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L'abbaye bénédictine de Saint-Jacques-le-Mineur à Liège a été fondée en 1015 par l’êvèque Baldéric II en expiation du sang répandu lors de la bataille de Hœgaarden en 1013. Le lieu choisi, à la pointe méridionale de l'île, en dehors des murs de la cité, était propice à la construction suite aux aménagements du fleuve apportés par Notger dès le début du XIe siècle. Les premiers moines vinrent de Gembloux sous la direction de l'abbé Olbert. Dès le début, l'école monastique devint célèbre et l'abbaye florissante ; les moines fondèrent le monastère de Lubin en Pologne, ainsi que le prieuré de Saint-Léonard dans le quartier nord de Liège. En 1056, le moine Robert ramène de Compostelle une relique de saint Jacques le Majeur.
Après une première phase de construction commencée en 1418 et interrompue en 1421, l'église gothique actuelle remplaça l'église romane primitive dont la voûte du sanctuaire s’était écroulée en 1513. Les travaux reprirent en 1514 sous l'abbatiat de Jean de Cromois, pour s'achever en 1538. La voûte et ses peintures sont de la même époque, ainsi que les vitraux du chœur datés de 1525 à 1531. Le portail Renaissance ajouté en 1558 est attribué à Lambert Lombard. De l'église primitive, seul l'avant-corps roman avec une de ses trois tours a été conservé.
Au XVIIIe siècle, les moines demandent leur sécularisation qu'ils obtiennent en 1785 : l'église abbatiale devient collégiale (la huitième de Liège) et les moines deviennent des chanoines. Les livres et manuscrits, qui composent la très riche bibliothèque, sont mis en vente publique en 1788.
En 1797, après la suppression du chapitre, les bâtiments sont sauvés de la démolition grâce à l'intervention de Desmousseaux, préfet du département de l’Ourthe dont Liège faisait partie. En 1803, l'église est rendue au culte et devient paroissiale. Elle fut restaurée une première fois au XIXe siècle. La seconde restauration importante a eu lieu entre 1972 et 1975 ; des fouilles archéologiques ont alors permis de retrouver les vestiges de la crypte romane et les fondations de l’église primitive.
Fabrice Muller
L'orgue
L'orgue de l'église Saint-Jacques, dont le buffet splendide rayonne à travers ses polychromies, bleu et or, et dont les proportions s'intègrent harmonieusement à l'architecture du lieu, est l'oeuvre d'un facteur d'orgue inconnu. La date 1600 est inscrite en dessous du positif de dos et sur le grand corps. Il est cependant pensable qu'il s'agisse là d'une réalisation des facteurs Nicolas Niehoff ou Florent Hocquet qui ont tous deux travaillé à Liège à la même époque. La composition de l'orgue d'alors est inexistante.
Ce qui frappe le regard curieux du visiteur, ce sont les sculptures représentant des décors de faumes, bucranes, chérubins et pointes de diamants. Le buffet du positif est surmonté d'une statue de Sainte Cécile. À l'origine se trouvaient quatre volets décorés de personnages divers.
C'est André Séverin, organier de Maastricht installé à Liège, qui transformera radicalement l'instrument en 1669 et qui, fier d'avoir travaillé sur cet orgue, demandera à être inhumé sous la tribune. Sur la plaque funéraire se trouve la citation: "André Séverin en son art sans pareil nous a fait ces orgues, l'un de ces merveilles. Reçut à Maastricht sa vie et son estre et mourut rempli de grâce dans ce cloître. Ainsi d'un destin très heureux, son corps repose dans ce lieu, son âme éclate dans les cieux et son ouvrage au milieu." Nous ne savons rien de son travail sur l'instrument, tout au plus est-il possible de faire des suppositions quant à la composition.
Ntre 1816 et 1829 sont enramées des réparations de l'orgue par Arnold Graindorge, dont les oeuvres les plus importantes se trouvent en l'église des Rédemptoristes en Hors Château à Liège et à la cathédrale de Malmédy. En 1834, il présente au Conseil de fabrique un projet de restauration de l'orgue, son devis témoignant de l'état de ruine de l'instrument. D'autres projets seront proposés, ceux de Joseph Merklin et Arnold Clerinx. C'est ce dernier qui sera choisi en 1854. Le nouvel orgue comprend 44 jeux sur trois claviers et pédalier. Les grands volets disparurent à ce moment.
Une autre restauration fut entreprise, en 1888, par Charles Anneessens de Grammont. Depuis, plusieurs projets se sont succédés sans aboutir. Les tuyaux de façade en étain ayant été volés pendant la seconde guerre mondiale, ils sont remplacés par des tuyaux en zinc.
En 1954, Pierre Froidebise est chargé de la restauration de l'orgue. En 1962, l'orgue est démonté en vue d'une restauration. Le travail est confié à la Maison Organa Van de Cauter de Châtelineau qui est dessaisie du dossier à la mort de Pierre Froidebise qui survint plus tard en 1962. Le professeur Hans Klotz de Cologne est choisi comme nouvel auteur du projet et l'ajudication est faite en faveur du facteur d'orgue Stephan Schumacher. La Commission Consultative des Orgue qui comprend des personnalités du monde de l'orgue décide, en 1971, de retirer le projet au professeur Klotz.
En 1986, Hubert Schoonbroodt, professeur au Conservatoire Royal de Musique de Bruxelles, est désigné par le Conseil de fabrique pour être le nouvel expert. Hélas, il décédera accidentellement en 1992, avant le début des travaux. C'est alors qu'est nommé Pierre Thimus, organiste titulaire, comme surveillant des travaux. Son travail se fera en collaboration avec Koos Van de Linde, technicien conseil hollandais et expert de la facture des orgues de la renaissance. C'est le facteur d'orgue Guido Schumacher qui effectuera ces travaux entre 1993 et 1998.
Cet instrument est le seul qui nous fasse entendre ces sonorités inhabituelles et qui permette ainsi de rendre justice à l'oeuvre de Sweelinck et de Cornet. Les Pays-Bas de disposent pas d'instrument du XVIe siècle intégralement conservé, même si on y trouve des instruments dont les parties originales subsistent dans des constructions plus tardives. La richesse des timbres des jeux d'anches et des flûtes, principale caractéristique de l'orgue Niehoff, nous offre une grande variété de couleurs qui nourissent notre imaginaire, déjà largement comblé par le spectacle visuel dans cette magnifique église.
Les prédécesseurs de Niehoff avaient conçu un orgue qui comportait un Hauptwerk avec un plenum de "principaux" (sous forme de Blockwerk) et un Positif composé de jeux individuels, construit comme Rückpositiv ou Oberwerk.
L'empreinte Niehoff, qui fut alors considérée comme une véritable révolution esthétique, consista dans le rajout de ces fameux jeux d'anches et de flûtes postés sur un sommier propre en hauteur et relié au Hautpwerk. Ce sommier reçut alors son prorpe clavier, qui devint celui des solos.
Serge Schoonbroodt
[cliquer sur l'image ou ici pour obtenir une version agrandie]
The Benedictine Abbey of Saint-Jacques-le-Mineur (St. James the Lesser) in Liège was founded in 1015 by Bishop Baldéric II in expiation for the loss of lives during the Hoegaarden Battle in 1013. The chosen location, in the southern portion of the island and outside city walls, was favourable for the construction of the abbey after improvements made to the river banks by Notger in the 11th century. The first monks came from Gembloux under the direction of Abbott Olbert. Since its very beginnings, the monastic school became famous and the abbey was flourishing. The monks founded the monastry in Lubin (Poland) and the priory of St. Leonard in the north portion of the city of Liège. In 1056, monk Robert brings back a relic of St. Jacques-le-Majeur (St. James-the-Great) from Compostelle.
After a first period of construction that started in 1418 and interrupted in 1421, the actual gothic-style church replaced the first roman-style church when the sancuary vault collapsed in 1513. The construction started again in 1514 under the direction of Abbott Jean de Cromois and will end in 1538. The vault and its fresco date from the same period while the stained-glass windows date from 1525 to 1531. The Renaissance-style porch was added in 1558 and is the work of Lambert Lombard. From the initial church, only the roman-style fore-part with one of its three towers is preserved.
In the 18th century, the monks asked to be secularized, they would obtain it in 1785: the abbey-church then becomes a collegial (the 8th in Liège) and the monks became canons. The books and manuscripts that were in their rich library were sold at public auction in 1788.
In 1797, after the abolition of the Chapter, the buildings were saved from destruction by an intervention of Desmousseaux, prefect of the Ourthe department which includes Liège. In 1803, the church is returned as a place of worship. It was first restored in the 19th century. A second important restoration took place between 1972 and 1975; excavations enable the findings of remnants of the roman-style crypt and the foundations of the initial church.
Fabrice Muller
The organ
The organ of the St. James church, whose splendid organ case shines through its polychromes, blue and gold, and whose proportions are harmoniously integrated into the architecture of the building, is the work of an unknown organ builder. The date of 1600 is inscribed below the Rückpositiv case on the on the main section of the organ case. Nevertheless, it might be the work of organ builders Nicholas Niehoff or Florent Hocquet, who both worked in Liège at the same period. The stop list of the organ in those days is non-existant.
What attract the curious visitor are the sculptures that represent faune scenery, cherubs and diamond peaks. A statue of St. Cecilia surmounts the organ case of the positive. At the beginning, there were four swell shutters which were ornamented with different figures.
Organ builder André Sévrin, from Maastricht and established in Liège, radically transformed the instrument in 1669. He was so proud of his work that he asked to be buried under the gallery. On the church brass we can read the following quotation: "André Séverin in his unique art made this organ, one of his marvels. Born in Maastricht he died in this monastery. In a happy destiny, his body rests in this church while his soul is in heaven and his work in between." (Translation) We know nothing about his work on the instrument; at the most it is possible to make assumptions about the composition of the instrument.
Between 1816 and 1829, Arnold Graindorge made repairs to the organ. His most important works can be found in the Redemptory church in Hors Château in Liège and in the cathedral of Malmédy. In 1834, he submitted a restoration projet to the church authorities. His estimate gives evidence to the decay of the instrument Others projets were also submitted by Joseph Merklin and Arnold Clerinx. The latter will be chosen in 1854. The new organ includes 44 stops on three manuals and pedal. At that time, the great swell shutters disappeared.
In 1888, Charles Anneessens from Granmont undertook another restoration. Since then, several projects have been submitted but without results. Zinc pipes replaced the tin front pipes that had been stolen during World War II.
In 1953, Pierre Froidebise was charged with the restoration of the organ. In 1962, the organ is removed in order to be restored. The work was imparted to the Organa Van de Cauter firm from Châtelineau who was dismissed when Pierre Froidebise died later in 1962. Professor Hans Klotz from Cologne was selected to act as the new project leader and the adjudication was made in favour of organ builder Stephan Schumacher. In 1971, the Consultative Commission of organs composed with renown personalities of the organ world decided to take back the project from Professor Klotz.
In 1986, Church authorities named Hubert Schoonbrodt, Professor at the Royal Music Academy of Brussels, as advisor. Unfortunately, he died in an car accident in 1992 just before the restoration works were to begin.
Then, Pierre Thimus, titular organist, was named as supervisor. He worked with Koos Van de Linde, a Dutch consulting technician and expert in organ building of Renaissance organs. Restoration works were carried out from 1993 to 1998 by organ builder Guido Schumacher.
This organ is the only instrument that allows the listening of such unusual tones and gives justice to the organ works of Sweelinck and Cornet.
The Netherlands do not have completely preserved instruments dating from the 16th century; even if instruments can be found, of which original parts subsist in later constructions. The tone richness of the reeds and flue stops, the main feature of Niehoff organs, offers a wide variety of colors that satify our imagination coupled with the visual scene of the organ case in this magnificent church.
Niehoff's predecessors conceived an organ with a Great Organ comprising a plenum of principals (as a Blockwerk), and a Positive with individual srops, constructed as a Rückpositiv or Oberwerk. The Niehoff-stamp, which was seen then as a real aesthetic revolution, consisted in the addition of famous reeds and flue stops placed on a seperate windchest high in the organ case and tied to the Great Organ. This windchest had its own keyboard that became the "solo organ".
Serge Schoonbroodt
Hautpwerk |
Oberwerk |
|||
---|---|---|---|---|
1Praestant | 16' | 2Praestant | 8' | |
Gedackt | 8' | Holpipe | 8' | |
2Octava | 8' | 3Octava | 4' | |
3Octava | 4' | Flöte | 4' | |
Quinta | 3' | Nasat | 3' | |
Superoctava | 2' | Gembshorn | 2' | |
Mixtur | II-VIII | Terzflöit | 1 3/5' | |
Scharp | IV-XII | Siflöit | 1' | |
Vox humama | 8' | Zimbel | III | |
Trommete | 8' | |||
4Zincke | 8' |
Rückpositiv |
Pedal |
|||
---|---|---|---|---|
2Praestant | 8' | Praestant (HW) | 16' | |
Quintadehna | 8' | Untersatz | 16' | |
3Octava | 4' | Octava | 8' | |
Klein Holpipe | 4' | Nachthorn | 2' | |
Siflöit | 1 1/3' | Buerflöite | 1' | |
Mixtur | III-VI | Trommete | 8' | |
Scharp | III-V | |||
Regal | 8' | |||
Schallmey | 4' |
Légende / Legend
1 | double à partir de / double from c1 | |
2 | double à partir de / double from c0 | |
3 | double à partir de / double from C | |
4 | double à partir de / double from a0 |
Autres caractéristiques / Other details
Enregistrements / Recordings:
Pour en connaître davantage / For further reference: Site de Fabrice Muller Web Site