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Le Temple Neuf de Strasbourg est une paroisse protestante de confession luthérienne. Il occupe l'emplacement de l'ancienne église des Dominicains construite aux alentours de 1260. Le choeur de cette église contenait la grande bibliothèque de la ville.
En 1524, cette église catholique passe aux mains des réformateurs. Le couvent dominicain est fermé et l'église sert, pendant quelques temps, de lieu de culte aux réfugiés protestants étrangers.
En 1681, Strasbourg perd son statut de ville autonome et se voit intégré à la Couronne française. Sous l'impulsion de Louis XIV, les protestants sont forcés de rendre la Cathédrale Notre-Dame aux catholiques. La paroisse protestante de la cathédrale est transférée, en catastrophe, dans l'ancienne église des Dominicains. D'importants travaux de réfection sont nécessaires car, inutilisé depuis plusieurs décennies, l'édifice souffre d'un état de dégradation avancé. L'édifice fut renommé « Neue Kirche » (Temple Neuf). Conséquemment, le bâtiment accueille, désormais, dans sa bibliothèque, les archives historiques de la ville ainsi que de très nombreux ouvrages littéraires de grande valeur. Elle devient la première paroisse protestante de France sous la direction d'un certain Jean Calvin.
Durant la guerre franco-allemande ou franco-prussienne qui dura du 19 juillet 1870 au 29 janvier 1871 et où le Second Empire français s'oppose au royaume de Prusse et ses alliés allemands, la ville de Strasbourg subit un des pires désastres de son histoire. Plus de 200 000 obus atteignent la ville, soit presque 6 000 par jour, faisant 10 000 sans-abris, et transformant de nombreux monuments de la ville en ruines fumantes. Dans la nuit du 24 au 25 août 1870, l'église subit les assauts répétés de l'artillerie prussienne. En quelques heures, il ne resta que les murs de l'édifice et 400 000 volumes, dont 24 000 manuscrits et 9 000 incunables, furent anéantis par les flammes. Seulement deux ouvrages furent récupérés mais en fort mauvais état. Les vitraux survécurent parce qu'ils avaient été retirés vers 1830. Ce terrible bombardement mena à la reddition de la ville devant les Prussiens, le 28 septembre 1870.
Strasbourg devenue allemande, l'envahisseur germanique se lance dans une extraordinaire politique de restructuration urbaine dans le but de faire oublier son image d'assiégeant et de destructeur. C'est dans ce contexte que s'inscrit la réédification du Temple Neuf. Un grand concours est organisé et remporté par un cabinet d'architectes parisiens. Mais, au dernier moment, les parisiens se retirent du projet, laissant la place à l'architecte local Emile Salomon, qui reconstruit l'édifice dans un style néo-roman. L'édifice fut érigé de 1874 à 1877 recouvert en grès rose.
L'orgue
Les Dominicains semblent avoir acquis leur premier orgue pour cet édifice dès 1292. Il y eut au moins un deuxième instrument en 1450. Il y avait un orgue de choeur en 1589 qui fut, en 1595, transféré par Hans Klein à l'église protestante Saint-Nicolas.
Le premier grand orgue de cette église fut placé en 1681. Il provenait de la cathédrale où il était installé sur un jubé. Il avait été construit en 1660 par Mathias Tretzscher, de Culmbach. Cet orgue fut repris par Claude Legros et Friedrich Ring. Ring avait pour projet de construire un grand orgue pour l'édifice, mais cet instrument, finalement achevé par Claude Legros, a été installé à Ribeauvillé, où il est encore en usage.
Johann Andreas (Jean-André) Silbermann construisit son orgue entre les mois d'avril et de novembre 1749. Pour lui, c'était un de ses orgues préférés. Lorsqu'il accueillit Wolfgang Amadeus Mozart à Strasbourg en octobre 1778, il l'invita à essayer deux de ses instruments : celui de Saint-Thomas et celui du Temple-Neuf. Malheureusement, cet instrument fut détruit avec l'église lors du bombardement d'août 1870.
Après sa reconstruction, le Temple Neuf avait pour organiste le célèbre Théophile Stern (1803-1886) qui entretenait de bonnes relations avec le facteur Joseph Merklin, qui était, sur le terrain parisien, le seul à pouvoir rivaliser, par la qualité de ses réalisations, avec Aristide Cavaillé-Coll. Malgré que les instruments de Merklin soient dispendieux, ils étaient considérés comme étant de haute qualité. Un projet de 44 jeux sur trois claviers manuels et pédalier avait été élaboré par Charles Wetzel en 1874, mais il ne fut pas retenu.
Le devis proposé par Merklin faisait état d'un instrument de 40 jeux répartis sur trois claviers manuels et pédalier. Or, celui livré comportait 43 jeux avec traction mécanique et machine Barker. C'était un grand instrument de 16 pieds avec un Bourdon 32' à la Pédale. Le tout dans un buffet en chêne (13,8 mètres/45 pieds de haut et 7,8 mètres/26 pieds de profondeur), non pas de la maison Klem comme la plupart des autres Merklin d'Alsace, mais de la maison Dock et Blumet sur des dessins de l'architecte Emile Salomon. Les sculptures furent confiées à Jean-Baptiste Dock. Quant à la console mécanique et indépendante, elle était placée sous l'orgue. L'instrument fut inauguré le 26 septembre 1877 par Alexandre Guilmant.
La maison Walcker exécuta des travaux sur l'instrument en 1900 et les tuyaux en étain de la façade furent réquisitionnés par les autorités allemandes en 1917.
Après avoir effectuer des réparations en 1923-1924, Frédéric Haerpfer installe, en 1934, une nouvelle transmission pneumatique afin que la console devienne indépendante et quitte son emplacement jugé prohibitif à l'époque. De plus, il modifie quelques jeux dont la Clarinette du Positif qui cède sa place à un Cromorne. Cette transformation entraîne la perte des sommiers Merklin lesquels ont été remplacés par des sommiers à cônes. À ce stade, l'instrument ne conserve de Merklin que le buffet, la quasi-totalité de la tuyauterie et la majeure partie de la soufflerie.
À la suite de problèmes occasionnés par le système pneumatique de Haerpfer, la console doit être électrifiée par Ernest Muhleisen en 1954. Le facteur profite de l'occasion pour modifier quelques jeux, modifications qui accentuèrent le caractère néo-baroque de l'instrument:
Le buffet est inscrit à l'Inventaire supplémentaire en 1993. Malgré les transformations radicales apportées à l'instrument, celui-ci conserve une part très significative de son matériel d'origine, ce qui a justifié son classement au titre des « Monuments historiques » le 11 mai 1995. Cet instrument constitue l'un des rares témoins de la facture symphonique parisienne en Alsace, province qui est restée assez fermée à cet esthétique, étant très fidèle à ses traditions régionales durant les deux premiers tiers du XIXe siècle, avant de céder à l'influence de la facture germanique après l'annexion de 1870. En ce sens, cet instrument occupe une place de choix dans le parc organistique alsacien.
Le 19 septembre 2000, la Commission des Monuments Historiques décide que l'orgue serait restauré à l'identique de 1877 avec retour à la traction mécanique et machine Barker ainsi qu'à la composition originale, mais avec les ajouts suivants :
De plus, la console est à nouveau, comme à l'origine, placée sous le buffet. Il existe des jeux de combinaisons pour chaque clavier, un forte général, un effet d'orage, et l'expression est commandée par pédale à bascule alors qu'en 1877, elle était commandée par une cuiller.
Le contrat des travaux est accordé à Nicolas Toussaint en avril 2003 tandis que la maîtrise d'oeuvre est confiée à Christian Lutz. La restauration de l'instrument sera une opération particulièrement délicate, dans la mesure où de nombreux éléments disparus devront être reconstitués et non restaurés, puisque le facteur devra recréer la mécanique, les sommiers et la console, en se référant aux modèles conservés de Merklin. Une telle restauration-reconstitution est assez courante pour des des instruments d'Ancien Régime, parfois parvenus jusqu'à nous dans un état très dégradé. Mais cela n'a encore jamais été fait pour un orgue du XIXe siècle, à la technologie beaucoup plus complexe que celle de l'orgue classique. L'une des difficultés, et non des moindres, est que contrairement à l'orgue d'Ancien Régime qui était entièrement de facture artisanale, l'orgue parisien du XIXe siècle utilisait certaines pièces manufacturées selon des procédés industriels, qui ne sont plus facilement accessibles aujourd'hui.
L'instrument a été inauguré le 19 septembre 2008 par Pierre Cornilliet, Guillaume Nussbaum et Gilles Olzt.
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Strasbourg's Temple Neuf (New Temple) is a Protestant parish of Lutheran confession. It occupies the site of the ancient church of the Dominicans built around 1260. The church chancel contained the city's large library.
In 1524, this Roman Catholic church is transferred to reformers. The Dominican mmonastery is closed and the church acts, during some time, as a place of worship for foreign Protestant refugees.
In 1681, Strasbourg lost its status of autonomous city and is integrated into the French Crown. Spurred by Louis XIV, the Protestants are forced to return Notre-Dame Cathedral back to the Catholics. The Cathedral Protestant parish is transferred, as an emergengy, into the ancient church of the Dominicans. Important reconstruction works were necessary because, unused for several decades, the building was in an advanced deterioration condition. The building was renamed "Neue Kirche" (New Temple). Consequently, it inherited the library which contained the city's historical archives as well as a considerable amount of literary works. It became the first Protestant parish in France under the leadership of a certain Jean Calvin.
During the Franco-German or Franco-Prussian war which lasted from July 19th, 1870 till January 29th, 1871 and where the France's Second Empire opposed the Prussian kingdom and its German allies, the city of Strasbourg is subjected to one of the worst disasters in its history. More than 200,000 bombs attained the city, that is almost 6,000 a day, making 10,000 homeless, and transforming numerous city monuments into smoking ruins. During the night of the 24th to the 25th of August 1870, the church is subjected to repeated attacks from the Prussian artillery. In a few hours hours, only the walls of the building remained standing and the 400,000 books, among them 24,000 manuscripts and 9,000 incunabula, were destroyed by fire. Only two books were recovered but they were in a very poor condition. Stained glass windows survived because they had been withdrawn by 1830. This terrible bombing led to the surrender of the city to the Prussians, on September 28th, 1870.
Strasbourg became a German city. The invader launches an extraordinary program of urban reconstruction in an attempt to modify its besieger and destroyer image. The reconstruction of the New Temple lies within this program. A major competition is organized and a Parisian architectual firm won the contest. At the last moment, the Parisians stand down, leaving the project to local architect Emile Salomon who rebuilt the church in a neo-Romanesque style. The building was erected from 1874 till 1877 covered with pink sandstone.
The Organ
It is believed that the Dominicans acquired their first organ for this building by 1292. There was at least a second instrument in 1450. There was a chancel organ in 1589 which was transferred, in 1595, by Hans Klein into St. Nicolas Protestant church.
The first large organ in this church was installed in 1681. It came from the cathedral where it was installed on a rood screen. It had been built in 1660 by Mathias Tretzscher, of Culmbach. This organ was taken back by Claude Legros and Friedrich Ring. Ring planned to build a large organ for the building, but this instrument, finally completed by Claude Legros, was installed in Ribeauvillé, where it is still in use.
Johann Andreas (Jean-André) Silbermann) built his organ between April and November 1749. For him, it was one of his favourite organs. When he greeted Wolfgang Amadeus Mozart in Strasbourg in October 1778, he invited him to play two of his instruments: the one in St. Thomas church and the one in Temple Neuf. Unfortunately, this instrument was destroyed along with the church during the August 1870 bombing.
After its reconstruction, the Temple Neuf had as organist famous Theophile Stern (1803-1886) who maintained good relations with organbuilder Joseph Merklin, who was, in Paris territory, the only one to be able to compete with Aristide Cavaillé-Coll. Even though the Merklin instruments were expensive, they were considered as being of high quality. A project for a 44-stop instrument with three manual and pedal was submitted by Charles Wetzel in 1874, but it was rejected.
Merklin's proposal called for a 40-stop instrument with three manuals and pedal. The installed instrument included 43 stops with mechanical action and a Barker machine. It was a large 16-foot instrument with a Bourdon 32' in the Pedal. The instrument was enclosed into an oak organcase (45 feet/13,8 metres high and 26 feet/7,8 metres deep), not built by the Klem firm as were most other Merklin instruments in Alsace, but by Dock and Blumet upon drawings by architect Emile Salomon. Sculptures were entrusted to Jean-Baptiste Dock. As for the mechanical and independent console, it was installed under the organ. The instrument was inaugurated on September 26th, 1877 by Alexander Guilmant.
The Walcker firm carried out works on the instrument in 1900 and the facade tin pipes were requisitioned by German authorities in 1917.
After carring out repairs in 1923-1924, Frédéric Haerpfer installed, in 1934, a new pneumatic transmission in such a way that the console would become independent and leave its location considered prohibitive at the time. Furthermore, he modified a few stops among which the Clarinette in the Positif division gave way to a Cromorne. This transformation involved the loss of Merklin's windchests which were replaced with cone chests. At this stage, the instrument is left with only the organcase, almmost all of the pipework and most of the wind system that are from Merklin.
Following problems caused by Haerpfer's pneumatic system, the console had to be electrified by Ernest Muhleisen in 1954. The organbuilder used that opportunity to modify certain stops, modifications that will more accentuate the neo-baroque character of the instrument:
The organcase is listed into the Additional Inventory in 1993. In spite of the radical transformations introduced, the instrument still possesses a very significant portion of its original material. This situation justified its classification as "Historical Monument" on May 11th, 1995. This instrument is one of the rare witnesses of the Parisian symphonic organbuilding school in Alsace, province which remained rather closed to this aesthetics, remaining faithful to its regional traditions during the first two thirds of the 19th century, before giving in to the influence of the German organbuilding school after the 1870 annexation. In the way, this instrument occupies a place of choice in the Alsatian organ world.
On September 19th, 2000, the Historical Monuments Commission decided that the organ would be restored to the 1877 condition with a return to mechanical action and Barker machine as well as to the original stoplistn, but with the following additions:
Furthermore, the console is now, as it was originally, installed under the organcase. There are combination stops on every manual and on pedal, a general forte, a storm effect, and expression is now controlled by a balanced pedal while in 1877, it was controlled by a toespoon.
The contact was awarded to Nicolas Toussaint in April 2003 while the project management was entrusted to Christian Lutz. The restoration will be a very delicate operation mainly because numerous missing elements will have to be reconstructed and not restored, since the organbuilder will have to recreate the mechanical action, the windchests and the console, by referring to extant Merklin models. Such restoration-reconstitution is rather common for instruments dating from the Ancien Regime, sometimes coming to us in a very damaged condition. But it was still never made for a 19th-century organ with a more complex technology than the one used in classical organs. One of the difficulties, and the least, is that, contrary to Ancien Regime organs were entirely hand-made, the 19th-century Parisian organs used certain manufactured elements using industrial techniques that are not easily accessible any more today.
The instrument was inaugurated on September 19th, 2008 by Pierre Cornilliet, Guillaume Nussbaum and Gilles Olzt.
I. Grand-Orgue |
III. Récit |
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Principal | 16' | Quintaton | 16' | |
Bourdon | 16' | Roheflûte | 8' | |
Montre | 8' | Flûte traversière | 8' | |
Bourdon | 8' | Viole de gambe | 8' | |
Flûte harmonique | 8' | Voix céleste | 8' | |
Violoncelle | 8' | Octave | 4' | |
Prestant | 4' | Flûte d'écho | 4' | |
Flûte octaviante | 4' | Flageolet | 2' | |
Grand Cornet | V | Piccolo | 1' | |
Fourniture 2 2/3' | IV-V | Basson | 16' | |
Bombarde | 16' | Trompette harmonique | 8' | |
Trompette | 8' | Basson-Hautbois | 8' | |
Clairon | 4' | Voix humaine | 8' | |
Clairon | 4' | |||
Trémolo |
II. Positif |
Pédale |
|||
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Principal | 8' | Soubasse | 32' | |
Bourdon | 8' | Contrebasse | 16' | |
Salicional | 8' | Soubasse | 16' | |
Flûte octaviante | 4' | Octavebasse | 8' | |
Quinte-Flûte | 2 2/3' | Violoncelle | 8' | |
Doublette | 2' | Grosse Flûte | 4' | |
Trompette | 8' | Bombarde | 16' | |
Clarinette | 8' | Trompette | 8' | |
Cor anglais | 8' | Clairon | 4' |