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Gonzalez, 1956
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L'évéché de Soissons a été fondé en 300 au moment où le diocèse de Reims fut démembré. La première cathédrale date de 646 sur un emplacement qui nous est inconnu. Quant à la deuxième cathédrale, elle fut consacrée en 815 par l'évêque Rothade et semblait se trouver à l'emplacement de l'actuelle cathédrale. Cette cathédrale carolingienne subit en 948 un incendie provoqué par les troupes d'Hugues le Grand qui occupe la ville.
La construction de la cathédrale actuelle débute vraisemblablement vers 1176 sur un terrain légué par l'évêque Nivelon de Quierzy alors que la cathédrale romane est en mauvais état. On y construit le transept sud qui constitue la partie la plus ancienne de l'actuelle cathédrale. Le transept est organisé selon un plan en hémicycle avec déambulatoire assez étroit mais il est également un manifeste du premier art gothique par ses quatre niveaux d'élévation (grandes arcades, tribunes, triforium et hautes fenêtres). Le chantier se poursuit par la construction de la croisée du transept, lieu où s'opère le changement de style: entamée avant l'achèvement du transept, la croisée voit disparaître les tribunes remplacées par des grandes arcades plus imposantes. Si l'on observe avec attention la croisée, on remarquera la présence de quatre gros piliers destinés initialement à supporter une tour lanterne telle celle des cathédrales normandes ou celle de la cathédrale de Laon. Les dimensions de la croisée, plus monumentale, servent de modèle au chœur dont la construction débute en 1190 mais également à la nef dont l'extrémité est mise en chantier au même moment que le chœur. Après une courte interruption, les travaux reprennent en 1194. En 1212, le choeur et la croisée sont achevés. On décide alors de transformer le transept primitif. Finalement, seul le croisillon nord sera modifié au début du XIVe siècle. Parallèment à la construction de la nef, qui sera terminée en 1230, on élève la façade, sur le modèle des plans prévus pour Reims mais les travaux rencontrent des difficultés liées à la guerre de Cent Ans. De plus, de 1275 à 1300, on entreprend la reconstruction totale du transept nord. Ce nouveau transept nord est un modèle du genre, véritable réussite esthétique respectant l'unité de hauteur avec le chœur antérieur de près de 75 ans, tout en introduisant le gothique rayonnant dans la cathédrale de Soissons.
En 1414, la tour sud est déjà élevée jusqu'à la coupole et on s'apprête à bâtir une tour au nord lorsque la ville est assiégée par les Bourguigons de Charles VII qui permettent aux habitants de piller les pierres du chantier pour leur usage privé. Ainsi, la tour sud ne reçoit pas la flèche initialement prévue dont les amorces subsistent jusqu'au XIXème siècle mais l'édifice est surtout privé à jamais de tour nord par manque d'argent et de matériaux. C'est donc dans un édifice inachevé que Mgr. Jean Milet prononce la dédicace de la cathédrale le 25 avril 1479. Le vaisseau surprend avec ses dimensions: 116 métres (381 pieds) de longueur, 26 métres (85 pieds) de largeur et 31 métres (102 pieds) de hauteur sous voûte.
Soissons est donc à la charnière entre les cathédrales gothiques primitives (Saint-Denis, Laon, Noyon) et les cathédrales gothiques classiques (Paris, Chartres, Bourges). Les plans initiaux, fortement inspirés de Noyon (forme des croisillons), ont été rectifiés en cours de construction, pour y incorporer des innovations.
En 1567 et 1568, les Huguenots occupent la ville et infligent de lourds dégâts à la cathédrale: le mobilier est brûlé, le trésor dispersé, le clocher qui s'élevait à la croisée est renversé alors que la statuaire des portails est très gravement endommagée. Une importante restauration serait donc nécessaire mais la cathédrale ne reçoit que de nouvelles chapelles alors que le décor du chœur est renouvelé entre 1767 et 1775 sous la houlette de Michel Ange Slodtz. La façade subit une restauration quelque peu maladroite au XVIIIe siècle.
La Révolution ferme la cathédrale en 1793 et la reconvertit en dépôt. D'énormes dégâts sont alors causés à une cathédrale très mutilée. En 1798, les théophilanthropes détruisent les derniers vestiges de la statuaire de portails. En 1799, la cathédrale est réouverte et l'évêque Leblanc de Beaulieu fait entreprendre des restaurations. L'explosion de deux poudrières en 1815 détruisit une grande partie des vitraux de la nef et du déambulatoire mais il reste dans le choeur des vitraux du XVe siècle.
Il faudra attendre 1840, date du classement de la cathédrale parmi les Monuments Historiques, pour que les réparations soient enfin conséquentes. La restauration de la cathédrale et le changement des arcs-boutants du bras sud du transept sont réalisés par l'architecte Edouard Corroyer.
Sitôt consolidée, la cathédrale est victime de la Première Guerre mondiale qui détruit complètement les trois premières travées de la nef et la partie supérieure de la tour. Cependant les travaux de reconstructions confiés à Émile Brunet sont une éclatante réussite même si la nef, privée à jamais de ses vitraux laisse désormais entrer une lumière abondante...
L'orgue
Lors de sa destruction au cours de la Première Guerre Mondiale, en 1918, l'instrument était une reconstruction réalisée par Merklin entre 1870 et 1892 tout en conservant une grande partie de la tuyauterie et en enlevant les jeux de mutations. À l'orgine, il s'agissait d'un instrument construit par Crépin Carlier en 1619 qui avait été transformé en 1690 par Robert Clicquot et restauré par Thierry en 1725 et par François-Henri Clicquot en 1766 qui utilisa la tuyauterie de l'orgue de cathédrale ainsi que de lui de l'abbaye de Saint-Jean-des-Vignes. L'instrument a été réparé par John Abbey en 1803 et par N. Somer en 1830. Suite à des dommages causés par l'artillerie allemande, l'orgue fut réparé par Callinet en 1870.
Le contrat de construction fut accordé en 1949 à Victor Gonzalez. Connu depuis les années 1930 pour ses talents d'harmoniste et l'intérêt qu'il portait à l'orgue classique, il allait signer là son dernier ouvrage. L'instrument a été inauguré en 1956.
Sa traction mécanique, avec machine Barker, est une exception en ces années 1950. Victor Gonzalez était le dernier à faire usage de ce système qui tombera en désuétude après lui. La traction des registres est électrique pour permettre des combinaisons ajustables, de même qu'à la pédale pour autoriser deux séries de jeux en extension (flûtes et bourdon). La composition, établie par Norbert Dufourcq, est presque anachronique pour l'époque: nombreux fonds de 8 pieds sans doute réclamés par le titulaire de l'époque, le chanoine Henri Doyen, élève de Louis Vierne. Sur le plan de l'harmonisation on remarque une tendance au raffinement, à la douceur, caractéristique, là encore, de l'avant-guerre.
Il est aisé de constater que l'orgue de Soissons, loin de suivre cette évolution, relève au contraire d'une esthétique déjà obsolète en 1956. L'orgue de Soissons n'est pas un orgue comme les autres de sa génération.
Vers 1985, l'orgue marque des signes de fatigue assez évidents au niveau de la traction électrique des jeux. Un devis de remise en état fut demandé à la société Gonzalez qui a conclu à la nécessité d'une restauration totale. L'orgue a été réparé sans restauration! Juste un dépoussiérage.
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The diocese of Soissons was established in 300 when the diocese of Reims was split up. The first cathedral was built in 646 upon an unknown site. The second one, consecrated in 815 by Bishop Rothade, seems to have been built on the location of the actual cathedral. This Carolingian cathedral was destroyed in 948 by invading troops led by Hughes the Great.
The construction of the actual cathedral began very likely by 1176 upon land given by Bishop Nivelon de Quierzy while the Romanesque cathedral was in very bad condition. The first section to be built was the south transept which constitutes the most ancient section of the actual cathedral. The transept is semicircular with a rather narrow ambulatory. It is also an example of the primitive Gothic art with its four levels (large archways, galery, triforium and high windows). Then came the transept crossing where the style change takes form: begun before the transept was finished, galleries are replaced by even larger archways. A close look at the crossing, there are four large pillars initially intended to support a lantern tower similar to all those found in Norman cathedrals ou in the Laon cathedral. The larger dimensions of the crossing are used as a model for the chancel whose construction will being in 1190 and also for the nave whose end is built at the same time of the chancel. Following a short break, works resume in 1194. In 1212, the chancel and the crossing are completed. It was then decided to rebuild the initial south transept. Finally, only part of the north section will be modified by the beginning of the 14th century. While the nave was being built and finished in 1230, the façade is being built using plans prepared for the Reims cathedral but difficulties arised due to the One Hundred Years War. From 1275 to 1300, the north transept is completely rebuilt. The new transept is a unique monument, a real aesthetic success to match its height with the chancel built 75 years earlier while introducing Flamboyant Gothic style into the Soissons cathedral.
In 1414, the south tower is already built up to the copola and work is being planned to start on the north tower when the city is besieged by the supporters of the Suked of Burgundy led by Charles VII who allow people to loot the stones and use them for their personal use. Thus, the south tower does not receive its planned spire even though the structural elements remained in place until the 19th century, and the north tower will never be built due to lack of funds and materials. The unfinished cathedral is dedicated on April 25, 1479 by Bishop Jean Milet. The dimensions of the building are quite impressive: 381 feet (116 meters) long, 85 feet (26 meters) wide, and 102 feet (31 mètres) under the vaults.
The Soissons cathedral stands at the junction of early Gothic cathedrals (St. Denis, Laon, Noyon) and classic Gothic cathedrals (Paris, Chartres, Bourges). The initial plans, largely inspired by the Noyan cathedral, have been changed during the construction in order to incorporate innovations.
In 1567 and 1568, Huguenots invaded the city and badly damaged the cathedral: the furniture burnt down, the treasure scattered, the tower built at the crossing knocked down, and the portal statuary vandalized. An important restoration program was then necessary but new chapels are added and the chancel's decoration was renewed between 1767 and 1775 under the supervision of Michel Ange Stodtz. A somewhat clumsy restoration of the façade was carried out during the 18th century.
The cathedral was closed by the Revolution in 1793 and the building is used as a warehouse. Heavy damage is inflicted to an already badly defaced building. In 1798, theophilanthropes destroyed what was left of the portal statuary. In 1799, the cathedral is reopened and Bishop Leblanc de Beaulieu sets up a restoration program. The explosion of two powder factories in 1815 destroyed many stained glass windows located in the nave and the ambulatory but those in the chancel (15th century) were spared.
The cathedral had to wait until 1840, the year the building was classified as a Historic Monument, in order to be repaired. The restoration works and the new butterresses for the south transept were executed under the supervision of architect Edouard Corroyer.
As soon as it was consolidated, the cathedral is damaged during the First World War. The first three bays of the nave and the upper section of the tower were completely destroyed. Reconstruction was commissionned to Émile Brunet and was a great success even though the nave, forever deprived of its stained glass windows is now floodlighted with copious light...
The Organ
When the organ was destroyed during the First World War, in 1918, it was an instrument that had been rebuilt by Merklin between 1870 and 1892 while preserving most of the pipework and removing the mutations. Originally, the instrument had been built by Crépin Carlier in 1619. It was then rebuilt in 1690 by Robert Clicquot, restored by Thierry in 1725 and by François-Henri Clicquot in 1766 who used pipework from the cathedral's organ and the one from the St. Jean-des-Vignes Abbey. The instrument was repaired by John Abbey in 1803 and by N. Somer in 1830. Following artillery damage by the Germans, the instrument was repaired by Callinet in 1870.
The building of an organ was commissionned to Victor Gonzalez in 1949. Reknown since the 1930s for his talents as a voicer and his interests for the classic style organ, he was to build his last instrument. It was dedicated in 1956.
Its mechanical action, with a Barker machine, is an exception in the 1950s. Victor Gonzalez is the last one to use this system which will become obsolete after him. The electric stop action allows the use of adjustable combinations and extension stops in the Pedal division (flutes and dispasons). The stop list, prepared by Norbert Dufourcq, is almost anachronic for the era: many 8' stops most probably requested by the titular organist, Canon Henri Doyen, a pupil of Louis Vierne. The voicing is refined and soft as it was the case in the 1930s.
The Soissons organ, far from being innovative, is captive of an already obsolete aesthetic in 1956. It is not an instrument like any other built in that period.
In 1985, the instrument shows signs of fatigue mainly in the electric stop action. A request was made to the Gonzalez firm who concludes that a complete restoration is required. The organ is repaired without restoration. Only a general cleaning was performed.
I. Positif |
II. Grand-Orgue |
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|---|---|---|---|---|
| Montre | 8' | Montre | 16' | |
| Bourdon | 8' | Quintaton | 16' | |
| Flûte creuse | 8' | Montre | 8' | |
| Salicional | 8' | Diapason | 8' | |
| Prestant | 4' | Flûte harmonique | 8' | |
| Flûte douce | 4' | Bourdon | 8' | |
| Nazard | 2 2/3' | Prestant | 4' | |
| Quarte de Nazard | 2' | Flûte à cheminée | 4' | |
| Tierce | 1 3/5' | Quinte | 2 2/3' | |
| Larigot | 1 1/3' | Doublette | 2' | |
| Plein Jeu | III | Fourniture | V | |
| Cymbale | II | Cymbale | IV | |
| Trompette | 8' | Cornet | V | |
| Cromorne | 8' | Bombarde | 16' | |
| Clairon | 4' | Trompette | 8' | |
| Clairon | 4' | |||
III. Récit |
Pédale |
|||
|---|---|---|---|---|
| Bourdon | 16' | Flûte (ext) | 32' | |
| Principal | 8' | Soubasse (ext) | 32' | |
| Flûte harmonique | 8' | Principal | 16' | |
| Gambe | 8' | Flûte | 16' | |
| Voix céleste | 8' | Soubasse | 16' | |
| Cor de nuit | 8' | Principal | 8' | |
| Principal | 4' | Flûte (ext) | 8' | |
| Flûte | 4' | Bourdon (ext) | 8' | |
| Nazard | 2 2/3' | Principal | 4' | |
| Flageolet | 2' | Flûte (ext) | 4' | |
| Tierce | 1 3/5' | Flûte | 2' | |
| Piccolo | 1' | Cornet | IV | |
| Plein Jeu | V | Plein Jeu | V | |
| Cymbale | IV | Bombarde | 16' | |
| Bombarde | 16' | Trompette | 8' | |
| Trompette | 8' | Clairon | 4' | |
| Hautbois | 8' | Clairon | 2' | |
| Régale | 8' | |||
| Clairon | 4' | |||
| Tremblant | ||||