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Parisot, 1746
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L'église du faubourg de Guibray, sise hors les murs au sud de Falaise, occupe le site primitif d'un sanctuaire païen, transformé en chapelle, à l’époque mérovingienne, avant 650.
Vers l'an 1000 une nouvelle église a été construite, et reprise de la fin du XIe siècle à la fin du XIIe, sur un plan roman avec un vaisseau central, deux collatéraux et un transept court, sous l'impulsion de l'abbaye de la Trinité de Caen. L'église dépend de l’abbaye caennaise comme toutes les églises de Falaise par donation en 1066 du seigneur de Falaise, Mézidon et Ecajeul. L'unité de l'édifice a été fortement perturbée par de nombreux remaniements, dès le XIIIe siècle, mais la façade du XIIe siècle a été préservée ainsi que le chevet de la fin du XIe siècle avec ses trois absides étagées, très proches de Saint-Nicolas de Caen. Le chœur débarrassé de son décor néoclassique en 1986 a retrouvé ses arcatures romanes. Des chapiteaux romans intéressants surmontent les piliers du transept, du chœur et de ses bas-côtés.
Elle est classée « monument historique » depuis le 6 novembre 1961.
L'orgue
Un orgue, avec des tuyaux de six pieds, a été construit à Notre-Dame de Guibray dès la première moitié du XVIe siècle. Il était installé, vraisemblablement sur une tribune installée dans l'un des transepts de l'église. Vers 1562, il fut endommagé ou détruit lors des troubles causés par les protestants. Il fut reconstruit au fond de la nef. Il en subsisterait un élément de balustrade réutilisé sur le côté nord de l'actuelle tribune.
Au milieu du XVIIIe siècle, cet orgue, vétuste, ne répondait plus aux besoins ni à la dignité de la paroisse de Guibray, et la construction d'un instrument entièrement nouveau fut décidée.
La tribune fut reconstruite en 1745, par Jean et Joseph Le Roy, charpentiers de la paroisse Notre Dame de Guibray. pour un coût de 1000 livres. En 1746, le buffet et l'orgue furent construits.
Le buffet est l'oeuvre de Jacques Chaplain, menuisier de la ville d'Argentan, qui s'est inspiré de celui qu'il venait de construire pour l'orgue de la cathédrale de Sées, lui-même conforme au dessin du meuble de 1741 de l'orgue de l'abbaye prémontrée de Mondaye, près de Bayeux. On ignore le coût du buffet de l'orgue de Guibray; celui de Sées, assez semblable, coûta 1500 livres.
L'orgue est l'oeuvre de Claude Parisot, assisté de son neveu Henri. Il a coûté environ 4500 livres. Soit, pour l'ensemble de l'opération, un total de 7000 livres, dont la paroisse dut étaler le paiement sur plus de six années...
En 1792, l'église est utilisée comme resserre à fourrage, mais l'orgue continue de jouer pour les fêtes décadaires. Il perdit 146 tuyaux durant ces années. L'église est rendue au culte en 1803, et l'orgue subit quelques menues réparations. En 1833, des réparations plus importantes furent faites par les frères Claude, facteurs d'orgue à Mirecourt, dans les Vosges, pour la somme considérable de 2780 francs financés par la paroisse : insensibles aux arguments culturels développés par les responsables de la paroisse, ni la Ville de Falaise ni le Préfet du Calvados ne contribuent.
Pour la deuxième moitié du XIXe siècle, la seule information que nous connaissions concerne le relevage fait par le facteur Joseph Koenig en 1866. En 1900 également, Koenig effectue une révision complète, répare le positif et ajoute un jeu de hautbois, le tout pour 1900 francs, que la paroisse finance par un emprunt. En 1920, son fils Paul-Marie Koenig effectue des réparations mineures.
En 1944, l'église perd ses vitraux lors des bombardements. La pluie, l'humidité, les déflagrations qui ébranlent les tuyaux, font perdre sa voix à l'orgue. La partie instrumentale de l'orgue est classée « monument historique » le 4 juillet 1955, et le buffet l'est à son tour le 28 juillet 1970.
L'orgue, ayant conservé suffisamment d'éléments historiques: le buffet, les mécanismes y compris la console avec ses claviers, les abrégés, les balanciers, les tirants et pilotes tournants, tous les sommiers sauf celui du Positif, et la plupart de ses jeux, permettait de justifier une restauration visant à se rapprocher le plus possible de son état d'origine.
Faite par le facteur Erwin Müller, de Croissy-sur-Seine, la restauration commence en 1970. Elle était basée sur un programme de restauration - reconstruction dans un esprit encore néo-classique qui visait le retour à un orgue classique mais sans en assumer toutes les exigences, particulièrement sur le plan sonore. Sur le plan mécanique, le travail fut remarquablement fait avec un respect des matières et des techniques anciennes, et la conservation d'un maximum d'éléments anciens. Par contre, sur le plan sonore, la recherche n'a pas été poussée suffisamment loin, tant au niveau du ton qui était resté moderne (la=440 à 15oC) que dans le choix des matériaux pour les jeux neufs ou compléments des jeux anciens. Regrettables, aussi, furent les ajouts néo-classiques de pédale placés derrière le buffet, mais dont l'existence fut heureusement éphémère. La restauration durera jusqu'en 1974. L'orgue retrouva sa voix pour le concert inaugural donné le 16 juin 1974 par Marie-Claire Alain.
Erwin Müller entretient l'orgue jusqu'en 1987. Sa suite est prise par Jean-Loup Boisseau et Bertrand Cattiaux, de Béthines, en Poitou.
Une nouvelle restauration s'avérait indispensable pour donner à l'orgue au maximum une vérité historique qu'il avait en puissance dans ses matériels et tuyaux anciens les mieux conservés. Comme l'ensemble du matériel ancien de l'instrument étant évalué à plus de 70%, une restauration exemplaire s'imposait afin de le remettre complètement dans son état original.
Grâce à l'aide de l'État, du Département du Calvados et de la Ville de Falaise, la restauration a été confiée, en 1991, aux facteurs Boisseau-Cattiaux qui sont très spécialisés dans la restauration des orgues anciens, et qui ont adopté les matériaux, les techniques et le savoir-faire du passé. L'examen de l'instrument a nécessité une remise en état des sommiers, du buffet et des mécaniques, mais l'effort a surtout porté sur une révision complète de la tuyauterie.
En particulier:
- Élimination des tuyaux reconstruits sans tenir compte des modèles déjà existants, et restauration avec respect des techniques de fabrication, des matières et des épaisseurs de Claude Parizot, et élimination de la lèpre.
- Réfection des biseaux, rallonge des corps pour retrouver les longueurs d'origine, réglage des hauteurs de bouche etc...
- Vérification des tuyaux de bois.
- Construction des tuyaux manquants des jeux incomplets.
- Construction à neuf de la Montre du Positif et du Grand-Orgue, des deux Cymbales, de la Quarte et de la Voix humaine du Grand-Orgue. Pour les jeux manquants, on s'est inspiré des jeux de la même famille existant dans l'orgue ou encore dans le Dom Bedos. En outre, la restauration de l'orgue ayant permis de retrouver les emplacements de 1746, les tuyaux et les claviers ont réintégré leurs places initiales. Cette importante découverte a nécessité de refaire plusieurs postages.
- Construction d'un pédalier français de 25 notes.
- Construction de trois soufflets cunéiformes en remplacement du soufflet à plis parallèles en fort mauvais état.
- Harmonie : rétablissement du ton d'origine (a=415 HZ @ 15oC).
- Accord sur le ton.
- Tempérament en usage au milieu du XVIIIe siècle, issu du mésotonique à 5 tierces justes : tempérament Corrette (1753).
- Composition des mixtures d'après Dom Bedos.
Le coût de cette restauration a été d'un million de francs, financés par l'Etat pour moitié, et par le Département du Calvados et la Ville de Falaise, pour un quart chacun. Après cette restauration, l'orgue a été inauguré lors d'un concert inaugural le 12 septembre 1993 par Gustav Leonhardt.
L'orgue de Falaise, un des rares témoins de cette époque en Normandie, a retrouvé les splendeurs et les délicatesses de ses sonorités, si bien adaptées à l'excellente acoustique de l'édifice. C'est l'instrument idéal pour interpréter la musique française des XVIIe et XVIIIe siècles.
Jean-Pierre Decavelle
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The church in the Guibray district, located outside Falaise city walls, stands on a primitive site of a pagan sanctuary converted into a chapel, during the Merovingian era, before 650.
Around 1000, a new church was built which was rebuilt from the end of the 11th century through the end of the 13th century, as a Romanesque structure with a central nave, two side ailes, a short transept spurred by the Trinity Abbey in Caen. The church was a dependency of the abbey, like all other churches in Falaise, following a donation by the Lord of Falaise, Mézidon and Evajeul, in 1066. The building was strongly modified after the 13th century but the 12th-century façade was preserved as was the 11th-century chevet with its three apses closely similar to those St. Nicolas church in Caen. In 1986, the neo-Classic decor of the chancel was removed and its Romenesque arches became visible. Interesting Romanesque chapters crown pillars in the transept, in the chancel and the side aisles.
The building is classified as an "historical landmark" since November 6, 1961.
The Organ
An organ, with its 6-foot pipework, was built in Notre-Dame de Guibray early in the first half of the 16th century. It was very likely located on a gallery located in one of the church transepts. Around 1562, it was damaged or destroyed during unrests by the Protestants. It was rebuilt at the end of the nave. What is left is a section of the railing reused on the north side of the actual gallery.
By the middle of the 18th century, the instrument was dilapidated and the construction of a new instrument was decided.
The gallery was rebuilt in 1745, by Jean and Joseph Le Roy, carpenters living in the parish, at a cost of 1000 pounds. In 1746, both the organcase and the organ were built.
The organcase was executed by Jacques Chaplain, a carpenter from the city of Argentan, based on the one he just completed for the cathedral in Sées that was according a 1741 plan of the organcase in the Premonstratensian abbey in Mondaye, near Bayeux.The exact cost of the organcase is not known but the one in Sées, very similar, cost 1500 pounds.
The instrument is executed by Claude Parisot, assisted by his nephew, Henri. The cost was around 4500 pounds. The hole operation cost around 7000 pounds that the parish had to be spread over more than six years...
In 1792, the church was used as grain storeroom but the organ continued to play during festivities. In this period, the instrument lost 146 pipes. The building was returned to worship in 1803 and the organ received small repairs. In 1833, important repairs were carried out by Claude brothers, organbuilders in Mirecourt, in the Vosges region, at a cost of 2780 francs entirely paid by the parish : insensitive to cultural reasonings presented by the churchwardens, neither the city of Falaise nor the Calvados Prefect contributed.
The only available information about the second half of the 19th century is a renovation carried out by organbuilder Joseph Koenig in 1866. Again, in 1900, Koenig carries out a complete overhaul including repairs to the Positif and the addition of an Hautbois stop; all for 1900 francs paid for by the parish through a loan. In 1920, his son, Paul-Marie Koenig, carries out minor repairs.
In 1944, the building lost its windows to an air raid. Pipework, weakened by rain, humidity and explosions caused the instrument to become silent. The instrument is classified as "historical landmark" on July 4, 1955 while the organcase will be classified as such on July 28, 1970.
Since many historic elements have been preserved: the organcase, the action including the console with its manuals, the rollerboards, the backfalls, the drawknobs and trundles, all windchests except the one for the Positif, and most of its pîpework, it allowed to prove the possibility of a restoration to the original.
Executed by organbuilder Erwin Müller, from Broissy-sur-Seine, the restoration began in 1970. The restoration plan, a reconstruction in a neo-Classical aesthetics, called for an Classic instrument without assuming all the requirements mainly on the tonal structure. Concerning the action, the work was carefully executed with due respect for materials and ancient techniques and the preservation of a maximum ancient elements. As for the tonal structure, research has not been carried out far enough: the diapason remained modern (a=440 HZ @ 15oC) and the choice of materials to be used for the new stops or to complete the old ones. Unfortunate are also the neo-Classic additions to the Pedal division and located being the organcase whose existence were short-lived. The inaugural concert was played by Marie-Claire Alain on June 16, 1974.
Erwin Müller was responsible for the organ maintenance until 1987. He was succeeded by Jean-Loup Boisseau and Bertrand Cattiaux, from Béthines, in the Poitou region.
A new restoration became essential in order to give the instrument its maximum historical status with the best preserved elements and ancient pipework. Since ancient elements amounted to 70% of the instrument, an examplary restoration was necessary in order to bring back the instrument to its original condition.
Thanks for the State, the Calvados Department, and the city of Falaise help, the restoration is commissionned, in 1991, to organbuilders Boisseau-Cattiaux who are very specialized in the restoration of ancient organs and who have taken up the use of ancient materials, techniques and know-how. A close examination called for a restoration of the windchests, the organcase and the action but the main effort was dedicated to a complete revision of the pipework.
In particular:
- Removal of all pipework rebuilt without consideration to already existing models, careful restoration with all due respect to Claude Parizot's manufacturing techniques, materials and ticknesses, and the élimination of tin leprosy.
- Repairs to languids, extension of the body in order to meet the original lengths, adjustment to the mouth's height, etc.
- Examination of wooden pipes.
- Construction of missing pipes in incomplete stops.
- Construction a new Montre for the Positif and Grand-Orgue, two Cymbales, the Quarte and Voix humaine for the Grand-Orgue. For missing stops, reference was made to pipework of the same family still existing in the isntrument or to Dom Bedos. Furthermore, the restoration allowed to discover the 1746 layout, pipework and manuals have reintegrated their original position. This important discovery required modifications to the wind system.
- Construction a new 25-note French pedalboard.
- Construction of three wedge-bellows to replace the horizontal reservoir that was in bad condition.
- Diapason : restoration to original tuning (a=415 HZ @ 15oC).
- Open toe tuning.
- Temperament in use mid 18th century, coming from 5 pure thirds meantone : Corette temperament (1753).
- Mixture configuration according to Dom Bedos.
The cost of this restoration was 1 million francs, half financed by the State and the other half divided between the Calvados Department and the city of Falaise. Following this restoration, the inaugural concert was played, on September 12, 1993, by Gustav Leonhardt.
This organ, one of the few witnesses of this pediod in Normandy, regained its brightness and its tonal delicacies so well adapted to the building's excellent acoustics. It is the ideal instrument to play 17th and 18th-century French repertoire.
Jean-Pierre Decavelle
I. Positif |
II. Grand-Orgue |
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Bourdon | 8' | Bourdon | 16' | |
Dessus de Flûte | 8' | Montre | 16' | |
Prestant | 4' | Bourdon | 8' | |
Flûte | 4' | Dessus de Flûte | 8' | |
Nasard | 2 2/3' | Prestant | 4' | |
Doublette | 2' | Quinte | 2 2/3' | |
Quarte de Nasard | 2' | Doublette | 2' | |
Tierce | 1 3/5' | Tierce | 1 3/5' | |
Cymbale | II | Larigot | 1 1/3' | |
Cromorne | 8' | Cornet 8' | V | |
Plein Jeu | IV | |||
Cymbale | III | |||
Trompette | 8' | |||
Voix humaine | 8' | |||
Clairon | 4' |
III. Récit |
IV. Écho |
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Cornet 8' | V | Cornet | IV | |
Trompette | 8' | Bourdon | 8' |
Pédale |
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Flûte | 8' |
Flûte | 4' |