Description [Français / English] |
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Établi à Genève depuis son adolescence, le consul d'Angleterre, Daniel Fitzgerald Packenham Barton (1850-1907) a deux passions, la navigation et la musique, et dispose d'une fortune considérable pour les assouvir laquelle lui permet d'entretenir une flotte personnelle sur le lac, de créer l'Harmonie nautique en 1883 et de faire construire par l'architecte genevois John Camoletti une salle de concert qu'il dédie à sa souveraine, la reine Victoria.
Érigé entre 1891 et 1894 à proximité du Grand Théâtre et du Conservatoire de musique, l'édifice comprend une façade caractéristique du style "Beaux-Arts". L'encadrement de la porte est surmonté d'un édicule encadrant les armoiries des familles Barton et Peel, et servant de socle à l'allégorie de l'Harmonie, oeuvre de Joseph Massarotti sur un modèle du sculpteur parisien Jean Coulon. Le corps central de la façade développe une fausse loggia teintée de rouge pompéien soulignée par deux colonnes ioniques monumentales. Plus austères, les corps latéraux sont traités comme des tours d'angle massives sur lesquelles sont gravés les noms de seize compositeurs symphoniques.
La sobriété du vestibule ne présage en rien l'opulence décorative de la salle de concert, formée d'un parterre, de deux galeries et d'une scène, qui exhibe avec faste un décor stuqué néo-baroque, voire rococo. La diversité plastique des guirlandes, cartouches, cariatides et autres mascarons est rehaussée par d'abondantes dorures à la feuille, qui s'harmonisent avec la tonalité dominante rouge profond de l'ensemble.
En 1904, Barton donne l'édifice à la Ville de Genève. Le 16 septembre 1984, la salle de concert est la proie des flammes, qui détruisent en partie le décor intérieur. La Ville décide de restaurer le bâtiment. Les stucs sont reconstitués selon un procédé semblable à la mise en oeuvre d'origine. Les décors originaux irrémédiablement altérés du peintre Ernest Biéler, représentant les harmonies terrestres s'élevant vers les harmonies célestes dans les trois grands médaillons peints du plafond, sont remplacés par une oeuvre contemporaine signée Dominique Appia.
Le 4 avril 1986, le bâtiment est inscrit à l'inventaire cantonal des monuments dignes d'être protégés. La salle offre 1600 places. En 2006, la ville de Genève a entrepris une rénovation visant à améliorer le confort des spectateurs et des musiciens.
La magnificence de la salle se double de qualités acoustiques unanimement qualifiées d'exceptionnelles par les mélomanes.
L'orgue
Dès la deuxième moitié du XIXe siècle, les nouvelles salles de concert européennes sont équipées d'orgues souvent monumentaux. Ces instruments sont destinés à être entendus seuls ou à dialoguer avec l'orchestre. Les plus célèbres sont ceux du Town Hall de Birmingham (1834), du Royal Albert Hall à Londres (1871), du Albert Hall de Sheffield (1873), du Concertgebouw de Haarlem (1875), de la salle du Trocadéro à Paris (1878), du Concertgebouw d'Amsterdam (1891) ou du Victoria Hall à Genève (1894).
L'orgue Kuhn (1894)
Commandé à la firme Theodor Kuhn, de Männedorf, l'instrument d'esthétique symphonique française est doté de 45 jeux répartis sur trois claviers et un pédalier. Sa composition est conçue par Charles-Marie Widor. L'orgue était placé au fond de l'alcôve qui domine la scène avec une console indépendante. Les transmissions sont de type pneumatique tubulaire et la soufflerie est actionnée par un moteur hydraulique.
Le Victoria Hall et son orgue sont inaugurés le 28 novembre 1894 lors d'un grand concert donné par l'Harmonie nautique, l'orchestre du Théâtre et plusieurs sociétés de chant genevoises sous la direction de Louis Bonade avec la participation d'Otto Barblan et de Charles-Marie Widor qui dirigea sa Troisième symphonie, en sol mineur, pour orgue et orchestre op. 69, composée pour l'occasion.
Le système de transmission de l'orgue montre rapidement des signes de faiblesse, mais il faut attendre 1929 pour que des travaux soient réalisés par la maison Tschanun, de Genève. On profite également de ces travaux pour hausser le diapason de l'orgue au ton de l'orchestre moderne, installer un ventilateur électrique, modifier la console et adoucir certains jeux. Malgré cette intervention, l'orgue continue à mal fonctionner jusqu'en 1946, date à laquelle son remplacement est décidé.
L'orgue Ziegler (1949)
Durant la Seconde Guerre mondiale, une rénovation complète du Victoria Hall est envisagée. Ce projet vise à reconstruire la salle, la scène et les accès, sans oublier l'orgue. L'idée est abandonnée en 1946, mais le principe du remplacement de l'orgue est maintenu.
La commission d'experts, composée de Ernest Schiess, Richard Jeandin, Eric Schmidt et Pierre Segond, propose une alliance entre deux facteurs : Kuhn et Tschanun afin qu'ils réalisent respectivement l'instrument et l'harmonisation. Rudolf Ziegler, successeur de Tschanun, ne s'entend pas avec la maison Kuhn et finalement la Ville de Genève commande à Ziegler seul la construction de l'orgue.
Après plusieurs problèmes de gestion qui retardent les travaux, l'orgue est finalement inauguré le 15 octobre 1949 par Pierre Segond, Eric Schmidt et Marcel Dupré. D'esthétique néo-classique, il est composé de 88 jeux (82 jeux réels) répartis sur quatre claviers et un pédalier. La transmission est électrique avec des sommiers à coulisses et l'instrument est doté d'une console mobile.
Entre 1961 et 1963, des transformations sont apportées. Quelques jeux sont remplacés, certaines harmonisations sont forcées et deux jeux en chamade ajoutés. En 1982, d'autres améliorations techniques sont réalisées parmi lesquelles l'installation d'un combinateur électronique.
Durant la nuit du 16 septembre 1984, un incendie ravage le Victoria Hall qui est largement endommagé. L'orgue est détruit. Seule la console, rangée sous la scène, est épargnée - elle se trouve actuellement au Musée suisse de l'orgue à Roche.
L'orgue Van den Heuvel (1993)
Après l'incendie de 1984, la décision est prise de restaurer le Victoria Hall à l'identique. S'inscrivant dans cette démarche, la commission d'experts, composée de François Delor, Georges Lhôte, Lionel Rogg, Pierre Segond, Louis Robilliard et Jean-François Vaucher, opte pour la construction d'un orgue dont les styles visuel et sonore s'intégreraient parfaitement dans la salle. D'esthétique symphonique française et inspiré des instruments du célèbre facteur Aristide Cavaillé-Coll (1811-1899), le nouvel instrument réalisé par la firme Van den Heuvel, de Dordrecht, est inauguré le 14 février 1993 par l'Orchestre de la Suisse romande sous la direction d'Andrew Litton avec comme solistes : Pierre Segond, Lionel Rogg, François Delor et Jean-François Vaucher.
Le facteur Van den Heuvel venait de terminer d'importants instruments de ce style à Katwijk et à Paris. Ce dernier projet (Saint-Eustache) avait marqué les esprits et la conception de l'orgue de Genève allait s'en ressentir. Ainsi, la console qui, au début, avait été conçue en fenêtre avec traction mécanique des claviers et des jeux comme à Katwijk, se retrouve ici en amphithéâtre, inspirée des grands instruments parisiens construits par Cavaillé-Coll, indépendante, et au pied du buffet face à la salle avec traction mécanique pour les claviers et traction électrique pour les jeux. Un système de retour audio et vidéo compense la distance séparant l'organiste du chef d'orchestre.
L'orgue comprend 71 jeux/102 rangs répartis sur quatre claviers et pédalier. Le système de traction pour les claviers est mécanique. Celui-ci est assisté par quatre machines Barker (Grand-Orgue, Positif, Récit expressif et Pédale) et en mécanique directe pour les jeux du clavier de Bombarde. À noter que les machines Barker pour le Grand-Orgue et le Positif peuvent être débranchées. Les 5 500 tuyaux sont disposés sur 24 sommiers. Quatre moteurs alimentent 11 soufflets à plis parallèles. Le tirage de jeux est électrique et l'instrument dispose d'un combinateur électronique.
La disposition interne de l'instrument se fait sur trois niveaux. Premièrement, au niveau du plancher, la console et les machines Barker avec, à l'arrière de l'instrument, la Contre-Bombarde 32'. Au niveau suivant, les sommiers du Grand-Orgue sont en position centrale. Derrière eux, les sommiers du Positif qui ont à leurs côtés, les sommiers de la Pédale. Au dernier niveau, on retrouve les sommiers du Récit expressif. Les anches en chamade sont installées de chaque côté de la boîte expressive. Les sommiers du Grand-Orgue et du Positif sont en trois parties : deux pour les basses (C et C#) et un pour les aigus à partir du do central. Le Récit est placé sur deux sommiers: l'un pour les jeux de fond et l'autre pour jeux de combinaison. Afin de respecter la tradition des orgues symphoniques françaises, les aigus (37 notes) possèdent une pression de vent plus forte que les basses (24 notes) et ce, pour les divisions manuelles à l'exception de la Bombarde.
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Living in Geneva since his adolescence, the British Consul, Daniel Fitzgerald Packenham Barton (1850-1907) had two passions, navigation and music, and owned a considerable fortune to satisfy them which allowed him to maintain a personal fleet on the lake, to create the Nautical Harmony in 1883 and to entrust Geneva architect John Camoletti to design a concert hall he dedicated to his sovereign, Queen Victoria.
Erected between 1891 and 1894 close to the Grand Théâtre and the Music conservatory, the building presents a characteristic Fine-Arts-style facade. The main entrance door is topped by a canopy surrounding the Barton and Peel families coat of arms, and acting as a base for the allegory of Harmony, executed by Joseph Massarotti based on a model by Parisian sculptor Jean Coulon. The main section of the facade presents a Pompeian-red- tinted false loggia underlined by two monumental ionic columns. More rugged, the lateral sides show massive angular towers on which are engraved the names of sixteen symphonic music composers.
The simplicity of the vestibule predicts in no way the fancy wealth of the concert hall, including a parterre, two galleries and a stage, which displays a neo-Baroque or even Rococo stuccoed pomp decor. The plastic diversity of the garlands, cartouches, caryatids and other mascarons is highlighted by the abounding leaf gilding which matches with the predominant deep red decor.
In 1904, Barton donated the building to the City of Geneva. On September 16th, 1984, the concert hall is devastated by fire partly destroying the interior decor. The City decided to restore the building. Stucco was reconstructed using technique similar to original. The irremediably damaged original decor by painter Ernest Biéler, representing earthly harmony rising towards celestial harmony in the three large medallions painted on the ceiling, were replaced with a contemporary work by Dominique Appia.
On April 4th, 1986, the building is registered to the cantonal inventory of monuments worthy of being protected. The hall can accommodate 1600 persons. In 2006, the City of Geneva undertook renovation works designed to increase the comfort of the audience and of the musicians.
The room splendor is coupled with acoustical qualities unanimously qualified as special by the music lovers.
The Organ
From the second half of the 19th century, new European rooms concert halls often received monumental organs. These instruments were intended to be solo instruments or to interact with the orchestra. Among the most famous are those in Birmingham Town Hall (1834), in Royal Albert Hall in London (1871), in Albert Hall in Sheffield (1873), in the Concertgebouw in Haarlem (1875), in Trocadéro Hall in Paris (1878), in the Concertgebouw in Amsterdam (1891) and in Victoria Hall in Geneva (1894).
The Kuhn Organ (1894)
Built by the Theodor Kuhn firm, of Männedorf, the French symphonic aesthetic instrument featured 45 stops over three manuals and a pedal. Its stoplist was designed by Charles-Marie Widor. The organ was located in an alcove overlooking the stage with an independent console. It featured tubular pneumatic action and the blower was operated by a hydraulic motor.
Victoria Hall and its organ were inaugurated on November 28th, 1894, in a concert given by Nautical Harmony, the Theater orchestra, and several Geneva singing companies conducted by Louis Bonade with the cooperation of Otto Barblan and of Charles-Marie Widor who conducted its Third Symphony, in g minor, for organ and orchestra, Op. 69, composed for the occasion.
Rapidly, the action showed signs of weakness but repairs were executed in 1929 by the Tschanun firm, of Geneva. On that occasion, the organ diapason was raised the modern orchestra level, an electric motor was installed, the console was modified and some stops were softened. In spite of this intervention, the organ was still unsatisfactory, and in 1946, date when it was decided to replace it.
The Ziegler Organ (1949)
A full renovation of Victoria Hall was considered during the Second World War. This project aimed at the reconstruction of the hall, the stage and the accesses, without forgetting the organ. The project was abandoned in 1946 but the replacement of the organ was still maintained.
The experts' commission, composed of Ernest Schiess, Richard Jeandin, Eric Schmidt and Pierre Segond, proposed an association between two organbuilding firms: Kuhn and Tschanun so that they will respectively build the instrument and voice it. Rudolf Ziegler, Tschanun's successor, did not agree with the Kuhn firm and finally the City of Geneva entrusted Ziegler as sole builder of the organ.
After several management problems which delayed the works, the organ was finally inaugurated on October 15th, 1949, by Pierre Segond, Eric Schmidt and Marcel Dupré. Of neoclassical aesthetics, it featured 88 stops (82 independent stops) over four manuals and a pedal. Electric action was used with slider windchests and the instrument has a mobile console.
Between 1961 and 1963, modifications were carried out. Some stops were replaced, voicing on certain stops was forced and two en chamade stops were added. In 1982, other technical improvements were brought in among which the installation of an electronic combinator.
During the night of September 16th, 1984, a fire devastated Victoria Hall which was largely damaged. The organ was destroyed. Only the console, stored under the stage, was spared - it is now at the Switzerland Organ Museum in Roche.
The Van den Heuvel Organ (1993)
After the 1984 fire, it was decided to restore Victoria Hall to original. In this project, an experts' commission, composed of François Delor, George Lhôte, Lionel Rogg, Pierre Segond, Louis Robilliard and Jean-François Vaucher, opted for the construction of an organ whose tonal and visual styles would perfectly fit in the room. Of French symphonic aesthetics and inspired by instruments of famous organbuilder Aristide Cavaillé-Coll (1811-1899), the new instrument built by the Van den Heuvel firm, of Dordrecht, was inaugurated on February 14th, 1993, by the Orchestre de la Suisse romande conducted by Andrew Litton with soloists Pierre Segond, Lionel Rogg, François Delor and Jean-François Vaucher.
The organ features 71 stops/102 ranks over four manuals and pedal. Key action is mechanical and is assisted by four Marker machines (Grand-Orgue, Positif, Récit expressif and Pédale) and direct mechanical for the Bombarde stops. The Barker machines for the Grand-Orgue and the Positif can be disengaged if desired. The 5 500 pipes are spread over 24 windchests. Four motors feed 11 horizontal bellows. The stop action is electric and the instrument uses an electronic combinator.
The internal layout of the instrument is spread over three levels. First, at the floor level, the console and the Barker machines with, at the back of the instrument, the Contre-Bombarde 32'. On the next level, the Grand-Orgue windchests are in central position. Behind them, the Positif windchests which have on either side, the Pedal windchests. On top levelare the Récit windchests. En chamade reeds are installed on either side of the swell box. The Grand-Orgue and Positif windchests are in three sections: two for the basses (C and C#) and one for treble (from central C). The Récit is installed on two windchests: one for the foundation stops and the other for the combination stops. To respect the French symphonic organ tradition, wind pressure is higher for treble (37 notes) than for the basses (24 notes) except for the Bombarde division.
I. Grand-Orgue |
II. Positif |
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Jeux de fond |
Jeux de fond |
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Montre | 16' | Bourdon | 16' | |
Bourdon | 16' | Montre | 8' | |
Montre | 8' | Flûte harmonique | 8' | |
Salicional | 8' | Salicional | 8' | |
Flûte harmonique | 8' | Unda Maris | 8' | |
Bourdon | 8' | Bourdon | 8' | |
Prestant | 4' | Prestant | 4' | |
Flûte | 4' | PrestantFlûte douce | 4' | |
Octave | 4' | |||
Jeux de combinaison |
Jeux de combinaison |
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Doublette | 2' | Nasard | 2 2/3' | |
Grande Sesquialtera 5 1/3'+3 1/5' | II | Doublette | 2' | |
Grande Fourniture 2 2/3' | III-VI | Tierce | 1 3/5' | |
Fourniture 2' | V | Larigot | 1 1/3 | |
Cymbale 2/3' | IV | Piccolo | 1' | |
Grand Cornet 8' | V | Plein-Jeu 1' | V | |
Bombarde | 16' | Basson | 16' | |
Trompette | 8' | Cromorne | 8' | |
Clairon | 4' | Clairon | 4' |
III. Récit |
IV.Bombarde |
|||
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Jeux de fond |
||||
Quintaton | 16' | Tuba magna | 16' | |
Diapason | 8' | Tuba mirabilis | 8' | |
Flûte traversière | 8' | Cor harmonique | 2' | |
Gambe | 8' | |||
Voix céleste | 8' | |||
Cor de nuit | 8' | |||
Fugara | 4' | |||
Flûte octaviante | 4' | |||
Basson-Hautbois | 8' | |||
Clarinette | 8' | |||
Voix humaine | 8' | |||
Jeux de combinaison |
||||
Octavin | 2' | |||
Plain-Jeu harmonique 2 2/3' | III-VI | |||
Carillon 1' | I-III | |||
Cornet 8' | V | |||
Bombarde | 16' | |||
Trompette harmonique | 8' | |||
Clairon harmonique | 4' |
Pédale |
|
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Jeux de fond |
|
Soubasse | 32' |
Flûte | 16' |
Violon | 16' |
Soubasse | 16' |
Grande Quinte | 10 2/3' |
Flûte | 8' |
Violoncelle | 8' |
Bourdon | 8' |
Flûte | 4' |
Jeux de combinaison |
|
Contre-Bombarde | 32' |
Bombarde | 16' |
Trompette | 8' |
Clairon | 4' |