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Boizard, 1714
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L'abbaye bénédictine, comptée parmi l'un des derniers fleurons monastiques du Moyen-âge, a été fondée à la fin du VIIe siècle, sur l'initiative du Ursmer, évêque du Hainaut et de la Thiérache. Il érigea une chapelle en 693 et la plaça sous l'invocation de l'archange Saint-Michel.
En 942, des évangélisateurs écossais arrivèrent en Thiérache et décidèrent de s'y installer. En 945, Raoul, évêque de Laon, signa la charte corroborée par le roi Louis IV, qui leur conféra la propriété de la communauté. Après une visite aux abbayes de Cluny et Gorze, ils décidèrent de joindre l'obédience bénédictine.
L'abbaye fut victime d'un premier grand incendie en 987. Tout au long du XIe siècle, le rayonnement spirituel du monastère s'étendit à toute la Thiérache tandis que se développa son assise temporelle. Devenu évêque de Laon en 1113, Barthelemy de Vir fir restaurer l'abbaye à partir de fonds recueillis en France et en Angleterre. Suite à un deuxième incendie dévastateur vers 1172, l'abbaye fut l'objet d'une grande phase de reconstruction à la fin du XIIe siècle. Pour les trois siècles et demi suivants, l'abbaye resta pratiquement intacte.
En 1297, des troubles apparûrent dans les Frandres lançant des bandes armées dans la Thiérarche, le Vermandois et le Laonnais. L'abbaye assista impuissante à la destruction de ses propriétés et à l'incendie de ses fermes. En 1337, la révolte des Flandres généra la guerre de 100 ans et la Thiérache en sortit dévastée. Puis en 1516, le concordat de Bologne imposa, par le pouvoir royal, un abbé commendataire. Ne pouvant suffire à payer les redevances, les moines décidèrent d'abandonner l'abbaye en 1536. En 1542, l'abbaye est à nouveau pillée et brûlée par les troupes de Charles-Quint; c'était le troisième grand icendie.
La reconstruction de l'abbaye incomba à François de Gilla, le 36e abbé, en 1577. Il fut remplacé, en 1597, par Jean-Baptiste de Mornat. Celui-ci peut être considéré comme le second fondateur de l'abbaye. Il rebâtit l'église et remit à neuf les bâtiments abbatiaux. Durant la guerre de trente ans et jusqu'en 1653, la région a été mis à sac dans des va-et-vient incessants. En 1663, Guy Sève de Rochechouart devint le 43e abbé. Des travaux de réparation furent entrepris, et un nouveau clocher fut installé sous la direction de Calone de Beaupré, architecte de Bucilly.
En 1715, un incendie, provoqué par négligence, ravagea l'abbaye. En 1725, Nicolas de Saulx Tavannes est nommé 44e abbé. Avec une profusion du plus beau marbre, il réalisa le maître-autel, les lambris et les pavés du choeur. Les chapelles latérales furent pourvues, elles aussi, de petits autels en marbre. Les stalles du Val-Saint-Pierre, le monastère chartreux voisin, furent achetées et installées dans le choeur.
En 1789, c'est la Révolution: les privilèges sont abolis, confiscation et mise en vente des biens du clergé, interdiction des voeux de religion. L'abbaye et ses dépendances furent achetées en 1791 pour 10 500F par Jean-Louis Lalouette. Maire de Saint-Michel, il fit don de l'église abbatiale à la commune. Il revendit le reste des bâtiments dont la monastère à Jacques Millet qui y installa une verrerie qu'il confia à Pierre Desmasures. Il sauva ainsi l'abbaye en prévenant le pillage et la démolition. Il faut noter que huit moines restèrent au monastère et ce, avec la permission du propriétaire. En 1792, l'église abbatiale fut vidée et en 1793, les cloches furent descendues et transportées à Vervins pour être fondues.
Dès 1802, grâce au Concordat, l'église abbatiale put à nouveau ouvrir sa porte aux fidèles. Quant à l'abbaye elle-même elle fut utilisée à différentes fins. Pendant les deux guerres mondiales, l'abbaye n'a pas subi de destruction majeure. Seules les cloches ont été, une fois de plus, fondues par l'armée allemande.
En 1971, un gigantesque incendie enflamma à nouveau l'église et les bâtiments. La chaleur fit à nouveau fondre les cloches, les charpentes se sont effondrées, entraînant la destruction d'un superbe escalier monumental, l'aile sud fut ravagée... Sous l'impulsion de Maurice Brugnon et Jean-Luc Caillot, un long travail de reconstruction et de restauration recommença à partir de 1981, et de nouvelles cloches ont été inaugurées le 18 décembre 1999.
L'église, appartenant à la commune, avait été classée « monument historique » dès 1837 et inscrite à l'inventaire supplémentaire des monuments historiques de 1927. Le cloître, les façades, comme les toitures des bâtiments n'ont été classées qu'en 1951.
L'orgue
L'instrument construit en 1714, pour la somme de 3,800F, par Jean Boizard, facteur établi à Sedan, doit aujourd'hui la conservation de sa tuyauterie d'origine à de miraculeuses circonstances: il échappe aux incendies de 1715 et, récemment, de 1971, tandis que la vente de l'abbaye et de toutes ses dépendances à Jean-Louis Lalouette, le 4 mai 1791, le préserve des épisodes révolutionnaires; il est encore épargné par la première guerre mondiale et les procédures de réquisition de métal. Il fait l'objet d'un relevage complet confié au facteur Renault, de Signy-le-Petit, en 1885, et c'est en 1919 que l'historien Félix Raugel attire l'attention sur son existence.
Classé « monument historique » en 1950, l'orgue est démonté avant le sinistre de 1971 pour être entreposé dans les ateliers des facteurs Haerpfer et Herman. Cette firme est chargée, en 1980, de la restauration complète à l'identique dont l'achèvement est marqué le 24 septembre 1983 par le récital d'inauguration d'André Isoir. La composition des jeux est celle de 1714 et le ton d'origine (un ton au-dessous du diapason actuel) a été conservé, tandis que le tempérament adopté à l'occasion de cette première restauration est celui de Lambert Chaumont en 1695 dans son « livre d'orgue » (6 tierces justes et 2 quintes du loup). Ces caractéristiques rendent l'instrument familier de la littérature française classique des 17e et 18e siècles.
En 1990, le facteur Georg Westenfelder est désigné pour assurer la maintenance de l'instrument et pour compléter les interventions précédentes. Il procède, en 1992, au remplacement des claviers, avant d'être mandaté en 1996 pour restituer une soufflerie cunéiforme et pour entreprendre une révision totale de la tuyauterie ancienne dans la perspective de sa conservation. Le tempérament retenu désormais est celui de Rameau (ut). Ces travaux achevés en juin 1997 favorisent aujourd'hui un nouveau rayonnement de ce grand huit-pieds en montre de 31 jeux, avec positif séparé de quatre pieds.
Jean-Michel Verneiges
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The Benediction anney, ranked among one of the last Middle Ages monastic jewels, was founded at the end of the 7th century, upon the initiave of Ursmer, bishop of Hainaut and Thierache. A chapel dedicated to St. Michael was built in 693.
In 942, Scottish evangelists arrived in Thierache and decided to settle in. In 945, Raoul, bishop of Laon, signed a charter corroborated by King Louis IV, giving them ownership. After a visit to Cluny and Gorze abbeys, they decided to joing the Benedictine rule.
The abbey was damaged by a first fire in 987. All along the 11th century, the abbey's spiritual influence spreaded all over Thierache while its temporal implementation increased. When Barthelemy de Vir became bishop of Laon in 1113, he restored the abbey from funds collected in France and England. Following a second devastating fire around 1172, the abbey was the subject of a large rebuilding project at the end of the 12th century. For three and a half centuries, the abbey remained virtually intact.
In 1297, toubles appeared in Flanders let out armies in Thierache, Vermandois and Laon. The abbey was powerless when its properties were destroyed and its farmhouses were set on fire. In 1337, the revolt in Flanders led the way to the Hundred Years War from which Thierache would come out devastated. Then in 1516, the Bologna Concordat imposed, by royal power, the appointment of a commendatory abbot. Not being able to pay its taxes, monks decided to leave the abbey in 1536. In 1542, the abbey is again looted and burnt down by Charles-Quint's troops; it was the third large fire.
François de Gilla, 36th abbot, began the rebuilding in 1577. He was replaced, in 1597, by Jean-Baptiste de Mornat. He may be considered as the abbey's second founder. He rebuilt the church and restored the abbey buildings. During the Thirty Years War and until 1653, the region was ransacked by incessant comings and goings. In 1663, Guy Sève de Rochechouart became the 43rd abbot. Under the supervision of Calone de Beaupré, architect from Bucilly, repair works were carried out and a new bell tower was istalled.
In 1715, a fire, induced by degligence, damaged the abbey. In 1725, Nicolas de Saulx Tavannes is appointed 44th abbot. The high altar, casings and the chancel's pavement are built with plenty of the most beautiful marble. Lateral chapels are also endowed with marble altars. The stalls from Val-St.-Pierre, the neighbouring Carthusian abbey, are purchased and installed in the chancel.
In 1789, it is the Revolution: privileges are abolished, religious properties are confiscated and sold, religious vows are forbidden. The abbey and its outbuildings were purchased for 10,500F, in 1791, by Jean-Louis Lalouette. Mayor of St. Michel, he gave back the church to the community. He sold the other buildings among which the monastery to Jacques Millet who installed a glassworks under the direction of Pierre Desmasures. They way he saved the abbey from looting and demolition. With the owner's permission, eight monks stayed and lived in the monastery. In 1792, the abbey church was emptied out and, in 1793, the bells were sent to Vervins to be melted down.
In 1802, thanks to the Concordat, the abbey church is returned to its original mission. They abbey itself is used for various purposes. During the two World Wars, the abbey did not suffer major destruction. Only the bells were, once again, melted by the German army.
In 1971, a large fire destroyed the church and the surrounding buildings. The heat was so intense that bells were again melted, the structure collapsed destroying a magnificent monumental staircase, the south wing was damaged... Upon the impetus from Maurice Brugnon and Jean-Luc Caillot, long reconstruction and restoration works were carried out starting in 1981. New bells were inaugurated on December 18, 1999.
The church, being the commune's property, has been classified as an "historical monument" in 1837 and again in the additional inventory of historical monuments in 1927. The cloister, the façade and the roof were classified only in 1951.
The organ
The instrument, built in 1714 at a cost of 3,800F by Jean Boizard, organbuilder from Sedan, owes the conservation of its original pipework to miraculous circumstances: it eluded fires both in 1715 and recently, in 1971 while the sale of the abbey and all its outbuildings to Jean-Louis Lalouette, on May 4, 1791, protected it from revolutionnary actions; it was again spared during the Frist World War and the metal requisition. A complete restoration was carried out in 1885 by organbuilder Renault, from Signy-le-Petit, and in 1919, historian Félix Raugel pointed out the existence of this instrument.
Classified "historical monument" in 1950, the organ was dismantled before the 1971 fire to be stored in the workshops of organbuilders Haerpfer and Herman. This firm was commissionned, in 1980, to completely restore the instrument to identical. The restored instrument was inaugurated on September 24, 1983 by a recital played by André Isoir. The stoplist is the one from 1714 and the original diapason (one note below the actual diapason) was preserved while the adopted temperament for this first restoration was the one of Lambert Chaumont in 1695 in his "organ book" (6 pure thirds and 2 wolf quints). The features make the instrument familiar with classic 17th and 18th-century French repertoire.
In 1990, organbuilder Georg Westenfelder is commissionned to carry out the maintenance of the instrument and to complete earlier interventions. In 1992, he replaced the keyboards and, in 1996, he reconstructed the cuneiform bellows before undertaking the complete revision of the old pipework in the perspective of conservation. The new retained temperament is Rameau's (C). These works, completed in June 1997, furthers the new influence of this large 8-foot 31-stop instrument with a separated 4-foot Positif.
.Jean-Michel Verneiges
II. Grand Orgue |
I. Positif |
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Bourdon | 16' | Bourdon | 8' | |
Montre | 8' | Flûte allemande | 8' | |
Bourdon | 8' | Montre | 4' | |
Prestant | 4' | Nasard | 3' | |
Flûte | 4' | Doublette | 2' | |
Quinte | 3' | Tierce | 1 3/5' | |
Doublette | 2' | Larigot | 1 1/3' | |
Quarte de nasard | 2' | Fourniture | III | |
Tierce | 1 3/5' | Cymbale | II | |
Fourniture | IV | Cromhorme | 8' | |
Cymbale | III | |||
Grand Cornet | V | |||
Trompette | 8' | |||
Voix humaine | 8' | |||
Clairon | 4' |
III. Récit |
IV. Écho |
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Cornet | V | Cornet | V |
Pédale |
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Flûte | 8' |
Flûte | 4' |
Trompette | 8' |
Clairon | 4' |