Description [Français / English] |
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Située entre la Méditéranée et les Pyrénées, la ville de Perpignan peut s'enorgueillir d'une longue et riche histoire qu'il est possible de remonter jusqu'à une bourgade celtique appelée Ruscino. Ruscino devint plus tard Rosselo, qui a donné au Moyen-Âge son nom au Roussillon. Le comté de Roussillon, avec sa capitale née au dixième siècle et tirant son nom de la Villa Perpiniani, a d'abord appartenu à Barcelone ainsi qu'à partir de l'année 1172 au Royaune d'Aragon. En 1262, le Roussillon et les Baléares s'unirent pour former le Royaume de Majorque, et Perpignan devint avec Palma de Majorque la deuxième résidence du Royaume. Lorsqu'en 1349 le domaine revint à l'Aragon espagnol, les travaux de la cathédrale de Perpignan, commencés en 1324, furent interrompus. Continués par la suite non sans mal, ce n'est que cent ans plus tard, sous l'évêque Albert (1431-1453) qu'ils furent repris avec un nouvel élan. Ils furent achevés à la fin du 15e siècle, après l'acquisition du territoire, en 1462, par le roi de France, Louis XI. L'église, qui comporte une seule nef, un transept à peine saillant et une large abside, fut finalement consacrée en 1509.
L'intérieur de la cathédrale, plongé dans un clair-obscur mystique, s'enrichit, à la fin du 15e siècle, d'un magnifique buffet d'orgue de style gothique flamboyant. Ce buffet, sans doute achevé avant 1490 (date de la nomination du clerc Tarrats comme premier organiste de la cathédrale) est resté jusqu'à nos jours pour ainsi dire dans son état d'origine, et est considéré comme l'un des plus anciens et des plus grands de l'histoire de la facture d'orgues. Le façade plate, divisée en plusieurs étages, pouvait, à l'origine, être fermée par deux volets peints, exécutés en 1504 par un maître anonyme, démontés en 1843 pour être fixés aux murs d'une chapelle latérale de la cathédrale. Ces oeuvres d'art monumentales, d'une hauteur d'environ douze mètres et d'une largeur de plus de quatre mètres, représentent le baptême du Christ et la fête chez Hérode. La thématique des représentations sur la face extérieure des volets n'a pas encore été explicitée.
Les orgues
L'orgue principal
Au-dessous du buffet posé en nid d'hirondelle, une tête de Maure, munie d'une mâchoire inférieure articulée, est placée en pendentif sous le cul de lampe. Une pédale permettait à l'origine de faire jaillir une langue de la mâchoire. Si dans les cathédrales gothiques les figures démoniaques symbolisant le mal étaient bannies de l'intérieur du bâtiment et placées sur les murs extérieurs en tant que gargouilles, les représentations figuratives du démon, dans la facture d'orgues de l'époque, étaient rejetées au point extrême du buffet, à un endroit où l'organiste pouvait symboliquement d'un coup de pied les obliger à accomplir un acte ridicule, et démontrer ainsi à l'assemblée que Jésus-Christ est le Seigneut et que Satan, qu'il le veuille ou non, doit entonner à sa manière les louanges de Dieu. La facture d'orgues espagnole connaît cette représentation du diable sous la forme d'un Maure, évoquant par là la victoire sur l'Islam et les Arabes (les Maures) qui avaient dès 711 occupé, pour des siècles, la péninsule ibérique et n'avaient perdu Grenade, leur dernier royaume, qu'en 1492.
Le buffet de l'orgue a une hauteur de 19,75 mètres et une largeur de 8,80 mètres. Il renfermait, à l'origine, un instrument de 21 jeux sur deux claviers et pédalier, construit par un maître espagnol anonyme. Au-dessus de la console en fenêtre, la plate-face centrale du premier étage avait une rare disposition des tuyaux en montre inversés. Un positif de dos fut ajouté en 1550. André Eustache et son fils Jean apportèrent, en 1682, quelques modifications à l'instrument, avant que Jean de Joyeuse ne plaçat dans le buffet un nouvel orgue de 28 jeux sur trois claviers manuels et pédalier. De 1743 à 1744 furent effectués d'autres travaux (révision) par Claude Moucherel, et en 1786, par Jean Pujol (ajout de quatre jeux). Après une reconstruction malheureusement effectuée en 1844 par Larroque (III/P/50), Aristide Cavaillé-Coll fut chargé, en 1854, d'opérer une rénovation complète de l'instrument.
Le devis de Cavaillé-Coll, en date du 12 novembre 1850, envisage la suppression du positif de dos et la construction d'un nouvel instrument de 58 jeux sur quatre claviers manuels et pédalier, 33 jeux de l'instrument existant pourraient être conservés, ainsi que les vieux sommiers. Les sommiers destinés aux jeux de fonds et aux jeux de combinaison seraient équipés de layes doubles. Toutes les parties situées entre la façade du buffet historique et le mur extérieur de la cathédrale devaient être redistribuées:
Contrairement aux usages anciens, Cavaillé-Coll n'a pas fait sonner le Positif au premier, mais au troisième clavier manuel, et a disposé les différents claviers en fonction de leur intensité sonore: Bombarde (I), Grand-Orgue (II), Positif (III), Récit expressif (IV). L'exécutant dispose en fait, pour ce qui concerne les timbres, seulement d'un instrument à deux claviers et pédalier, car le Grand-Orgue et la Bombarde d'un côté, le Positif et le Récit expressif de l'autre constituent respectivement un seul plan sonore, chaque plan étant en outre rattaché à une machine Barker commune.
La montre de 24 pieds d'origine - ses tuyaux les plus hauts mesurent plus de dix mètres, sont faits de bois et recouverts d'une feuille d'étain - était restée muette jusqu'en 1854. Aristide Cavaillé-Coll l'a révisée soigneusement, permettant de retrouver sa voix d'origine.
Les grandes orgues ont été inaugurées le 24 décembre 1857. Elles ont subi quelques transformations, par le facteur Maurice Puget, de Toulouse, entre 1928 et 1930 (ajout de 17 jeux). De 1991 à 1993, Jean Renaud, de Nantes, a remis l'instrument dans son état de 1857, à l'exception de l'étendue des claviers (originalement 54 notes pour les claviers manuels et 25 notes pour la pédale) et de la machine Barker installée par Maurice Puget pour le Récit expressif.
En février 1899, le buffet original fut classé « Monument historique » alors que les volets déposés dans une chapelle, le furent en février 1964.
Günter Lade
L'orgue de choeur
Cet instrument, construit par Aristide Cavaillé-Coll au coût de 20 000 francs, est placé derrière le maître-autel à l'avant de la cathédrale. La tuyauterie est cachée derrière un écran de pierre sculptée alors que le son est projeté au travers de l'arcade principale. Comme la tuyauterie est cachée, Cavaillé-Coll a saisi l'occasion pour rendre expressives les divisions du Grand-Orgue et du Récit; un système qu'il utilisa à quelques occasions ailleurs. La console, faisant face à la nef, est placée au-dessous et quelque peu devant la tuyauterie. La traction est entièrement mécanique. Il n'existe pas de jeu indépendant à la pédale.
[cliquer sur l'image ou ici pour obtenir une version agrandie]
Perpignan, which lies between the Mediterranean and the Pyrenees, has a rich and varied history which began in a Celtic village named Ruscino. This name later became Rosselo and then Roussillon in the Middle Ages. This region and its capital, which grew from the Villa Perpiniani in the 10th century, first belonged to Barcelona and then fell to the House of Aragon in 1172 before becoming the Kingdom of Majorca together with the Balearic Islands in 1262; Perpignan was named the kingdom's second capital after Palma de Mallorca. When this area was returned to the Spanish Aragon in 1349, the construction work on the cathedral in Perpignan (begun in 1324) was stopped and later progressed only gradually. Not until one hundred years later, under Bishop Albert (1431-1453), was work resumed with a great deal of enthusiasm. The cathedral was completed at the end of the 15th century after the French king Louis XI purchased the area in 1462. This place of worship, which has one nave, a short transept and a broad apse, was consecrated in 1509.
The interior, bathed in a mystic twilight, was given a richly decorated Flamboyant Gothic organ case late in the 15th centory. Certainly completed sometime before 1490, when a priest named Tarrats was made the cathedral's first organist, it is one of the oldest and largest organ cases in the world and has undergone only few changes. The flat front was equipped with two painted doors completed by an anonymous master in 1504. In 1843, the doors were removed and mounted on the walls of a side chapel located inside the cathedral. This monumental work of art, which is approximately 12 meters high and almost 4 meters wide, is decorated with a scene of the baptism of Christ and Herod's celebration, while the motifs on the rear are unknown.
The organs
The Main Organ
A Moor's head with a movable lower jaw can be found at the lower end of the loft under the organ case; most likely, the head formerly stuck out its tongue when a pedal was depressed. While demonic figures were banned from the church's interior during the Gothic period, thereafter appearing only as gargoyles on outer walls, representations of the Devil were often placed at the outermost point on the organ case. The organist could give it a kick, thereby making the figure do something ridiculous. This was done to demonstrate that Jesus Christ is the Lord and Satan must also praise God whether he wanted to or not. As is the case in Perpignan, the Devil was sometimes depicted as a Moor in Spanish cathedrals, reminding the congregation of the victory over Islam and the Arabs (Moors), who had occupied the Iberian Peninsula for centuries, from 711 until losing Granada, their last foothold, in 1492.
The organ case, 19.75 meters high and 8.8 meters wide, originally contained an organ with 21 stops on two manuals and pedals and was built by an unknown Spanish master. The front pipes of the central flat were arranged diametrically opposed one forming a mirror-image of the other, and a Rückpositiv was added in 1550. In 1682, André Eustache and his son Jean worked on this instrument before Jean de JOyeuse added a new organ with 28 stops on three manuals and pedals in the years from 1685 to 1688. Work was also performed from 1743 to 1744 by Claude Moucherel (maintenance), in 1786 by Jean Pujol (four new stops added), and, unfortunately, by Larroque who rebuilt the instrument (III/P/50) in 1844. In 1854, Aristide Cavaillé-Coll was finally commissioned to perform a through renovation.
As detailed in his cost estimate of November 12, 1850, Cavaillé-Coll planned to build a new instrument with 58 stops on four manuals and pedals and dispense with the Rückpositiv, which was not considered worth keeping. In addition to 33 old stops, the old wind chests of the existing instrument were used, and double wind boxes were added for the jeux de fonds and the jeux de combinaison. Finally, all divisions of the organ were placed between the original front and the cathedral's outer wall in a new arrangement:
Going against established tradition, Cavaillé-Coll had the Positive play on the third manual rather than the first, thereby using the following order: Bombarde (I), Grand-Orgue (II), Positif (III), and Récit expressif (IV), in accordance with the intensity of the respective divisions. It turned out that Cavaillé-Coll had in fact created a two-manual organ, as the Bombarde and Grand-Orgue form one acoustic level, as fo the Positif and Récit expressif, with both pairs being connected by Barker machines.
The 24' pipes in the front were silent until 1854; the largest, over twn meters high, are made of wood covered with tin foil. Aristide Cavaillé-Coll exercised great care when restoring their sound.
The instrument was inaugurated on December 24, 1857; Maurice Puget (Toulouse) spent the years from 1928 to 1930 rebuilding it and adding 17 stops. From 1991 to 1993, Jean Renaud (Nantes) returned the organ to its specification of 1857 with the exception of the keyboards compass (originally 54 notes for the manuals and 25 notes for the pedal) and the Barker machine, which Puget added for the Récit expressif.
The organ case was listed as « Historic landmark » in February 1899 while the doors of the organcase stored in a side chapel were listed in February 1964.
Günter Lade
The Chancel Organ
This instrument, built by Aristide Cavailéé-Coll at a cost of 20,000 francs, is located behind the main altar at the front of the cathedral. The pipework is hidden behind an ornate stone screen, the sound projecting through a central archway. As the pipework is hidden, Cavaillé-Coll took the opportunity to enclose both Great and Swell divisions in seperate cases, a scheme he adopted occasionnally elsewhere. The console stands below and slightly forward of the pipework, facing down the nave (although the view is obscured by the back of the main altar). The action is entirely mechanical. There are no independent pedal stops.
It was inaugurated on March 17th and 18th, 1879.
I. Bombarde |
II. Grand-Orgue |
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Flûte | 16' | Montre | 16' | |
Bourdon | 16' | Bourdon | 16' | |
Bourdon | 8' | Gambe | 16' | |
Flûte harmonique | 8' | Bourdon | 16' | |
Prestant | 4' | Montre | 8' | |
Flûte octaviante | 4' | Gambe | 8' | |
Octavin | 2' | Bourdon | 8' | |
Cornet | V | Prestant | 4' | |
Bombarde | 16' | Octave | 4' | |
1re Trompette | 8' | Doublette | 2' | |
2e Trompette | 8' | Fourniture | V | |
Clairon | 4' | Cymbale | IV | |
Trompette | 8' | |||
Clarinette | 8' | |||
Clairon | 4' |
III. Positif |
IV. Récit |
|||
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Quintaton | 16' | Flûte harmonique | 8' | |
Montre | 8' | Violoncelle | 8' | |
Bourdon | 8' | Quintaton | 8' | |
Salicional | 8' | Voix céleste | 8' | |
Prestant | 4' | Flûte octaviante | 4' | |
Dulciane | 4' | Viole | 4' | |
Quinte | 2 2/3' | Octavin | 2' | |
Doublette | 2' | Cornet | V | |
Plein-jeu | III | Trompette | 8' | |
Trompette | 8' | Basson-Hautbois | 8' | |
Cromorne | 8' | Cor anglais | 8' | |
Clairon | 4' | Voix humaine | 8' |
Pédale |
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Quintaton | 32' |
Flûte | 16' |
Flûte | 8' |
Flûte | 4' |
Bombarde | 16' |
Basson | 16' |
Trompette | 8' |
Clairon | 4' |
Autres caractéristiques / Other details
I. Grand-Orgue |
II. Récit |
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---|---|---|---|---|
Bourdon | 16' | Flûte traversière | 8' | |
Principal | 8' | Viole de gambe | 8' | |
Bourdon | 8' | Voix céleste | 8' | |
Prestant | 4' | Flûte octaviante | 4' | |
Plein-Jeu | ?? | Octavin | 2' | |
Trompette | 8' | Basson-Hautbois | 8' | |
Clairon | 4' | Voix humaine | 8' |
Pédale |
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Aucun jeu indépendant / No independent stop |
Autres caractéristiques / Other details