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Dubois 1762 / Rickenbsch 1912 / Roethinger 1947
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Ammerschwihr est une commune située dans le département du Haut-Rhin, en région Grand Est dans la région historique et culturelle d'Alsace. Son nom provient vraisemblablement de celui d'un chef alémanique Almaric et du latin « villare » qui veut dire « domaine ».
Historique
La contrée d'Ammerschwihr est habitée dès l'âge du bronze. Lors de la conquête romaine, plusieurs fortifications sont érigées sur les hauteurs. Le nom d'Almarici Villare est cité dès 869. À cette date, le roi Lothaire II fait don à la fille du roi Louis le Germanique de biens que le comte Erchangar y possède. Au Xe siècle, ce n'est encore qu'une ferme royale qui se transforme en ville à partir du XIVe siècle en se réunifiant avec trois villages : Ammerschwihr, Meywiller (ou Minenwiller), Katzenwiller (ou Katzenbach). Ce dernier village est le seul connu aujourd'hui. D'après une charte de 977, l'impératrice Adélaïde donne ses possessions d'Ammerschwihr à l'abbaye de Murbach tout en stipulant expressément que certaines parties resteront propriété commune de tous les villages.
Au XIVe siècle, trois seigneurs se partagent le ban communal et ses revenus : le Saint-Empire romain germanique, la seigneurie de Ribeaupierre et celle des Holandsberg. Ammerschwihr est cité comme ville pour la première fois en 1367. En 1431, l'empereur Sigismond lui accorde les mêmes droits que ceux des villes impériales d'Alsace.
Au XVIe siècle, Ammerschwihr connaît un véritable développement, comme en témoignent les magnifiques bâtiments et édifices, dont quelques-uns sont encore visibles de nos jours : la tour des Bourgeois (1434), la tour des Fripons (1535), l'hôtel de ville, et l'église agrandie entre 1564 et 1585.
La ville subit l'invasion des Armagnacs en 1444 et la guerre des paysans en 1525. Son âge d'or se situe au XVIe siècle et va s'étendre jusqu'à la guerre de Trente Ans où la ville se range sous l'égide du roi de France en 1634. En 1789 lorsque la Révolution française abolit l'Ancien Régime, elle devient chef-lieu de canton et, en 1803, elle redevient paroisse. La ville est incendiée par les bombardements de décembre 1944 et janvier 1945 lors de la bataille d'Alsace alors que 85 % du village est détruit lors de la Libération par les troupes françaises et américaines. Seules l'église Saint-Martin, relativement épargnée, la porte haute et deux tours des fortifications témoignent aujourd'hui du passé. La ville redevient française le 18 décembre 1944. Entre 1948 et 1956, la reconstruction a lieu grâce à la compétence de l'architecte Charles Gustave Stoskopf.
L'église
Une simple chapelle s'élève sur l'emplacement de l'église actuelle dès 977. Le village est reconnu comme paroisse en 1149. En 1251, l'évêque de Bâle cède au monastère de Feldbach le droit de patronage de l'église.
Au choeur daté du XVe siècle, se rejoute entre 1564 et 1565, une nouvelle nef dans un style gothique tardif. Elle possède une tour clocher munie d'un portail surmonté d'un tympan sculpté représentant la crucifixion de Jésus avec deux anges adorateurs, Dieu le Père tenant la croix de son fils. Des baies gothiques éclairent la nef. Les verrières sont du XXe siècle de même que la travée de la nef ajoutée à l'extrémité occidentale.
L'intérieur de l'église comprend une triple nef avec, dans le vaisseau central, une magnifique chaire néo-gothique en grès des Vosges du XIXe siècle. La nef est séparée du grand chœur par un grand Christ en croix. Le maître-autel retable est du XXe siècle.
Remontant pour l'essentiel au XVe siècle, l'édifice, à première vue, présente un contraste signalant un écart chronologique entre, d'une part, le choeur et le transept, et d'autre part, les murs crépis de la nef, des collatéraux, du clocher et des sacristies. Avec leur parement en pierre de taille, le choeur et le transept constituent la partie la plus ancienne et la plus ancrée dans le gothique de l'église. Cet esprit gothique se retrouve dans l'élévation intérieure du vaisseau central où il n'y a pas de triforium. Les tentatives Renaissance se signalent dans les portes des murs gouttereaux, les chapiteaux toscans des colonnes séparant la nef centrale et les collatéraux, et les arcades qu'elles reçoivent. Le clocher, dont la première version datait du XIVe siècle, a été déplacé, reconstruit et muni d'un couronnement néo-gothique entre 1908 et 1912.
L'édifice est classé aux Monuments historiques le 25 juin 1946.
L'orgue
La tradition de l'orgue dans cette église est fort ancienne. La présence de Herr Johans comme organiste est attestée en 1534. Son instrument est d'un facteur inconnu.
En 1619, un nouvel instrument, probablement construit par Hans Werner Mudderer, est installé. Cet instrument est réparé vers 1668 par Hans Jacob Aebi. D'autres réparations sont effectuées en 1701, 1722 et 1744. L'instrument est déclaré « hors d'état de servir » en 1757.
La paroisse fait appel au facteur Louis Dubois (1726-1766), originaire de Montfaucon, dans le Jura suisse, qui construit un nouvel instrument de 1758 à 1762. Cet instrument compte 33 jeux sur deux claviers et demi et pédale. Le buffet, de style baroque, est construit par Martin Bergäntzel et décoré de sculptures réalisées par Antoine Ketterer II, de Colmar. L'orgue est reçu par Célestin Harst. Des réparations sont effectuées en 1798 et 1808 par Joseph Bergäntzel alors que Valentin Rickenbach en effectue en 1819, 1833, 1862 et 1867. Lors de son intervention en 1833, Valentin Rickenbach ajoute une Bombarde 16' à la Pédale. L'instrument est démonté en 1911 par Martin et Joseph Rickenbach lors des travaux de restauration de l'église.
Au début du XXe siècle, alors que le conseil municipal décide d'agrandir l'église, c'est l'occasion de remplacer l'orgue Dubois dont l'état est jugé vétuste. Martin et Joseph Rickenbach soumettent un devis qui prévoit outre la réutilisation du buffet (façade et côtés) et du jeu de Cornet de Dubois, un instrument de 44 jeux répartis sur trois claviers et pédale. Le projet est accepté le 8 octobre 1910. Plusieurs jeux sont remplacés par des registres plus romantiques. L'instrument est reçu par Henri Wiltberger et René Müller le 11 février 1912. L'inauguration a lieu le même jour par ces deux organistes auxquels se joignent Martin Mathias, organiste à la cathédrale de Strasbourg et Marie-Joseph Erb, organiste à l'église Saint-Jean à Strasbourg. L'orgue possède une de ses rares consoles "en terrasse", dessinées sur le modèle de celle de Saint-Sulpice à Paris. Elle possède des mini-tirants de combinaison libre, 10 pistons sous les claviers (à frontons biseautés) et deux grands cadrans.
Réquisitionnés par les autorités allemandes en 1917, les tuyaux de façade sont remplacés par Joseph Rickenbach. Reprenant l'entreprise de Joseph Rickenbach en 1935, Jean Lapresté modifie la structure sonore de l'instrument selon la mode « néo-classique » en ajoutant des jeux de Nasard, d'Octavin et de Tierce au Positif expressif.
Légèrement endommagé à la fin de la Seconde Guerre mondiale, l'instrument est restauré en 1946-1947 par le facteur Max Roethinger, de Strasbourg, qui remplace la traction pneumatique tubulaire par une traction électropneumatique, modifie les anches du Récit et remplace malheureusement la magnifique console d'origine et ses claviers par un modèle électrique inutilement complexe. De plus, il vide le Positif de dos et le remplace par un Positif intérieur expressif. L'orgue possède alors 44 jeux. Des relevages partiels sont entrepris en 1962 par la maison Muhleisen, en 1977 et 1980 par Laurent Steinmetz et en 2003 par Antoine Bois. L'orgue possède alors 47 jeux dont seulement 7 ne datent pas de 1912.
L'imposant buffet baroque est classé au titre des Monuments historiques le 11 janvier 1982.
Une restauration est réalisée en 2015-2016, par la maison Muhleisen, dirigée par Patrick Armand. À cette occasion, le grand buffet est avancé vers l'avant, ce qui restitue un meilleur équilibre visuel entre les deux corps. Dans les sommiers, les petits soufflets qui ouvrent le vent des cases vers les tuyaux et qui sont souvent cause de dysfonctionnements sont remplacés par des petits électro-aimants individuels. La composition d'origine de la Cymbale du Positif est restituée, avec ses rangs de tierce et de septième. L'instrument restauré est inauguré le 12 juin 2016 par Mathieu Freyburger et Pascal Reber.
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Ammerschwihr is a village located in the Haut-Rhin department in the Alsatian historical and cultural region. Its name probably comes from the German-speaking leader Almaric and from the Latin "villare" which means domain.
History
The Ammerschwihr region has been inhabited since the Bronze Age. During the Roman conquest, several fortifications were established on high grounds. The Almarici Villare name is used since 869. At that time, King Lothaire II donated properties in the region owned by Count Erchangar to the daughter of King Louis II the German. In the 10th century, it was still a royal farm when it became a city from the 15th century when merged with three villages: Ammerschwihr, Meywiller (or Minenwiller), Katzenwiller (or Katzenbach). This last village is the only one still known today. According to a charter dated in 977, Empress Adelaide donated her belongings in Ammerschwihr to the Murbach abbey while stipulating that all the villages will jointly own certain sections.
In the 14th century, three landlords shared the communal areas and its incomes: the German Holy Roman Empire, the Ribeaupierre and the Holandberg seigniories. Ammerschwihr was, for the first time, referred to as a city in 1367. In 1431, Emperor Sigismond granted the city the same rights as possessed by the other Alsatian imperial cities.
In the 16th century, Ammerschwihr developed as evidenced by the splendid buildings that were then erected some of which are still visible today: the Burghers tower (1434), the Rascals tower (1535), the town hall, and the church enlarged between 1564 and 1585.
The city was invaded by the Armagnacs in 1444 and suffered in the peasants' war in 1525. The 16th century was the city's golden age and lasted till the Thirty Years' War when the city took sides with the king of France in 1634. In 1789, when the French Revolution abolished the Old Regime, the city became the county chief town and, in 1803, it became a parish. The city was burned down by the December 1944 and January 1945 bombings during the battle of Alsace while 85% of the village was destroyed during the Liberation by the French and American troops. Only the St. Martin Church, relatively spared, its main door and the two fortification towers bear witnesses to the past. The city regained its French allegiance on December 18th, 1944. Between 1948 and 1956, reconstruction took place thanks to architect Charles Gustave Stoskopf's competence.
The Church
A modest chapel was present on the site of the actuel church as early as 977. The village was established as a parish in 1149. In 1152, the Bishop of Basel transferred the parish's responsibility to the Feldbach monastery.
To a chancel dating from the 15th century, a late-Gothic style nave was added between 1564 and 1565. It has a bell tower and a portal topped by a sculpted tympanum representing the Crucifixion of Jesus with two adoring angels, God the Father holding his son's cross. Gothic bays light the nave. The stained glass windows are from the 20th century as well as the extra bay in the nave added to the western end.
The church interior consists of a three-vessel nave with, in the central vessel, a splendid neo-Gothic 19th-century Vosges sandstone pulpit. The nave is separated from the large chancel by a large crucifix. The reredos main altar is from the 20th century.
Mainly going back up to the 15th century, the building, at first sight, introduces a contrast indicating a chronological distance between, on the one hand, the chancel and the transept, and on the other hand, the plastered walls in the nave, in the side aisles, in the bell tower and in the sacristies. With its cut stone, the chancel and the transept are the oldest and the most anchored sections in the church's Gothic style. This style is also found in the interior elevation of the central vessel where there is no triforium. Touches of Renaissance are found in the doors of the long walls, in the Tuscan capitals of the columns separating the nave from the side aisles, and in the archways they support. The bell tower, whose first version dates from the 14th century, has been moved, rebuilt and was provided with a neo-Gothic crowning between 1908 and 1912.
The building was classified as a "historical monument" on June 25th, 1946.
The Organ
The organ tradition in this church is very ancient. The presence of Herr Johans as organist was certified in 1534. His instrument was from an unknown organbuilder.
In 1619, a new instrument, probably built by Hans Werner Mudderer, was installed. This instrument was repaired by 1668 by Hans Jacob Aebi. Other repairs were carried out in 1701, in 1722 and in 1744. The instrument was declared « out of condition to serve » in 1757.
The parish called upon organbuilder Louis Dubois (1726-1766), from Montfaucon, in the Swiss Jura, who built a new instrument from 1758 till 1762. This instrument had 33 stops over two and a half manuals and pedal. The baroque-style organcase was built by Martin Bergäntzel and decorated with sculptures carried out by Antoine Ketterer II, of Colmar. The organ was accepted by Célestin Harst. Repairs were carried out in 1798 and 1808 by Joseph Bergäntzel while Valentin Rickenbach intervened in 1819, in 1833, in 1862 and in 1867. In his 1833 intervention, Valentin Rickenbach added a 16' Bombarde in the Pedal. The instrument was removed in 1911 by Martin and Joseph Rickenbach while restoration works were carried out in the church.
Early in the 20th century, while the town council decided to enlarge the church, it was the occasion to replace the Dubois organ whose condition was considered dilapidated. Martin and Joseph Rickenbach submitted a proposal which provided besides the reuse of the organcase (facade and sides) and of Dubois's Cornet stop, a 44-stop instrument with three manuals and pedal. The project was accepted on October 8th, 1910. Several stops were replaced with more romantic voices. The instrument was accepted by Henry Wiltberger and René Müller on February 11th, 1912. The inauguration took place the same day by these two organists joined by Martin Mathias, cathedral organist in Strasbourg and by Marie-Joseph Erb, organist in St. Jean Church in Strasbourg. The organ had one of these rare terrace consoles designed based on the one in St. Sulpice Church in Paris. It had free combination mini-drawknobs, 10 thumb pistons under the manuals (with beveled faces) and two large dials.
Requisitioned by the German authorities in 1917, the facade pipes were replaced with Joseph Rickenbach. Taking over Joseph Rickenbach's firm in 1935, Jean Lapresté modified the tonal structure of the instrument to meet the 'neoclassical' fashion by adding Nasard, Octavin and Tierce stops in the enclosed Positif.
Slightly damaged at the end of the Second World War, the instrument was restored in 1946-1947 by organbuilder Max Roethinger, of Strasbourg, who replaced the tubular pneumatic action with an electro-pneumatic action, modified the reeds in the Récit and unfortunately replaced the splendid original console and its manuals with an unnecessarily complex electrical model. Besides, he emptied the back Positif case and created an enclosed interior Positif. The organ had then 44 stops. Partial restoration projects were undertaken in 1962 by the Muhleisen firm, in 1977 and 1980 by Laurent Steinmetz and in 2003 by Antoine Bois. The organ had then 47 stops among which only 7 are not from 1912.
The imposing baroque organcase was classified as "historical monument" on January 11th, 1982.
I. Grand-Orgue |
II. Positif |
|||
---|---|---|---|---|
Bourdon | 16' | Montre | 8' | |
Montre | 8' | Cor de nuit | 8' | |
Bourdon | 8' | Flûte à cheminée | 8' | |
Flûte majeure | 8' | Quintaton | 8' | |
Dulciana | 8' | Salicional | 8' | |
Viole de gambe | 8' | Unda Maris | 8' | |
Octavin | 4' | Prestant | 4' | |
Flûte à cheminée | 4' | Nasard | 2 2/3' | |
Doublette | 2' | Octavin | 2' | |
Tierce | 1 3/5' | Tierce | 1 3/5' | |
Cornet | V | Cymbale | III | |
Mixture | V | Clarinette | 8' | |
Trompette | 8' | Tremolo | ||
Clairon | 4' |
III. Récit |
Pédale |
|||
---|---|---|---|---|
Quintaton | 8' | Contrebasse | 16' | |
Diapason | 8' | Violon | 16' | |
Cor de nuit | 8' | Soubasse | 16' | |
Flûte traversière | 8' | Bourdon | 8' | |
Viola | 8' | Violoncelle | 8' | |
Voix céleste | 8' | Quinte | 5 1/3' | |
Flûte octaviante | 4' | Basse | 4' | |
Octavin | 2' | Bombarde | 16' | |
Plein Jeu | V | |||
Basson | 16' | |||
Trompette | 8' | |||
Basson-Hautbois | 8' | |||
Voix humaine | 8' | |||
Clairon | 4' | |||
Tremolo |