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Inconnu/Unknown 1768 / Franz 1811 Rinckenbach 1852 / Blumenroeder 2014
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La présence d'une église est attestée à Raedersdorf depuis 1290. Les trois niveaux inférieurs de la tour datent de l'ancienne église qui a été agrandie, probablement en 1682, date gravée sur la porte (déplacée) située entre la tribune et la tour. Elle est certainement à la place de l'actuelle porte occidentale qui provient de l'abbaye cistercienne de Lucelle et qui a été mise en place à une date indéterminée. Les deux niveaux supérieurs et la flèche de la tour sont construits à la place de l'ancien toit à deux versants.
La paroisse devient autonome en 1751 et jusqu'à la Révolution française, elle dépend du diocèse de Bâle. Avant cette date, elle est desservie par le curé de Ferrette. La nef et le choeur sont reconstruits en 1807, la date figure sur la porte sud murée. Tout le décor stuqué de l'église est réalisé par le sculpteur et stucateur Joseph-Antoine Feuerstein en 1811. L'église a été consacrée en 1851 par Mgr Andreas Raess, évêque de Strasbourg.
L'orgue
À la Révolutoin française, en 1792, l'abbaye de Lucelle, alors la plus riche abbaye cistercienne d'Alsace, est fermée. Le mobilier baroque est vendu aux enchères publiques. La Révolution permet à de nombreux villages d'acquérir un orgue parmi les nombreux orgues conventuels mis en vente. Le 25 octobre 1792, Étienne Meister et Joseph Dirring achètent, au nom de la commune de Raersdorf, l'orgue de choeur, qui possède 18 jeux répartis sur un seul clavier et pédalier, de l'abbaye de Lucelle pour le prix assez considérable de 2 250 livres.
L'importante abbaye cistercienne de Lucelle, encore florissante à la Révolution et située sur la frontière avec la Suisse, dispose d'un grand orgue érigé en 1728 par Joseph Waltrin ainsi que de deux orgues de choeur installés en 1767-1768 par Johann Baptist Hug, de Fribourg-en-Brisgau, et situés de part et d'autre des stalles, mais dont seul l'un des deux est fonctionnel, l'autre étant limité à une façade postiche. Le décès de Hug le 12 juin 1768 met en doute au fait qu'il soit le véritable auteur de l'orgue de choeur. C'est le menuisier de l'abbaye, et non un facteur d'orgues inconnu, qui réalise le buffet.
Lorsque vendus, tous ces éléments sont mélangés dans trois orgues différents par Stephan Flum, de Mertzen. Le grand corps de l'orgue de Waltrin est transféré et installé, en 1794, pour l'essentiel, à Ottmarsheim où il brûlera en 1991, mais sur les dix colonnes cannelées de la tribune, confectionnées par le sculpteur Hugues Jean Monnot, deux seulement sont réutilisées à Ottmarsheim, alors que quatre vont à Raersdorf où se retrouvent aussi quelques éléments décoratifs de l'orgue de tribune. En 1793, à Mertzen, Flum construit et installe un orgue en réutilisant le positif de dos de Waltrin ainsi que la façade non fonctionnelle et les deux parois latérales de l'orgue de choeur. Pour Raersdorf, il reste l'orgue de choeur ainsi que quelques éléments décoratifs du grand orgue de tribune et deux sommiers de pédale prévus pour 18 notes.
Là où les choses se compliquent, c'est que Stephan Flum, le facteur impliqué dans ce qu'il faut bien appeler une vaste opération spéculative portant sur des biens confisqués par la Révolution, avait pour habitude de croiser les orgues, en assemblant de nouveaux à partir d'éléments cannibalisés sur d'autres. De toute évidence, le positif de dos et le grand buffet de Raedersdorf ne proviennent pas du même orgue. Donc, après les divers bricolages des spéculateurs, l'orgue de choeur de Lucelle se retrouve à Raedersdorf, et après quelques années de fonctionnement, il est remplacé, lors des travaux de la reconstruction de la nef en 1807, par un instrument cohérent dont la construction est confiée à quelqu'un du métier.
En 1811, le facteur suisse Johann Franz (1769-1830) et son compagnon Joseph Scharzen reconstruisent l'orgue en réutilisant divers fragments des boiseries provenant de Lucelle. Ils conservent la tuyauterie du Cornet, du Plein Jeu ainsi que les deux sommiers de pédale.
En 1852, le facteur Valentin Rinkenbach remplace quatre jeux : une basse de Basson par une basse de Trompette et la Tierce par un Clairon au Grand-Orgue tandis qu'un Salicional et un Basson-Hautbois an Positif qui remplacent un Nazard et une Octave tout en transformant la Bombarde de pédale en Ophicléide. Les travaux sont reçus par Étienne Moll et Martin Fox.
En 1867, à la suite de dégâts causés par des travaux à l'édifice, l'orgue est réparé par Meinrad Burger. Les travaux incluent le remplacement des soufflets cunéiformes par un réservoir à tables parallèles. Il harmonise l'instrument au diapason 423.
En 1917, les tuyaux en étain de la façade sont réquisitionnés par les autorités allemandes. Ceux-ci sont remplacés par une nouvelle façade en étain en 1924 par Alfred Berger. De plus, il place une Voix céleste au Positif à la place du Nasard ainsi qu'une Viola 4', un Violoncelle à la Pédale à la place de l'anche de 16' de Rinkenbach, et, au Grand-Orgue, remplace la Spitzflöte par une Gambe 8', le Nasard par un Dolce (Salicional) 4', et le Clairon de 1852 par une Flûte harmonique. Le clavier principal reçoit aussi une Fugara 4' de Rinckenbach, et le Bourdon 8' doit être partiellement remplacé.
En 1973, le facteur Christian Guerrier exécute un relevage. Classé « monument historique » le 19 septembre 2000, l'instrument est restauré en 2012-2014 par Quentin Blumenroeder. L'orgue retrouve son état de 1811 sauf les deux jeux d'anches de Rinkenbach (1852). L'alimentation en vent est reconstruite avec trois soufflets cunéiformes. La nouvelle console est construite sur le modèle de l'orgue Aloïse Moser de Fribourg.
L'instrument restauré est inauguré par Vincent Warnier le 16 février 2014.
Cet orgue est l'ouvrage le mieux conservé de Johann Franz. Il se distingue par une étendue des claviers exceptionnelle pour l'époque : 56 notes. Il s'agit d'un orgue unique en France, non seulement en tant que dernier témoin de l'art de Johann Franz, mais aussi en tant qu'exemple de la facture helvétique du début du XIXe siècle sur le territoire français.
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The presence of a church in Raedersdorf is certified since 1290. The three lower levels of the tower date from the old church which was extended, probably in 1682, date engraved on the (displaced) door located between the gallery and the tower. It certainly replaced the actual western door that came from the Lucelle Cistercian Abbey and which was installed at an unspecified date. The upper two levels and the steeple of the tower were built to replace the former two-sloped roof.
The parish became independent in 1751 and up to the French Revolution, it was part of the Basel diocese. Before that date, it was served by the Ferrette parish priest. The nave and the chancel were rebuilt in 1807, the date appears on the now walled south door. All the stucco decor in the church was executed by sculptor and plasterer Joseph-Antoine Feuerstein in 1811. The church was consecrated in 1851 by Bishop Andreas Raess, of Strasbourg.
The Organ
At the French Revolutoin, in 1792, the Lucelle Abbey, then the richest Cistercian abbey in Alsace, was closed. The baroque furniture was sold by public auction. The Revolution allowed several villages to acquire an organ among the many conventual organs put up for sale. On October 25th, 1792, Étienne Meister and Joseph Dirring, acting for the raedersdorf village, bought Lubelle Abbey's chancel organ which had 18 stops over one manual and pedal for the rather considerable price of 2,250 pounds.
The important Lucelle Cistercian abbey still flourishing when the Revolution erupted and located on the border with Switzerland owned a large organ built in 1728 by Joseph Waltrin and two chancel organs installed in 1767-1768 by Johann Baptist Hug, of Fribourg-en-Brisgau. These were located on either side in the stalls, but only one of the two was functional, the other one being only a silent facade. Hug's death on June 12th, 1768, raises the question whether he is or not the true builder of the chancel organ. It was the abbey's carpenter, and not an unknown organbuilder, who completed the organcase.
When sold, all these elements were mixed in three different organs by Stephan Flum, of Mertzen. The major part of the Waltrin organ was transferred and installed, in Ottmarsheim, in 1794, where it was lost in a fire in 1991, but the ten fluted columns of the gallery, executed by sculptor Hugues Jean Monnot, only two were reused in Ottmarsheim, while four of them went to Raersdorf where they joined some decorative elements from the gallery organ. In 1793, in Mertzen, Flum built and installed an organ where he reused Waltrin's back positive as well as the chancel organ's fake facade and both lateral walls. The chancel organ as well as some decorative elements of the gallery organ and two 18-note Pedal windhests were used for Raedersdorf's organ.
Things become more complicated. Stephan Flum, the organbuilder involved in what could be called a large speculative operation concerning confiscated properties at the Revolution, used to mix cannibalized elements from different organs to build new ones. Obviously, the back positive and the main organcase in Raedersdorf do not come from the same instrument. Therefore, after the various maneuvers by the speculators, the Lucelle's chancel organ arrives in Raedersdorf where, after some years of functioning, it was replaced when the nave was rebuilt in 1807, by a more consistent instrument built by a true organbuilder.
In 1811, Swiss organbuilder Johann Franz (1769-1830) and his companion Joseph Scharzen rebuilt the organ reusing several woodwork elements coming from the Lucelle instrument. They kept the pipework for the Cornet, the Plein Jeu as well as both Pedal windchests.
In 1852, organbuilder Valentin Rinkenbach replaced four stops: the Basson bass by a Trompette bass and the Tierce by a Clairon in the Grand-Orgue while a Salicional and a Basson-Hautbois replaced the Nazard and the Octave in the Positif while transforming the Bombarde in the Pedal into an Ophicléide. Works were received by Étienne Moll and Martin Fox.
In 1867, following damage caused by works carried out in the building, the organ was repaired by Meinrad Burger. Works included the replacement of the wedge bellows by a horizontal reservoir. He voiced the instrument to diapason 423.
In 1917, the tin facade pipework was requisitioned by the German authorities. It was replaced with a new tin facade in 1924 by Alfred Berger. Besides, he installed a Voix céleste in the Positif to replace the Nasard, a Viola 4' and a Violoncello in the Pedal to replace Rinkenbach's 16' reed, and, in the Grand-Orgue, he replaced the Spitzflöte with a Gambe 8', the Nasard with a Dolce (Salicional) 4', and the 1852 Clairon by a Harmonic Flute. The main manual also received a Fugara 4' from Rinckenbach, and the Bourdon 8' had to be partly replaced.
In 1973, organbuilder Christian Guerrier carried out a relevage. Classified as a 'historic monument' on September 19th, 2000, the instrument was restored in 2012-2014 by Quentin Blumenroeder. The organ returned to its 1811 specifications except for both Rinkenbach's reed stops (1852). The wind system was rebuilt with three wedge bellows. The new console was built based on Aloïse Moser's instrument in Fribourg.
The restored instrument was inaugurated in a concert played by Vincent Warnier on February 14th, 2014.
This organ is the best preserved work by Johann Franz. Its original 56-note manual compass is a distinctive feature. It is a unique organ in France, not only as the last witness of Franz's art, but also as example of the Swiss organbuilding art early in the 19th century in French territory.
I. Positif de dos |
II. Grand-Orgue |
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Montre | 8' | Coppel | 16' | |
Coppel | 8' | Principal | 8' | |
Rohrflöte | 4' | Coppel | 8' | |
Nasat | 2 2/3' | Spitzlöte | 8' | |
Octav | 2' | Prestant | 4' | |
3Mixtur | I | Rohrflöte | 4' | |
1Basson-Hautbois | 8' | Quint | 2 2/3' | |
Tremblant doux | Octave | 2' | ||
Terz | 1 3/5' | |||
4Cornet | I-V | |||
Mixture-Tierce 1 3/5' | III | |||
1Trompette | 8' |
Pédale |
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Flöte | 16' |
Flöte | 8' |
2Bombard | 16' |
Trompete | 8' |
1 | Jeu de Rinkenbach / Stop by Rinkenbach | |
2 | Jeu de Blumroeder / Stop by Blumroeder | |
3 | C-h 1', c1-g3 4' | |
4 | C-h 4' puis Cornet V habituel / C-h 4', then usual Cornet V |