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Casavant, Opus 519, 1913
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L’histoire de cette église est étroitement liée à celle de la congrégation Notre-Dame de Québec puisqu’elle a été construite pour servir de chapelle à la congrégation des hommes de la basse-ville. Fondée en décembre 1839, la congrégation de Saint-Roch naît d’un fractionnement de la congrégation de la haute-ville et est placée sous la direction du curé Zéphirin Charest.
En 1849, la congrégation de Saint-Roch est prise en charge par les Jésuites, revenus s’établir au Canada. La construction d’un lieu de culte qui leur est exclusivement destiné débute le 11 mai 1851, à l’angle des rues Caron et Saint-Joseph, sur un terrain cédé par les religieuses de l’Hôpital général. Les contrats du gros œuvre sont accordés au maître maçon André Bélanger et au maître charpentier Régis Lapointe, guidés par les plans et devis d’un architecte qui n’est pas identifié, mais qu’on estime être Raphaël Giroux (1815-1869), élève de Thomas Baillairgé (1791-1859).
Érigée en pierre de Château-Richer, la chapelle mesure 34.8 mètres (115 pieds) de longueur sur 18 mètres (60 pieds) de largeur, et est inaugurée le 4 septembre 1853. Raphaël Giroux s’engage, en 1855, à parachever l’intérieur de la chapelle dont il a établi le programme décoratif. Cet intérieur se distingue par sa sobriété. Un retable en arc de triomphe est adossé au chevet plat, et de part et d’autre de la nef, s’élèvent d’imposantes galeries latérales supportées par des piliers et, dans la partie haute, par d’élégantes colonnes ioniques cannelées.
La chapelle des congréganistes devient une église succursale de la paroisse Saint-Roch en 1865. Après l’incendie qui ravage le quartier l’année suivante, cette église est le seul édifice à subsister dans le secteur. En 1875, pour répondre aux besoins de la population croissante, l’église est allongée de 13.5 mètres (45 pieds) et une vaste sacristie est ajoutée. L’architecte Thomas-Jacob Lepage (1846-c1885), chargé d’en préparer les plans, abat le mur du fond et agrandit le bâtiment en y ajoutant trois travées.Le décor intérieur est confié au sculpteur Ferdinand Villeneuve (1831-1909), qui travaille d’après les plans de l’architecte Lepage. En fait, Villeneuve réinstalle le retable sur le nouveau mur de fond et continue la course des galeries et de la voûte existantes. En 1889, l’église est ornée de fresques par François-Édouard Meloche (1855-1914). Enfin, en 1890, quelques congréganistes offrent un chemin de croix, en ensemble de facture européenne, probablement fabriqué à Limoges (en France) où la technique de l’émail sur métal était très populaire.
En 1901, le cardinal Louis-Nazaire Bégin (1840-1925), archevêque (1898-1925) de Québec, qui désire ériger en paroisse autonome la portion ouest de Saint-Roch, convainc la congrégation de faire cession de sa chapelle et de tous ses biens pour faciliter son projet. Les congréganistes acceptent et la paroisse Notre-Dame-de-Jacques-Cartier est érigée canoniquement le 25 septembre 1901. Le choix de ce nom témoigne de l’engouement qu’on éprouve à l’époque pour les personnages historiques, entre autres le célèbre découvreur malouin.
Le premier curé en titre de la nouvelle paroisse, l’abbé Paul-Eugène Roy (1859-1926), qui deviendra plus tard archevêque (1925-1926) de Québec, entreprend d’acheter cinq propriétés voisines pour construire le presbytère, dont la façade donnera sur la rue Saint-Joseph. En 1902, l’architecte Thomas Raymond (1853-1923) livre les plans de cet édifice qui rappelle l’architecture des palais italiens des XVIe et XVIIe siècles.
Depuis qu’elle est devenue temple paroissial, l’église a fait l’objet d’un entretien constant, si bien qu’elle n’a jamais nécessité de restauration radicale. En 1925, on construit une nouvelle sacristie entre l’église et le presbytère, selon les plans de l’architecte Joseph-Siméon Bergeron (1878-1955). Les paroissiens se sont inquiétés du clocher qui, très tôt, s’est incliné vers l’arrière. En 1942, l’architecte Pierre Lévesque (1880-1955) est chargé de surveiller la consolidation de cette « tour de Pise ». À la faveur de travaux de rénovation, en 1945, l’intérieur de l’église est repeint, les planchers de bois remplacés par du « terrazzo » et de nouveaux bancs mis en place. Depuis, l’église n’a subi aucune modification majeure.
Le décor intérieur connaît plusieurs rénovations, notamment dans la voûte et pour le maître-autel. Le plafond est en effet décoré à deux reprises tandis que le maître-autel est transformé trois fois. Les derniers médaillons peints, vers 1945, sont attribués à François-Édouard Meloche, disciple de Napoléon Bourassa (1827-1916). Les toiles derrière le maître-autel sont pratiquement les seuls témoins des anciens décors de l’église. Celles-ci ont été réalisées en 1889 par Joseph-Adolphe Rho (1839-1905).
Au cœur de la basse-ville, cette église est un monument quelque peu oublié, comme elle n’a jamais été rasée par le feu ni subi de rénovations radicales, elle demeure l’église paroissiale catholique la plus ancienne de Québec, titre qu’elle partage avec Notre-Dame-des-Victoires (reconstruite entre 1858 et 1861).
En 2003, voyant la diminution de fréquentation de l’église, une solution intéressante est proposée. Les bas-côtés, situés sous les tribunes, sont aménagés afin de fournir des locaux à des organismes communautaires. La Nef, une coopérative créée en 2010 se charge de l'administration. Ces nouvelles locations permettent à l’église de maintenir ses opérations jusqu’en 2012. Le 30 décembre 2012, l'église est fermée au culte et est désacralisée. Au cours de l'année 2013, une salle de concert « l'Espacxe Hypérion » s'y installe, mais cesse ses activités le 31 décembre 2013. En 2014, La Nef, dont l'une des missions majeures et la protection de son patrimoine, devient propriétaire de l'édifice.
L'orgue
Lors de la construction de la chapelle, on utilise un orgue provenant des ateliers Casavant de Saint-Hyacinthe qui, en 1913, est démonté et transféré à l'église Saint-Louis, dans le quartier Courville de la ville de Beauport. Il disparaît lors de l'incendie de l'église le 26 janvier 1917.
L'orgue actuel est remarquable à plusieurs points de vue. Dans la plupart des grands projets que les frères Casavant ont complétés à Québec depuis le milieu des années 1890, ils ont utilisé des buffets et tuyaux d'instruments existants de Mitchell et Warren. Cet orgue, installé en 1913, est entièrement neuf et devient, si on veut, un démonstrateur de leur savoir-faire.
Le dessin du buffet est de l'architecte Georges-Émile Tanguay (1858-1923) de la firme Tanguay et Lebon. Ce buffet est un très bel exemple d'un buffet orné du début du XXe siècle. Il a été construit par le menuisier-sculpteur Henri Angers, de Québec, pour la somme de 2 000 $. Le tout étant prêt le 15 mai 1913. Il a été peint par les peintres de la firme Gauthier et Frère, de Québec, pour la somme de 245 $.
La console est en cerisier. Très belle boiserie ouvrée, les jeux sont placés à la française, c'est-à-dire, en gradins de part et d'autre des claviers. Elle est munie du système de combinaisons développé par les Casavant. Le combinateur a été partiellement restauré et tous les pneumatiques des sélecteurs sont d'origine.
La composition sonore de l'instrument est de Claver et Samuel Casavant. Ce qui est le plus remarquable dans cet instrument est le raffinement des timbres qui nous est parvenu pratiquement inchangé. On y retrouve les influences premières de l'esthétique symphonique française, mais aussi l'influence locale, l'adaptation aux acoustiques de nos églises où le support sonore est fort différent de celui des grandes cathédrales françaises. L'influence de l'esthétique anglo-saxonne et américaine est indéniable. C'est ainsi que l'on retrouve des principaux plus moelleux, une Montre plus forte et costaude, des jeux de flûtes en bois, à bouches inversées et à doubles bouches.
À l'interne, les divisions du Grand-Orgue et de la Pédale sont placées au centre tandis que les divisions expressives sont disposées à l'arrière : le Récit, du côté de l'évangile et le Positif ainsi que le Solo du côté de l'épître.
L'instrument, dont le coût est élevé à 12 800 $, a été inauguré le 15 juin 1913 par J. Arthur Bernier (1877-1944), organiste en l'église Saint-Jean-Baptiste de Québec, par Henri Gagnon (1887-1961), juste de retour de ses études en Europe et avant sa nomination à la basilique-cathédrale Notre-Dame de Québec, et par le titulaire, Léon J. Dessane (1863-1930).
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The history of this church is closely related to the history of the Québec Notre-Dame congregation since it was built to serve as a chapel for the men of the congregation in the lower district of the city. Established in December 1839, the St. Roch Congregation was born from a division with the upper-town congregation and was placed under the supervision of Fr Zéphirin Charest.
In 1849, the St. Roch Congregation was entrusted to the Jesuits newly returning to Canada. The construction of a place of worship that would be exclusively used by them, began on May 11th, 1851, on a piece of land located on the corner of Caron and St. Joseph Streets which has been donated by the nuns of the General Hospital. Using plans drawn up by an unidentified architect, who we believe was Raphaël Giroux (1815-1869), a student of Thomas Baillargé. Master mason André Bélanger and master carpenter Régis Lapointe were awarded the contracts to build the chapel.
Built in stone coming from Château-Richer, the chapel is 115 feet (34.8 meters) long by 60 feet (18 meters) wide, and was inaugurated on September 4th, 1853. Raphaël Giroux was entrusted, in 1855, to complete the interior of the chapel according to a decoration project of his own. The interior of the chapel is renowned for its simplicity. A reredos in the form of an arc of triumph stands against a flat wall, and on each side of the nave, massive lateral galleries are supported by pillars becoming, in their top portion, elegant ionic fluted columns.
The chapel became a mission church for St. Roch parish in 1865. The following year, a large fire devastated the lower part of the city and this church was the only remaining intact building in the area. In 1875, to accommodate the ever-growing population, the chapel was enlarged by 45 feet (13.5 meters) and a large vestry was added. According to plans prepared by architect Thomas-Jacob Lepage (1846-c1885), the back wall was pulled down and three bays were added.
The interior decoration was entrusted to sculptor Ferdinand Villeneuve (1831-1909) who worked from plans drawn up by architect Lepage. In a matter of fact, Villeneuve reinstalled the reredos on the new wall and extended the existing galleries and the vault. In 1889, the church was decorated with frescoes painted by François-Édouard Meloche (1855-1914). Finally, in 1890, congregation members donated a Way of the Cross, of European design probably made in Limoges (France) where the technique of enamel on metal was very popular.
In 1901, Louis-Nazaire Cardinal Bégin (1840-1925), archbishop (1898-1925) of Québec City, wished to establish an independent parish in the western section of St. Roch. He persuaded the congregation to donate their chapel and all other properties to facilitate his project. The congregation accepted and the Notre-Dame-de-Jacques-Cartier parish was canonically established on September 25th, 1901. The naming of the parish reflects the passing fancy for historical persons, among which the famous discoverer from St. Malo (France).
The first pastor of the new parish, Fr Paul-Eugène Roy (1859-1926), who would later become Archbishop (1925-1926) of Québec City, purchased five neighboring properties to build a presbytery facing St. Joseph Street. In 1902, architect Thomas Raymond (1853-1923) delivered plans for the building which recalls 16th- and 17th-century Italian palaces.
Ever since becoming a parochial place of worship, the church building has been carefully maintained so that no major restoration work has been required. In 1925, a new vestry was built between the church and the presbytery, according to plans drawn up by architect Joseph-Siméon Bergeron (1878-1955). Parishioners worried about the steeple that, very early, began to lean backwards. In 1942, architect Pierre Lévesque (1880-1955) was asked to supervise the reinforcement of this “Pisa Tower”. During renovation works carried out in 1945, the church interior was repainted, wood floors were replaced with “terrazzo”, and new pews were installed. Since then, no major modification has been made to the church.
The interior decor was modified several times over the years, notably the vault and the main altar. The ceiling was decorated twice while the main altar was three times modified. The last painted medallions, in 1945, are allocated to François-Édouard Meloche, a disciple of Napoléon Bourassa (1827-1916). The paintings behind the main altar are now the only witnesses of the former decors. These were executed in 1889 by Joseph-Adolphe Rho (1839-1905).
At the heart of the lower section of Québec City, this church is somewhat a forgotten monument. Although it has never been destroyed by fire neither been subjected to radical modifications, this church remains as the oldest Roman Catholic parish church in Québec City, a title shared with Notre-Dame-des-Victoires Church (rebuilt between 1858 and 1861).
In 2003, considering the reduction in the church attendance, an interesting solution was proposed. The side aisles, located under the lateral galleries, were converted into offices for community organizations. The Nave, a cooperative created in 2010, was responsible for the administration. These new rentals allowed the church to support its operations until 2012. On December 30th, 2012, the church was closed to worship and desacralized. In 2013, a concert hall « Hyperion Space » was set up, but its activities ceased on December 31st, 2013. In 2014, the Nave, whose one of their major missions is the protection of its heritage, became the building owner.
The Organ
When the chapel was built, an organ coming from Casavant workshops in St. Hyacinthe was used. In 1913, it was disassembled and transferred to St. Louis Church, in the Courville District of the City of Beauport. It disappeared when that church was destroyed by fire on January 26th, 1917.
The actual organ is remarkable on many standpoints. In most large projects on which the Casavant brothers worked in Québec since the mid 1890s, they used organcases and pipework from existing Mitchell or Warren instruments. This organ, installed in 1913, is completely new and became a demonstrator of their know-how.
The organ case was designed by architect Georges-Émile Tanguay (1858-1923) from the Tanguay et Lebon firm. This organcase is a very nice example of a decorated case at the beginning of the 20th century. It was built, at the cost of $2,000, by carpenter-sculptor Henri Angers, of Québec City. It was ready by May 15th, 1913. It was painted, at the cost of $245, by the Gauthier et Frère firm, of Québec City.
The console is made of cherry tree. In this very nice worked woodwork, the drawknobs are laid out on terraces on either side of the manuals. The combination system was developed by Casavant. The combinator was partly restored and the pneumatic action of the selectors is original.
The tonal structure of the instrument was developed by Claver and Samuel Casavant. The most remarkable fact about this instrument is that its sound elegance reached us mostly unchanged. It includes the first influence from the French symphonic aesthetics, but also from the local influence where the sound is matched with the acoustics of our churches which are extremely different the one found in large French cathedrals. The influence of the Anglo-Saxon and American aesthetics is indisputable. That's why there are more mellow Principals, powerful and stronger Montre, and wooden flute stops with reversed mouths and with double mouths.
Internally, the Grand-Orgue and Pédale divisions are located in the center of the organcase while the enclosed divisions are located in the back: the Récit, on the Gospel side, and the Positif and the Solo on the Epistle side.
The instrument, whose cost was $12,800, was inaugurated on June 15th, 1913, by J. Arthur Bernier (1877-1944), organist at St. Jean-Baptiste Church in Québec City, by Henri Gagnon (1887-1961), just coming back from his studies in Europe and before his appointment at the Québec City Notre-Dame Basilica-Cathedral, and by the church main organist, Léon J. Dessane (1863-1930).
Grand-Orgue |
Récit |
|||
---|---|---|---|---|
Montre | 16' | Bourdon | 16' | |
Montre | 8' | Principal | 8' | |
Principal | 8' | Bourdon | 8' | |
Flûte double | 8' | Viole de gambe | 8' | |
Flûte harmonique | 8' | Voix céleste (TC) | 8' | |
Gambe | 8' | Flûte octaviante | 4' | |
Salicional | 8' | Violon | 4' | |
Prestant | 4' | Octavin | 2' | |
Flûte harmonique | 4' | Cornet | V | |
Nazard | 2 2/3' | Basson | 16' | |
Doublette | 2' | Cor | 8' | |
Mixture | IV | Hautbois | 8' | |
Trompette | 8' | Voix humaine | 8' | |
Clairon | 4' | Trémolo |
Positif |
Solo |
|||
---|---|---|---|---|
Principal | 8' | Stentorphone | 8' | |
Mélodie | 8' | Grosse flûte | 8' | |
Dulciane | 8' | Violoncelle | 8' | |
Viole d'orchestre | 8' | Flûte | 4' | |
Flûte douce | 4' | Piccolo | 2' | |
Clarinette | 8' | Mixture | III | |
Trémolo | Tuba | 8' | ||
Cor anglais | 8' | |||
Hautbois d'orchestre | 8' |
Pédale |
|
---|---|
Flûte | 16' | Bourdon | 16' |
Violon | 16' |
Violoncelle (ext) | 8' |
Flûte (ext) | 8' |
Bourdon (ext) | 8' |
Flûte (ext) | 4' |
Bombarde | 32' |
Bombarde (ext) | 16' |
Trompette (ext) | 8' |
1 | Boîte d'expression unique pour le Positif et le Solo / Positif and Solo divisions enclosed in the same swell box |