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Louis XIV (1638-1715) commande à Jules Hardouin-Mansart (1646-1708) une chapelle pour le château de Versailles. Elle est la dernière commande réalisée du vivant de Louis XIV et Hardouin-Mansart rompt avec l’aspect solennel de la galerie des Glaces en concevant sa dernière réalisation.
La chapelle royale du château de Versailles se situe près de l’angle que forment l’aile du Grand Appartement du Roi et l’aile nord. Quatre projets précèdent la chapelle royale actuelle. Ceux-ci, plus ou moins aboutis et oubliés au gré des transformations architecturales du château, sont réalisés à divers emplacements du palais. Afin de permettre au souverain d’assister depuis la tribune du premier étage aux cérémonies du culte, toutes les chapelles successives sont conçues à deux niveaux. La chapelle actuelle est achevée et bénite en 1710, après un chantier qui dure de nombreuses années, une première ébauche du projet datant en effet de 1687. La chapelle est le lieu dans lequel se déroulent les activités quotidiennes de la cour lors de l’Ancien Régime.
Historique
La première chapelle date de 1663, au temps de Louis XIII (1601-1643). Elle est exiguë (un carré d'environ 5 mètres / 16 pieds de côté) et occupe les deux niveaux au nord-est du pavillon décroché à l’emplacement de l’actuel cabinet doré de madame Adélaïde. En 1669, les travaux d'agrandissement menés par Louis Le Vau (1612-1670) sont l'occasion de concevoir une nouvelle chapelle à l'extrémité sud-est du nouveau palais, à l’emplacement de l’actuelle salle des Gardes de la Reine. Au rez-de-chaussée existe un espace réservé aux effectifs musicaux. Le nombre de cérémonies ayant lieu dans la chapelle étant toujours en croissance et les dimensions de celle-ci étant toujours relativement restreintes (un carré d'environ 7 mètres / 23 pieds de côté) amènent la décision d'aménager une nouvelle chapelle.
Deux ans plus tard, en 1672, une plus vaste chapelle (un rectangle d'environ 18 mètres sur 13 mètres / 59 pieds sur 42,7 pieds) est aménagée à l’emplacement de l’actuelle salle dite du Sacre. Elle est bénite le 3 novembre 1672. Elle est conçue selon un plan rectangulaire et, au premier étage, une balustrade prolonge la tribune du roi sur les trois autres côtés. Les musiciens sont installés au même niveau que le souverain, dans un espace aménagé à l’est de l’édifice et pour lequel un orgue de grande taille, à deux buffets, est commandé en 1679. Sur le mur sud, un important retable dessiné par Charles Le Brun (1619-1690) relie les deux niveaux et assure un lien avec la voûte. Un projet spectaculaire est prévu pour la voûte, comme en témoigne une maquette de Le Brun de 1675. D'un seul tenant, elle représente « Dieu le Père dans sa gloire » du côté de l’autel et, à l’opposé, mais sans solution de continuité, « Saint Michel terrassant les anges rebelles ». Ce projet est proche des formules mises en œuvre au même moment à la voûte du Gesù par Giovanni Battista Gaulli (1639-1709); on trouve le même traitement des masses de figures, de la lumière et des nuées pour creuser l’espace. Cette voûte, d’un genre nouveau, est unique en France. Une ordonnance de pilastres et de colonnes se développe au premier étage.
En 1682, la Cour et le gouvernement s'installent à Versailles. Le projet de Charles Le Brun est alors abandonné. L'aile du sud est construite et la chapelle se fixe à un emplacement provisoire au nord, contre la grotte de Téthys. Elle reprend le plan barlong du sanctuaire de 1672, le principe du double niveau, mais on observe une nette régression par rapport à la formule précédente. Le projet est plus sobre, le décor intérieur concentré essentiellement sur le retable - encadré par deux anges de Noël Jouvenet (connu de 1670 à 1711) - et les curieux piliers de la tribune, deux termes angéliques supportant une architrave. Elle est bénite le 30 avril 1682. Une grande croix est placée au sommet de la toiture, désignant la fonction du lieu. L’espace alloué aux musiciens, dans la tribune du premier étage, est pleinement intégré à la chapelle. Au rez-de-chaussée sont placés deux autels secondaires, l'un dédié à saint Louis, le second à sainte Thérèse, saints patrons du couple royal. Un troisième autel est installé à la tribune, orné d’un tableau de Pierre de Cortone provenant des collections royales. À cette même occasion, une desserte permanente de la chapelle royale est instituée. Louis XIV la confie à aux Lazaristes qui sont logés au château. L’édifice, lieu de prière désormais perpétuelle, doit combiner les caractères d’une fondation royale à ceux d’une chapelle palatine. Conçue comme provisoire, la chapelle de 1682 est utilisée pendant 28 ans; de ce fait, elle constitue l’édifice le plus fréquenté par Louis XIV. Elle est détruite en 1711.
La chapelle de 1682 est richement pourvue en vases sacrés, ornements et livres liturgiques. Ces trésors ont presque entièrement disparu, à l’exception d’un graduel et antiphonaire, somptueux recueil manuscrit et enluminé réalisé en 1686 par l’atelier des Invalides, ainsi qu’un ensemble de grands livres de plain-chant, exécutés entre 1701 et 1703 par le copiste André Danican Philidor (v1647-1730).
Un premier projet d’une chapelle définitive de plan centré, au milieu de l’aile du nord, est formulé en 1679 et mis en chantier à la fin de l’année 1684. Il rappelle celui de François Mansart (1598-1666) pour la rotonde funéraire des Bourbons à Saint-Denis, mais plus encore le dôme des Invalides, autre fondation royale confiée aux Lazaristes. D’inspiration nettement ultramontaine, évoquant une fonction funéraire, le dôme versaillais constitue une innovation trop radicale pour être acceptée. Ce morceau d’architecture autonome et d’une écrasante hauteur aurait incontestablement perturbé l’équilibre du nouveau Versailles qui s’édifie. Un des traits les plus significatifs du projet est l'emploi intensif des marbres qui donnent au monument un caractère nettement polychrome. Le chantier est abandonné en 1687 et détruit en 1689, mais il laisse toutefois une trace dans la topographie du palais, le corps de logis séparant les deux cours de l’aile du nord, d’une largeur inhabituelle, ayant été construit sur les fondations de cette chapelle.
L’emplacement définitif de la chapelle est trouvé en 1687 et se situe non loin de la chapelle de 1682. Jules Hardouin-Mansart conçoit plusieurs projets pour la chapelle qui a doubles fonctions : une chapelle oratoire qui est dépendante des appartements du château et une chapelle palatine en ce qu'elle est privée et réservée au roi. La chapelle doit servir aux messes quotidiennes, aux cérémonies familiales et officielles. Ainsi, Hardouin-Mansart répartit les fidèles en trois espaces : la tribune principale au-dessus de l'entrée est réservée au roi et à sa famille; les tribunes latérales accueillent les princes royaux et les principaux dignitaires de la cour; et le niveau inférieur est, en temps ordinaire, là où les fidèles prennent place. Le nouvel édifice reprend le principe d'un plan barlong avec, à l'intérieur, des tribunes sur trois côtés et, face à l'autel, la tribune du roi. Le plan est basilical à trois vaisseaux sans transept et la nef est flanquée de chapelles et précédée de deux vestibules superposés. La chapelle est d’abord conçue pour ne pas excéder la hauteur des toitures du reste du palais. Mais dès janvier 1689, l’édifice est nettement plus élevé. Le chantier de la chapelle est interrompu à la fin de l'année 1689, et ce, pour une période de dix ans. Cet arrêt est probablement dû à l’effort financier réclamé par la guerre de la Ligue d’Augsbourg. Le chantier n'est pas repris à la faveur du retour de la paix en 1697, mais il faut attendre l'accession de Hardouin-Mansart à la Surintendance des bâtiments en 1699.
Assumant les fonctions de surintendant de ses propres bâtiments après la mort d’Hardouin-Mansart, en mai 1708, Louis XIV, assisté de Robert de Cotte (1656-1735), mène à terme, en deux années, le chantier architectural de la chapelle, ainsi que l’essentiel du décor peint et sculpté et du mobilier. Les fondations de l'édifice, entreprises en 1687, peuvent être réutilisées, mais les murs déjà construits au-dessus du sol sont arasés, en février et mars 1699, par l'entrepreneur Gérard Marcou, celui-là même qui les a édifiés. Le 17 juillet 1699, un contrat est signé avec les entrepreneurs Pierre Thévenot, Jacques Mazière et Gérard Marcou pour réutiliser les pierres provenant de la destruction des murs de la chapelle pour compléter les fondations du chevet, de réaliser celles du bâtiment hors oeuvre ainsi que d'édifier les murs du rez-de-chaussée jusqu'à la corniche. Ces travaux doivent être achevés en octobre 1699. Le 18 septembre 1700, un second contrat avec les mêmes entrepreneurs concerne le niveau de la tribune et les voûtes, travaux prévus pour être achevés respectivement en 1701 et 1702. Toutefois, des restrictions budgétaires effectuées entre 1700 et 1705 entraînent inévitablement des retards. La toiture, le lanternon et les 28 statues sont réalisés entre 1707 et 1710. Les verrières sont installées entre 1707 et 1709. Le 5 juin 1710, la chapelle royale est bénite par le cardinal Louis-Antoine de Noailles (1651-1729), archevêque (1695-1729) de Paris.
Architecture extérieure
Le plan extérieur de l’édifice, sa situation dégagée, la hauteur du bâtiment, ses arcs-boutants, ses gargouilles, sa toiture et son lanternon sont autant d'éléments qui font référence à l’architecture palatine. La chapelle est d’abord conçue pour ne pas excéder la hauteur des toitures du reste du palais. Mais devant le soutien et l'intérêt de ses confrères de l'Académie d'architecture d'un projet dont le toit est plus élevé, Hardouin-Mansart continue dans cette voie et exhausse le bâtiment. Le faîte de la toiture de la chapelle s’élève à 38 mètres (124,7 pieds); 43 mètres (141 pieds) depuis la cour basse de la chapelle. La toiture est ornée de motifs, reliefs et rondes-bosses en plomb, jadis dorés; ils sont exécutés par les artistes ayant œuvré au lanternon. Sur le faîte de la toiture, Guillaume Coustou et Pierre Lepautre réalisent, entre 1707 et 1710 avec la participation des sculpteurs Philippe Bertrand, René Frémin, Robert Le Lorrain et Jean (ou Jean-Melchior) Raon, deux groupes de trois anges en plomb. Ces anges, à l'origine dorés, mesurent 210 cm. (7 pieds) de hauteur. La dorure est réalisée par Guillaume Desauziers.
À partir de 1705, un lanternon de près de 12 mètres (39 pieds) de haut, surmonté d’une croix, surmonte l’édifice. Réalisé par Nicolas Berja, Jean Dedieu, Jean François, Jean de Lapierre, Pierre Lepautre, Offement, Claude Poirier, Jean Poultier, Jean Voiriot et Jean Hardy, il est composé d'une balustrade d'entrelacs et de huit colonnes de bois gainé de plomb à chapiteaux composites, têtes de chérubins et festons de fleurs aux archivoltes, couronné de huit consoles et fleurons surmontés de feuilles d'eau, d'un tore de feuilles d'acanthe et d'une croix posée sur un globe fleurdelysé. Ce lanternon est détruit en 1765.
En 1705, 28 statues d’apôtres et évangélistes, pères de l’Église et allégorie des vertus catholiques sont disposées sur la balustrade extérieure. Elles sont exécutées par Guillaume Coustou, Philippe Magnier, Jean-Baptiste Théodon, Claude Poirier, Pierre Lepautre, Corneille van Clève, Jean Poultier, Simon Hurtelle, Anselme Flamen, Jean-Louis Lemoyne, Jean de la Pierre, Pierre Bourdict, Sébastien Slodtz, Pierre Granier, Robert le Lorrain, et François Barois.
Architecture intérieure
Une ordonnance de colonnes est créée au premier étage de la chapelle, s’intégrant dans ce processus d’exhaussement de l’édifice, auquel elle apporte légèreté et solidité. Au rez-de-chaussée, en revanche, des piliers sont employés. Dans un premier temps, il était prévu de recouvrir les parois intérieures de parements de marbre, mais cette idée est abandonnée, sans doute par suite de l’évolution du goût royal. Les parois sont revêtues de pierre de liais provenant essentiellement des carrières de Saint-Leu-d’Esserent. Probablement conçu pour répondre à la polychromie des voûtes, le pavement de marbre est entrepris en mars 1708, selon un schéma qui semble refléter celui d’une voûte encore soutenue par des arcs doubleaux : une trame orthonormée définie par des bandes noires soutenues de blanc, dans laquelle prennent place des compartiments de formes géométriques répartis symétriquement. La balustrade de la tribune, initialement prévue en marbre, est pourvue de balustres de bronze doré posés sur des plinthes et soutenant des mains courantes réalisées en marbre de Serravezza. Au même niveau, deux logettes ou lanternes sont ajoutées de part et d’autre de la tribune royale.
Le parachèvement de la chapelle royale occupe, entre 1708 et 1710, les meilleurs artistes du XVIIIe siècle naissant, qui traduisent en pierre et en peinture un complexe programme iconographique et élèvent la chapelle au rang de sanctuaire du grand décor. Sur le budget total de la chapelle s'élevant à deux millions et demi, près d'un million est affecté au décor peint et sculpté. Au niveau des peintures, quatre fenêtres hautes et des arcs doubleaux sont supprimés afin d’obtenir un vaste espace unifié qui puisse recevoir une voûte peinte. Les travaux débutent à l’automne 1708. La grande voûte est d’abord confiée à Charles de la Fosse (1636-1716), choisi par Louis XIV. Mais après le décès de son protecteur Jules Hardouin-Mansart, il doit se limiter à « la Résurrection », dans le cul-de-four de l’abside. Jean Jouvenet (1644-1717) réalise « La Pentecôte », au-dessus de la tribune du roi, dont la composition est structurée par des architectures fictives. La partie centrale de la voûte est confiée à Antoine Coypel (1661-1722), figure émergente de la peinture française. Il réalise un édifice imaginaire, percé de trois ouvertures vers le ciel. Au centre est représenté « Dieu le Père dans sa gloire », de part et d'autre sont figurés des anges portant les instruments de la Passion. La réalisation des douze apôtres est confiée aux frères Bon (1649-1717) et Louis (1654-1733) de Boullogne. Ils peignent aussi un concert d’anges dans l’axe de la chapelle, au-dessus du buffet d’orgue.
Dans le décor de la chapelle, la sculpture s'affirme au service de l'architecture. Ainsi en est-il des chapiteaux corinthiens de la colonnade, élaborés dès 1699 d'après un modèle antique. Jean de Lapierre (16..-17..) réalise, pour la tribune de la musique en 1708, des trophées d'instruments de musique surmontés de reliefs d'enfants musiciens. Dans la nef commencée aussi en 1708, chaque pilier est orné d'un relief évoquant un épisode de la Passion. François-Antoine Vassé (1681-1736) réalise, en 1708, huit trophées pour les piliers de la chapelle.
Du mobilier d'inspiration rocaille ne reste que les autels et l'orgue, conçus spécialement pour l'édifice et devenus immeubles par destination. À l'origine, figuraient aussi des stalles, une chaire, des confessionnaux et le mobilier à l'usage du roi et de sa famille. Le maître autel est placé dans l'arcade du sanctuaire, entièrement occultée par la gloire du retable. L'ensemble est réalisé en bronze doré par Corneille van Clève (1645-1732) en 1709 et 1710. Le bas-relief de « La Déploration du Christ mort », chef-d'œuvre de l'art du bronze français, est placé en antependium. Il constitue en quelque sorte l'aboutissement du cycle de la Passion sculpté aux piliers de la nef et du sanctuaire. Des neuf autels secondaires, quatre sont surmontés de retables peints. Sur l'autel de la Vierge, à l'étage de la tribune, est placée « L'Annonciation » de Louis de Boullogne. Jean Jouvenet réalise le tableau de « Saint Louis priant pour les blessés et les faisant assister après une bataille » pour la chapelle Saint-Louis. Pour les autres autels, seuls des reliefs de bronze sont prévus. Ils sont réalisés seulement sous le règne de Louis XV (1710-1774). Nicolas-Sébastien Adam (1705-1773) réalise « Le Martyre de sainte Victoire », et Edmé Bouchardon (1698-1762) « Saint Charles Borromée demandant à Dieu la cessation de la peste de Milan ».
L'orgue
En 1679, Louis XIV commande d'un orgue à deux corps séparés (Grand-Orgue et Positif de dos) à Étienne Enocq/Hénocq (?-1682). L'orgue est construit en atelier, mais les plans définitifs de la chapelle royale contraignent Robert Clicquot (1645-1719), son successeur, à tout recommencer en 1708, car l'architecte Robert de Cotte a prévu un buffet à un seul corps. Clicquot reprend la composition de base prévue, mais ne peut, faute de place, y envisager les quatre jeux « de transport » prévus. Ces « jeux de transport » sont ce qu'on appelle maintenant des « jeux transpositeurs », accordés au ton de chambre, un demi-ton plus haut que le ton de chapelle. Le tempérament inégal oblige à réaliser des jeux différents, une simple transposition mécanique étant non envisageable. De fait, cet orgue est directement accordé au ton de « Cour ». Le ton de cour est imposé par Louis XIV afin d'unifier et de permettre le jeu des instruments avec les orgues.
Au prix de l’occultation de la fenêtre axiale, la place du buffet d’orgue est définitivement trouvée : tout en reprenant une idée formulée par le Bernin (Gian Lorenzo Bernini, 1598-1680) pour la chapelle du Louvre, cette solution assez audacieuse traduit assurément le prestige de la musique de la chapelle. Normalement placé au-dessus de l'entrée, l'orgue est ici exceptionnellement au-dessus de l'autel auquel les courtisans tournent le dos pour faire face au roi, dont le prie-Dieu occupe la place traditionnellement réservée aux orgues : au premier étage, face à l'autel.
Inauguré en même temps que la chapelle, le grand orgue est un grand huit pieds avec Bourdon de 16' dans la plus belle tradition française. Ce nouvel orgue est réalisé par Robert Clicquot et Julien Tribuot (1663-1722) et est achevé le 15 avril 1711. Clicquot reçoit 11 120 livres et Tribuot 6 080 livres. Il comprend 30 jeux répartis sur quatre claviers (Grand-Orgue et Positif 48 notes sans premier do #, Récit 25 notes et Écho 32 notes) et pédalier (30 notes). Il est inauguré par François Couperin (1668-1733). De couleur blanche et or, le buffet d'orgue, conçu par Robert de Cotte en 1710 d'après des esquisses de Philippe Bertrand (1664-1724) datant de 1708, et sculpté par une équipe de sculpteurs ornemanistes de grand talent : Martin Belan, Robert de Lalande, André Legoupil et Pierre Taupin, tous placés sous la direction de Jules Degoullons (16..-17..), prolonge le retable du maître autel et assure un lien avec la « Résurrection du Christ » peinte à la voûte par Charles de La Fosse. Il voit aussi apparaître, aux angles, deux motifs de palmiers aux chérubins joufflus autour d'un bas-relief représentant le « roi David jouant de la harpe ». L'absence d'un buffet distinct pour le Positif de dos est aussi surprenante. Le buffet seul est classé au titre « d'objet » par les Monuments historiques, dans la liste de 1862, celle-là même qui officialise la protection du domaine de Versailles.
L'orgue souffre beaucoup au cours de son histoire : du fait même de son emplacement, il doit être relevé à plusieurs reprises au cours du XVIIIe siècle par les descendants de Robert Clicquot. En 1736, son fils, Louis-Alexandre (?1684-1760), refait entièrement l'orgue, ajoute un troisième jeu à la Pédale et, sans doute, la Grande Tierce 3 1/5'. Les claviers comportent 50 notes, sans premier ut#. Son petit-fils, François-Henri (1732-1790), effectue un relevage en 1762-63. Il supprime le Bourdon 16' du Grand-Orgue dont il se sert des basses pour faire une Montre 16'. Il remplace la Trompette du Récit par un Hautbois, supprime le Larigot du Positif et y ajoute une Trompette, et supprime le Cornet de l'Écho qu'il remplace par une Flûte et une Trompette.
À la Révolution, l'orgue a failli être vendu, mais sans son buffet. Il est sauvé grâce à l'intervention de Jean-Louis Bêche (1731-1800), un ancien musicien de la Chapelle royale, et du facteur Jean-Antoine Somer (1740-1830).
Pierre-François (1764-1833) et Louis-Paul (1797-1875) Dallery sont chargés de son entretien durant la première moitié du XIXe siècle. En 1817, Louis-Paul Dallery effectue des réparations et en profite pour reconstituer, en carton, les emblèmes royaux qui avaient été supprimés en 1794. Il refait la façade, très abîmée, avec le métal de refonte, supprime le Plein-Jeu du Grand-Orgue qu'il remplace par un Dessus de Flûte à partir des tuyaux récupérés. Il ajoute une Flûte au Récit. On ne sait pas grand-chose des 50 années qui suivirent, sauf que les mutations simples et les mixtures du Grand-Orgue ont été supprimées, d'autres jeux déplacés et de nombreux jeux de flûtes ajoutés. L'orgue est sous la responsabilité de John Abbey (1843-1930). En 1855, un inventaire mentionne 26 jeux répartis sur quatre claviers (Grand-Orgue et Positif 50 notes, Récit et Écho 34 notes) et pédalier (23 notes).
Le 14 février 1872, Aristide Cavaillé-Coll (1811-1899) signe un contrat de 27 000 francs pour la reconstruction de la partie instrumentale de l'orgue. Il conçoit alors un orgue romantique pleinement adapté aux exigences esthétiques du moment. L'instrument possède 23 jeux répartis sur deux claviers (Grand-Orgue 54 notes, Récit expressif 54 notes) et pédale (30 notes). Il conserve de l'ancien instrument la façade, les 36 basses de Bourdon, un Plein-Jeu et une Doublette incomplète; 13 jeux sont entièrement neufs, 7 vieux jeux sont complètement rénovés et 3 autres sont réparés. Il excède les termes du contrat en ajoutant trois pédales de combinaison aux six déjà prévues. Les sommiers du Grand-Orgue et du Récit sont reconstruits avec deux layes. Un nouveau sommier est construit pour les deux nouveaux jeux d'anches de la pédale. Une machine Barker est installée. L'expression affecte la division du Récit ainsi que les deux jeux d'anches de la pédale. Le buffet est scrupuleusement respecté, mais une console détachée est installée en face du buffet cachant ainsi le bas-relief du roi David. Deux des claviers retirés de la console en fenêtre vont orner l'orgue du « Dauphin » de l'église Saint-Sulpice à la demande de Charles-Marie Widor (1844-1937). L'instrument est achevé le 6 février 1873 et reçu par un comité formé d'Ambroise Thomas (1811-1896), Charles-Auguste Quesnel, Camille Saint-Saëns (1835-1921), Charles-Marie Widor, et des organistes Henri Lambert et Émile Renaud. L'orgue a été inauguré le 21 février 1873 par Camille Saint-Saëns, Charles-Marie-Widor, Henri Lambert et Émile Renaud.
Le 20 mai 1878, Aristide Cavaillé-Coll est chargé de relever et d'accorder l'orgue à la suite de travaux de restauration exécutés dans la chapelle. Toute la tuyauterie et tous les sommiers sont vérifiés, nettoyés et réparés de même que le système de traction des claviers et des jeux. Les travaux, au coût de 1 200 francs, sont achevés le 18 janvier 1879 et sont reçus le 27 janvier suivant.
En 1933, cet orgue ne parle plus guère. En 1936, à l'initiative de Norbert Dufourcq (1904-1990), la Commission des Orgues décide de reconstituer le « Clicquot » et commande, en 1937, un nouvel orgue, dans le goût néo-classique, à Victor Gonzalez (1877-1956) pour remplacer le Cavaillé-Coll, et ce, malgré l'opposition de Widor qui aurait préféré conserver le Cavaillé-Coll qui sera alors transféré au petit séminaire de Châteaugiron sur proposition du chanoine Georges Inry et de l'abbé Yves Legrand. Cet orgue fera l'objet d'un relevage par les facteurs Wolff, Chéron et Sévère en 1966 avant d'être transféré, lors de la fermeture du petit séminaire, à l'église Saint-Martin, de Rennes, par le facteur Yves Sévère (1929-2004) où il fera l'objet d'un nouveau relevage en 1999 par le facteur Alain Léon.
Le cahier de charges pour le nouvel orgue soumis aux facteurs soumissionnaires comporte les éléments suivants:
L'appel d'offres est lancé au printemps 1934 et l'adjuration à Victor Gonzalez a lieu le 30 septembre 1935 et approuvée le 6 mai 1936. Le coût des travaux est estimé à 216 000 francs et les travaux de fabrication débutent le 10 juin 1936. Malheureusement, la fin des travaux coïncide avec l'Exposition internationale à l'occasion de laquelle Gonzalez est appelé à remonter et augmenter l'orgue du Palais de Chaillot. Les travaux sur l'orgue de la chapelle sont ralentis. L'orgue est mis en fonction en 1938, mais son inauguration, prévue pour 1939, n'a jamais lieu à cause du déclenchement de la Deuxième Guerre mondiale.
Le nouvel orgue Gonzalez, dont la composition des jeux est convenable, ne correspond pas à un instrument de facture ancienne en plus d'être inadapté aux dimensions et à l'acoustique du lieu tant au niveau des matériaux (métal non martelé), des tailles (trop larges dans les basses et étroites dans les aigus) qu'au niveau du vent (pression très basse), etc. En 1989, jugé pas assez authentique, l'orgue Gonzalez est démonté et une reconstitution scrupuleuse à la manière de Clicquot, soit un retour à l'orgue de 1710 avec ses transformations de 1736 et de 1762, est confiée par Jean-Loup Boisseau et Bertrand Cattiaux en 1994.
Les sommiers sont à gravures alternées pour le Grand-Orgue et le Positif, principe certainement mis au point par Robert Clicquot pour suppléer à l'absence de Positif de dos. Les autres plans sonores sont disposés tout à fait traditionnellement : Récit dans la tourelle centrale au-dessus des sommiers du Grand-Orgue et du Positif. La Pédale est placée de chaque côté perpendiculairement à la façade. Enfin, l'Écho est dans le soubassement au-dessus des claviers. La mécanique est suspendue avec balanciers de rattrapage au Grand-Orgue, au Positif et au Récit, celle de l'Écho est à balanciers et celle de la Pédale à abrégés successifs. La console est en fenêtre et les claviers sont refaits sur le modèle des deux subsistant dans l'orgue du Dauphin et sont rétractables afin de permettre la fermeture du grand volet décoré du roi David. La division d'octave en est, d'ailleurs, particulièrement étroite : 154 mm. Le pédalier « à la française » est restitué avec celui de Houdan pour modèle. Des tuyaux qui avaient été retrouvés, seuls quatre rangs de Plein-Jeu intégrés au Grand-Orgue sont conservés, les autres ayant été soit trop transformés, soit détériorés; la tuyauterie actuelle est donc refaite au modèle des Clicquot, Houdan ayant servi d'exemple, et souvent retaillée en raison des problèmes acoustiques de la chapelle. Les métaux sont martelés et rabotés, les mutations simples sont en alliage à 10 % d'étain et de plomb, les premières octaves de trompettes en étain, les tuyaux de bois en chêne.
L’orgue a été inauguré les 18 et 19 novembre 1995 par Michel Chapuis (1930-2017).
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Louis XIV (1638-1715) ordered a chapel to Jules Hardouin-Mansart (1646-1708) for the Versailles castle. It is the last order completed in Louis XIV's lifetime and Hardouin-Mansart broke with the solemn look of the Hall of Mirrors in designing his last work.
The royal chapel in Versailles castle is located near the angle formed by the Kings' Main Apartment and the north wing. Four projects preceded the actual royal chapel. These, roughly completed and forgotten in accordance with the castle's architectural transformations, are located in various locations in the palace. All successive chapels were designed on two levels to allow the king to attend the worship services from the first-floor gallery. The actual chapel was completed and blessed in 1710, following a construction project which lasted several years, the first draft dating back to 1687. The chapel was the place where the court's daily activities took place under the Ancien Régime.
History
The castle's first chapel dates from 1663 in Louis XIII (1601-1643) times. It was small (25 sq. meters / 269 sq. feet) and was located on two floors in the northeast section of a detached pavilion, in the actual madam Adelaide's gold office. In 1669, extension works carried out by Louis Le Vau (1612-1670) included the design of a new chapel to be located at the southeastern end of the new castle, in the actual Queen's Guards Room. On the ground floor, a space was reserved for the musicians. The increase in the number of ceremonies taking place in the chapel and its relatively small dimensions (49 sq meters / 527 sq feet) led to the decision to create a new chapel.
Two years later, in 1672, a larger chapel (an 18-meter by 13-meter / 59-foot by 42.7-foot area) was laid out in the actual Consecration Room. It was blessed on November 3, 1672. It was rectangular with, on the first floor, the king's gallery; this gallery was extended on the three other sides. The musicians were installed on the same level as the king, in a space located on the east side of the building also designed to receive a large two-case organ which was ordered in 1679. On the south wall, an imposing reredos, designed by Charles Le Brun (1619-1690), linking both levels and the vault. A spectacular project was planned for the vault, as confirmed in a 1675 sketch by Le Brun. In a single painting, it showed « God the Father in his glory » on the altar side and, at the other end, without any planned continuity, « St. Michael striking down the rebel angels ». This plan was close to the designs carried out at the same time on the Gesù Church's vault by Giovanni Battista Gaulli (1639-1709); the same use of a large number of figures, of light and of clouds to carve out the space. This new type of vault was unique in France. A series of pilasters and columns were installed on the first floor.
In 1682, the Court and the government were transferred to Versailles. Charles Le Brun's project was then abandoned. The south wing was built and the chapel was temporally installed in the north, against Téthys' cave. It kept the barlong plan of the 1672 sanctuary, the double-floor principle, but with a net regression in comparison with the previous chapel. The project was sober, the interior decor mainly concentrated on the reredos - flanked by two angels by Noël Jouvenet (active between 1670 and 1711) - and the gallery's peculiar pillars, two angels supporting an architrave. It was blessed on April 30, 1682. A large cross was installed at the roof top, showing the building's function. The space allocated to the musicians, in the first-floor gallery, was completely inserted into the chapel. On the ground floor, two secondary altars were installed, one dedicated to St. Louis, the second one to St. Theresa, the royal couple's patron saints. A third altar was installed on the gallery, decorated with a painting by Pierre de Cortone coming from the royal collections. At the same moment, a permanent service was established in the royal chapel. Louis XIV entrusted it to the Lazarists who were lodged in the castle. The building, a place of now perpetual prayer, had to act as a royal foundation and as a palatine chapel. Designed as temporary, the 1862 chapel was used for 28 years; it was the building Louis XIV used the most. It was destroyed in 1711.
The 1682 chapel was richly endowed with sacred vases, ornaments and liturgical books. These treasures are almost entirely lost, except for an illuminated and sumptuously handwritten gradual and antiphonary executed in 1686 by the Invalides workshop, as well as a group of large plainsong books executed between 1701 and 1703 by copyist André Danican Philidor (c1647-1730).
A first design of a final chapel, to be located in the middle of the north wing, was executed in 1679 and construction started at the end of 1684. It recalled the design by François Mansart (1598-1666) for the Bourbons funeral rotunda in Saint-Denis, but even more the Invalides cupola, another royal foundation entrusted to the Lazarists. Of a distinct ultramontane inspiration, recalling a funeral function, the Versailles cupola was too radical to be accepted. This autonomous architecture element and its enormous height would irrefutably have disrupted the equilibrium of new Versailles castle which was being built. One of the project's major characteristic was the intensive use of marble which gave the building a clear polychrome look. The construction site was abandoned in 1687 and destroyed in 1689, but, nevertheless it left a trace in the palace topography, the main building's unusual wideness separating the two north courtyards was built using the foundations of this chapel.
The final site for the chapel was selected in 1687 and is located not very far from the 1682 chapel. Jules Hardouin-Mansart prepared several projects for the chapel which has two functions: an oratorical chapel which depends on the castle apartments and a palatine chapel which is private and reserved for the king. The chapel must be used for daily masses, for family and official ceremonies. So, Hardouin-Mansart divided the area into three groups: the main gallery above the entrance was reserved for the king and for his family; the lateral galleries were for the royal princes and the major court officials; and lower level was, usually, used by the worshippers. The new building retained the barlong plan principle with, inside, galleries on three sides and, facing the altar, the king's gallery. The floor plan is basilical with a three-vessel nave without transepts and flanked by chapels and preceded by two superimposed vestibules. The chapel was first designed not to exceed the roof height of the other buildings. However, from January 1689, the building was distinctly taller. The chapel construction site was interrupted for ten years at the end of 1689. This break was probably owed to the financial effort claimed by the League of Augsbourg War. Work was not resumed when the peace treaty was signed in 1697, but only after Hardouin-Mansart's appointment as Buildings Superintendent in 1699.
Taking the functions of Superintendent of his own buildings after Hardouin-Mansart's death, in May 1708, Louis XIV, assisted by Robert de Cotte (1656-1735), completed, within two years, the structural construction of the chapel, as well as most of the painted and sculpted decor and the furnishings. The building foundations, executed in 1687, were reused, but the already-built walls above the foundations were leveled off, in February and March 1699, by contractor Gérard Marcou who had built them. On July 17, 1699, a contract was signed with contractors Pierre Thévenot, Jacques Mazière and Gérard Marcou to reuse stones coming from the destruction of the walls of the chapel, to complete the foundations of the apse, to build those outside the perimeter as well as to build walls from the ground floor up to the cornice. This work was completed in October 1699. On September 18, 1700, a second contract with the same contractors concerned the galleries and the vaults, to be completed respectively in 1701 and 1702. Nevertheless, budget restrictions between 1700 and 1705 inevitably led to delay. The roofing, the small lantern and the 28 statues were executed between 1707 and 1710. The stained glass windows were installed between 1707 and 1709. On June 5, 1710, the royal chapel was blessed by Louis-Antoine Cardinal de Noailles (1651-1729), archbishop (1695-1729) of Paris.
Exterior Architecture
The exterior plan of the building, its open location, the height of the building, its flying buttresses, its gargoyles, its roofing and its small lantern are elements which refer to the palatine architecture. The chapel was first designed not to exceed the height of adjacent buildings. But support and interest shown by the associates of the Architecture Academy for a project whose roof would be taller led Hardouin-Mansart to go on and raise the building. The chapel's roofing reaches 124.7 feet (38 meters) and 141 feet (43 meters) from the chapel's lower courtyard. The roofing is decorated with designs, reliefs and leaden, formerly gilded, round bosses; they were executed by the same artists who built the small lantern. William Coustou and Pierre Lepautre executed, between 1707 and 1710 with the help from sculptors Philippe Bertrand, René Frémin, Robert Le Lorrain and Jean (or Jean-Melchior) Raon, two groups of three leaden angels on the top of the roofing. These angels, originally gilded, are 7 feet (210 cm.) high. The gilding was executed by Guillaume Desauziers.
From 1705, a 39-foot (12-meter) small lantern, crowned by a cross, topped the building. Executed by Nicolas Berja, Jean Dedieu, Jean François, Jean de Lapierre, Pierre Lepautre, Offement, Claude Poirier, Jean Poultier, Jean Voiriot and Jean Hardy, it included a knotwork balustrade and eight lead-covered wooden columns with composite capitals, cherubs’ heads and flower festoons in the archivolts, crowned with eight consoles and finials topped by water leaves, acanthus leaves torus and a cross installed on a fleur-de-lis globe. This small lantern was destroyed in 1765.
In 1705, 28 statues representing apostles and evangelists, Church fathers and allegories of Catholic virtues were installed on the exterior balustrade. They were executed by Guillaume Coustou, Philippe Magnier, Jean-Baptiste Théodon, Claude Poirier, Pierre Lepautre, Corneille van Clève, Jean Poultier, Simon Hurtelle, Anselme Flamen, Jean-Louis Lemoyne, Jean de la Pierre, Pierre Bourdict, Sébastien Slodtz, Pierre Granier, Robert le Lorrain, and François Barois.
Interior Architecture
A group of columns was created on the first floor of the chapel, integrating itself in the heightening process of the building, bringing lightness and solidity. On the ground floor, pillars were used. At first, it was planned to cover the interior walls with marble, but this idea was abandoned, probably due to the evolution of royal taste. Walls were covered with hard limestone coming mainly from quarries in St. Leu-d'Esserent. Probably designed to match the polychrome vault, the marble paving was executed in March 1708, according to a plan which seemed to reflect the double-arch supported vault: an orthonormal frame defined by deep black and white strips in which geometric shapes are symmetrically apportioned. The gallery balustrade, initially planned to be made of marble, was decorated with golden-bronze balusters installed on plinths and supporting Serravezza marble handrails. On the same level, the two lanterns were added on either side of the royal gallery.
The completion of the royal chapel occupied, between 1708 and 1710, the best artists of the 18th century who created a complex iconographic stone and painting program and raised the chapel to the rank of a grand decor shrine. Out of the complete two and a half million budget for the chapel, nearly a million was assigned to the painted and sculpted decor. To carry out the painting program, four high windows and traverse arches were eliminated to create a large unified space which can receive a painted vault. Work started in autumn 1708. The large vault was first entrusted to Charles de la Fosse (1636-1716) who was selected by Louis XIV. But after the death of his protector, Jules Hardouin-Mansart, he had to limit himself to the "Resurrection", in the apse semi-dome. Jean Jouvenet (1644-1717) executed "The Whitsunday", above the king's gallery, a composition structured by fictitious architectures. The vault's central section was entrusted to Antoine Coypel (1661-1722), a French painting emergent figure. He executed an imaginary architecture with three openings towards the sky. "God the Father in his glory", appears in the center while on either side, angels carrying the instruments of the Passion are portrayed. The twelve apostles were executed by brothers Bon (1649-1717) and Louis (1654-1733) de Boullogne. They also painted a group of angels in the chapel axis, above the organcase.
In the chapel decor, sculpture was used as a service to architecture. The Corinthian capitals of the colonnade were executed in 1699 based on an ancient model. Jean de Lapierre (16..-17..) executed, for the music gallery in 1708, musical instruments trophies crowned by reliefs of children musicians. In the nave whose construction also started in 1708, every pillar is adorned with a relief representing a scene from the Passion. François-Antoine Vassé (1681-1736) executed, in 1708, eight trophies for the chapel pillars.
The altars and the organ are the only remaining elements of the rocaille-inspired furnishings especially designed for the chapel. Originally, there were stalls, a pulpit, confessionals and furniture for the use of the king and his family. The high altar was installed in the sanctuary arcade, entirely eclipsed by the glory of the reredos. It was executed in bronze gold by Corneille van Clève (1645-1732) in 1709 and 1710. The bas-relief of the "Pietà", a French bronze art masterpiece, was installed in the antependium. It is, in a way, the culmination of the Passion cycle sculpted in the nave and sanctuary pillars. Out of the nine secondary altars, four were crowned by painted reredos. At the gallery level of the Virgin altar, the "The Annunciation" by Louis de Boullogne was installed. Jean Jouvenet executed the painting of "St. Louis praying for the injured men and having them assisted after a battle" for the St. Louis chapel. For the other altars, only bronze reliefs were planned. They were executed only under the reign of Louis XV (1710-1774). Nicolas-Sébastien Adam (1705-1773) executed the "Martyrdom of St. Victory" and Edmé Bouchardon (1698-1762) "St. Charles Borromeo asking God for the end of the plague in Milan".
The Organ
In 1679, Louis XIV ordered a two-case organ (main case and back Positif case) to Étienne Enocq/Hénocq (?-1682). The organ was built in his workshop, but the final plans for the royal chapel obliged Robert Clicquot (1645-1719), his successor, to start over in 1708, because architect Robert de Cotte had planned a single-case organ. Clicquot revised the original composition but could not, for lack of space, include four planned "transport" stops. These "transport stops" were what we would call now "transposer stops", tuned to chamber tone, a half tone higher than the chapel tone. Unequal temperament forced the use of different stops because simple mechanical transposition was not possible. This organ was tuned to the "court" tone. The "court" tone was imposed by Louis XIV to standardize and to allow instruments to be used with the organ.
The final location of the organcase was set and the axis window had to be blocked while taking back an idea formulated by Bernin (Gian Lorenzo Bernini, 1598-1680) for the Louvre chapel; this rather audacious decision surely enhanced the prestige of music in the chapel. Normally installed above the entrance, the organ is here unusually above the main altar to which the people turned their back to face up the king whose prie-dieu occupied the organ's traditional location: on the first floor, facing the altar.
Inaugurated at the same time as the chapel, the organ is a large 8-foot instrument with a 16' Bourdon in the finest French tradition. This new organ was built by Robert Clicquot and Julien Tribuot (1663-1722) and was completed on April 15, 1711. Clicquot was paid 11,120 pounds and Tribuot 6,080 pounds. It had 30 stops over four manuals (Grand-Orgue and Positif 48 notes without first C#, Récit 25 notes and Echo 32 notes) and pedal (30 notes). It was inaugurated by François Couperin (1668-1733). The white and gold organcase, designed by Robert de Cotte in 1710 following 1708 drafts by Philippe Bertrand (1664-1724) and sculpted by a team of renown sculptors: Martin Belan, Robert de Lalande, André Legoupil and Pierre Taupin, all under the supervision by Jules Degoullons (16..-17..). It extends the main altar reredos and links it to the "Resurrection of Christ" painted in the vault by Charles de La Fosse. At angles there are palms and chubby-cheeked cherubs around a bas-relief representing « King David playing the harp ». The absence of a separate case for the back Positif is also amazing. The organcase is classified as "object" by the Historic Monuments Commission, in the 1862 list, the one that officialized the protection for the Versailles estate.
The organ suffered a lot over the years: due to its location, it was renovated again and again in the 18th century by Robert Clicquot's descendants. In 1736, his son, Louis-Alexandre (?1684-1760), completely rebuilt the organ, adding a third stop in the Pedal and, probably, the 3 1/5' Grande Tierce. Manual compass was 50 notes, without first C#. His grandson, François-Henri (1732-1794), carried out a renovation in 1762-63. He removed the Grand-Orgue 16' Bourdon but he used the lowest notes to create a 16' Montre. He replaced the Récit Trompette with a Hautbois, replaced the Positif Larigot with a Trompette, and replaced the Echo Cornet with a Flute and a Trompette.
At the Revolution, the organ was nearly sold without its organcase. It was saved thanks to Jean-Louis Bêche (1731-1800), a former royal chapel musician, and organbuilder Jean-Antoine Somer (1740-1830).
Pierre-François (1764-1833) and Louis-Paul (1797-1875) Dallery were entrusted with its maintenance during the first half of the 19th century. In 1817, Louis-Paul Dallery executed repairs and rebuilt, in pasteboard, the royal emblems which had been removed in 1794. He rebuilt the facade, very damaged, with recast metal, replaced the Grand-Orgue Plein-Jeu with a Dessus de Flûte (descant) from recovered pipes. He added a Flute in the Récit. Not much is known for the next 50 years, except that the Grand-Orgue simple mutations and mixtures were removed, other stops were moved and several flute stops were added. The organ was under the supervision of John Abbey (1843-1930). In 1855, an inventory mentioned 26 stops over four manuals (Grand-Orgue and Positif 50 notes, Recit and Echo 34 notes) and pedal (23 notes).
On February 14, 1872, Aristide Cavaillé-Coll (1811-1899) signed a 27,000-franc contract for the reconstruction of the organ. He then designed a romantic organ entirely adapted to the aesthetic requirements of the time. The instrument will have 23 stops over two manuals (Grand-Orgue 54 notes, enclosed Récit 54 notes) and pedal (30 notes). From the former instrument, he reused the facade, the Bourdon 36 bass notes, a Plein-Jeu and the incomplete Doublette; 13 stops were completely new, 7 old stops were completely renovated and 3 others were repaired. He exceeded the terms of the contract by adding three combination pedals to the already planned six. The Grand-Orgue and Récit windchests were rebuilt with double pallet boxes. A new windchest was built for the two new pedal reed stops. A machine Barker was installed. The Récit division and the two pedal reed stops are enclosed. The organcase was scrupulously respected, but a detached console was installed in front of the organcase hiding the King David bas-relief. Two of the manuals from the previous attached console were preserved and used, at Charles-Marie Widor's request, in the "Dauphin" organ located in St. Sulpice Church. The instrument was completed on February 6, 1873, and received by a committee that included Ambroise Thomas (1811-1896), Charles-Auguste Quesnel, Camille Saint-Saëns (1835-1921), Charles-Marie Widor (1844-1937), and organists Henri Lambert and Émile Renaud. The organ was inaugurated on February 21, 1873, by Camille Saint-Saëns, Charles-Marie-Widor, Henri Lambert and Émile Renaud.
On May 20, 1878, Aristide Cavaillé-Coll was entrusted to renovate and tune the organ following restoration works carried out in the chapel. All pipework and all windchests were checked, cleaned and repaired as well as the key and stop actions. Work, at the cost of 1,200 francs, was completed on January 18, 1879, and accepted on the following January 27th.
In 1933, the organ was almost silent. In 1936, at Norbert Dufourcq's (1904-1990) initiative, the Organs Commission decided to rebuild the "Clicquot" and ordered, in 1937, a new organ, in neoclassical style, to Victor Gonzalez (1877-1956) to replace the Cavaillé-Coll, and this, despite Widor's opposition who would have preferred preserving the Cavaillé-Coll that was going to be transferred to a small seminary in Châteaugiron at Canon George Inry's and Fr Yves Legrand's initiative. This organ was renovated by organbuilders Wolff, Chéron and Sévère in 1966 before being transferred, when the seminary closed, to St. Martin Church, in Rennes, by organbuilder Yves Sévère (1929-2004) where it was restored in 1999 by organbuilder Alain Léon.
The detailed description of the work to be done submitted to tending organbuilders included the following elements:
The tender was published in the spring of 1934, and the work was entrusted to Victor Gonzalez on September 30, 1935, and approved on May 6, 1936. The cost of the work was estimated at 216,000 francs and construction began on June 10, 1936. Unfortunately, the end of work coincided with the International Exhibition and Gonzalez was called to enlarge the organ in the Palais de Chaillot. Work on the chapel organ was slowed down. The organ was put into function in 1938 but its inauguration, planned for 1939, will never take place because of the Second World War launching.
The new Gonzalez organ whose stop list was appropriate was not an instrument built according to old organbuilding school besides being unsuitable to the dimensions and to the acoustics of the chapel. Problems concerned the materials used (not hammered metal), the scales which were too large in the basses and too narrow in the treble, and the wind pressure was too low. In 1989, considered not authentic enough, the Gonzalez organ was disassembled and a conscientious reconstitution "à la Clicquot", meaning a return to the 1710 organ with its 1736 and 1762 transformations, was entrusted to Jean-Loup Boisseau and Bertrand Cattiaux in 1994.
Alternated slider soundboards are installed for the Grand-Orgue and Positif divisions, a method certainly used by Robert Clicquot to make up for the absence of a back Positif. Other divisions are laid out according to the tradition: the Récit division in the central turret above the Grand-Orgue and Positif windchests. The Pedal is installed at right angles with the facade on each side. Finally, the Echo is installed in the basement above the manuals. The Grand-Orgue, Positif and Récit action is suspended with fallback while the Echo division uses a backfall action and the Pedal uses successive rollerboards. The console is attached and manuals were rebuilt based on the two remaining manuals in the "Dauphin" organ and are retractable to allow the closing of the large shutter which is decorated with King David. The octave is particularly narrow : 154 mm. The pedalboard « à la française » was restored using the one in Houdan as a model. From the reused pipework, only four ranks of Plein-Jeu were inserted into the Grand-Orgue division, the others having been either too much transformed, or spoiled. The actual pipework was rebuilt according to Clicquot's model, using the Houdan instrument as an example, and often rescaled owing to the chapel's acoustical problems. Metal was hammered and planed down, simple mutations are in a 10% tin and lead alloy, the first octaves of the trumpets are made of tin, and the wooden pipes are made of oak.
The organ was inaugurated on November 18th and 19th, 1995 by Michel Chapuis (1930-2017).
II. Positif |
I. Grand-Orgue |
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Montre | 8' | Bourdon | 16' | |
Bourdon | 8' | Montre | 8' | |
Prestant | 4' | Bourdon | 8' | |
Flûte | 4' | 1Dessus de Flûte | 8' | |
Nazard | 2 2/3' | Prestant | 4' | |
Doublette | 2' | Grosse Tierce | 3 1/5' | |
Tierce | 1 3/5' | Nazard | 2 2/3' | |
Larigot | 1 1/3' | Quarte | 2' | |
Plein-Jeu 1' | VI | Doublette | 2' | |
Trompette | 8' | Tierce | 1 3/5' | |
Cromorne | 8' | 1Grand Cornet | V | |
Fourniture 1 1/3' | IV | |||
Cymbale 2/3' | IV | |||
Trompette | 8' | |||
Voix humaine | 8' | |||
Clairon | 4' |
III. Récit |
IV. Écho |
|||
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Cornet | V | 2Bourdon | 8' | |
Trompette | 8' | 2Prestant | 4' | |
Hautbois | 8' | Cornet | III | |
Voix humaine | 8' |
Pédale |
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---|---|
Flûte | 8' |
Flûte | 4' |
Trompette | 8' |
Clairon | 4' |
1 | À partir du deuxième DO / From tenor C | |
2 | Sur le même registre / On the same drawknob |