste | 8' | |
Prestant | 4' | Prestant | 4' | |
Flûte à fuseau | 4' | Flûte octaviante | 4' | |
Nazard | 2 2/3' | Octavin | 2' | |
Doublette | 2' | Cornet | V | |
Tierce | 1 3/5' | Plein jeu | V | |
1Fourniture | V-VI | Basson | 16' | |
Trompette française | 8' | Trompette | 8' | |
Clairon | 4' | Hautbois | 8' | |
Voix humaine | 8' | |||
Clairon | 4' |
I. Positif |
Pédale |
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Montre | 8' | Soubasse (ext) | 32' | |
Bourdon | 8' | Contrebasse | 16' | |
Prestant | 4' | Montre (GO) | 16' | |
Flûte à cheminée | 4' | Soubasse | 16' | |
Sesquialtera | II | Montre (GO) | 8' | |
Doublette | 2' | Bourdon (ext) | 8' | |
Flûte à fuseau | 2' | Octavebasse (ext) | 8' | |
Larigot | 1 1/3' | Prestant | 4' | |
Fourniture | IV | Fourniture | V | |
Cromorne | 8' | Trombone | 16' | |
Trompette (GO) | 8' | |||
Trompette allemande | 8' | |||
Clairon (GO) | 4' |
1 | Le 5 1/3' à partir du f#1 s'ajoute quand la Montre 16' est tirée / 5 1/3' from f#1 is added when Montre 16' is drawn |
Autres caractéristiques / Other details
On peut aussi visiter la page préparée par l'université du Kansas sur cet orgue. Visit the Web page prepared by the University of Kansas on this organ.