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Dondaine 1792 / Sauvage 1851 / Dalstein-Haerpfer 1872 Staudt 1913 / Alfred Kern 1969 / Daniel Kern 1988
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L’église Saint-Maximin fait l'objet d'un classement au titre des monuments historiques depuis le 16 juillet 1984. Jusqu’en 1900, Thionville ne compte qu’une seule paroisse, appartenant, depuis l’an 930, à l’abbaye Saint-Maximin, de Trèves (Allemagne) tout en dépendant du diocèse de Metz. L’église primitive aurait été érigée au XIIe siècle dans l’actuelle rue Brûlée, puis reconstruite à son emplacement actuel, au XVe siècle, après l’incendie qui a laissé son nom à la rue. Vers 1730, la ville envisage la reconstruction de cette seconde église qui ne peut plus accueillir qu’un sixième des paroissiens.
L’église actuelle a été reconstruite à partir de 1756, sur les plans de l’architecte Le Brun par les entrepreneurs Cuny Meaux et Nicolas Geisler, après de longues négociations entre la ville et l’Abbé de Saint-Maximin de Trèves qui refusait la dépense nécessaire. Achevée en 1760, elle est marquée par des contraintes militaires à commencer par son orientation vers le sud-ouest afin de ne pas empiéter sur le rempart. Comme beaucoup d’églises de places fortes, elle est pourvue de deux tours-clochers surmontées de plates-formes d’observation et comporte de vastes magasins souterrains aménagés sous les collatéraux. Le plan adopté (église-halle à trois vaisseaux avec un transept non saillant et une coupole à la croisée), est typique des grands sanctuaires lorrains du XVIIIe siècle et frappe par son austérité. L'édifice se caractérise par ses deux tours peu élevées, afin de ne pas dépasser les remparts qui le jouxtaient, encadrent une terrasse et sont reliées entre elles par une balustrade.
Dès 1868, l'architecte de la ville, Léon Laydecker, dessine les plans d'une nouvelle sacristie derrière le choeur. Le projet est repris après le siège et amplifié par l'architecte Alexis Varin qui conçoit l'actuelle sacristie de plan cruciforme, accessible par un couloir circulaire desservant aussi les anciennes sacristies et exécuté en 1874 par l'entrepreneur Mathias Zimmer, de Basse-Yutz. Fortement endommagée lors du siège de 1870, l’église est partiellement restaurée par l'entrepreneur du Génie, Pommay, sur les plans de l'architecte Laydecker et reconsacrée en 1883.
À l’intérieur, les trois vaisseaux d’égale hauteur sont séparés par deux rangées de colonnes ioniques reposant sur de hauts piédestaux cubiques. La nef est voûtée en berceau et les collatéraux sont couverts de voûtes en pendentifs. À la croisée, la coupole sur pendentifs a perdu son décor d’origine.
Le choeur est occupé par un grand baldaquin de pur style rococo réalisé en 1742-1743 par l’entrepreneur Conrad Statmayer, de Trèves, le sculpteur Jean Melling, de Saint-Avold, et son fils, Jean Remacle. Provenant de l’ancienne chartreuse Saint-Sixte, de Rettel, il a été acheté comme bien national en 1791. Le maître-autel, en marbre de différentes couleurs, a été installé dans l’église en 1776 et doté, en 1900, d’un nouveau tabernacle fourni par le fabricant Haussaire, de Reims, pour le mettre en harmonie avec les deux autels latéraux installés en 1899 dans les transepts.
L'orgue
L’histoire de l’orgue débute en 1577 alors que l’église acquit « un petit jeu d’orgue » lors d’un voyage de Pierre Louders et Jean Merlen à Sentzich. Cet orgue, placé dans le chœur et dont il ne subsiste aucune trace, a connu maintes restaurations au cours des ans.
En 1704, l’instrument est remplacé par un orgue neuf dû au facteur messin Georges Legros. Pendant les travaux de démolition de l’ancienne église, il trouve refuge dans la chapelle des Capucins. Lorsque la construction de l’église paroissiale est achevée en 1759, un facteur local, Jean Nau, est chargé de le remonter. Mais l’instrument est vite jugé insuffisant et, en 1765, on fait appel à Georges Dondaine, un horloger et amateur d’orgue, pour le remplacer. Celui-ci propose un devis s’élevant à 4 000 livres – l’orgue neuf, placé dans un nouveau buffet, reprend une grande partie du matériau sonore ancien et comporte six soufflets.
En 1791, la tribune manquant de solidité, il faut en construire une autre et pour ce faire, démonter l’instrument. Pendant ce temps, la municipalité de Thionville achète alors les orgues de l'abbaye de Saint-Clément, de Metz, vendues comme biens nationaux. Le facteur Georges Dondaine est chargé de remonter cet instrument, construit entre 1737 et 1740 par le facteur Le Picard, en y ajoutant des éléments provenant de l'ancien instrument. Ce nouvel orgue sera inauguré en 1792. Le buffet en bois polychrome rehaussé de dorures, d’une ampleur exceptionnelle avec ses trois niveaux savamment hiérarchisés, est un des plus beaux du département de la Moselle. Pierre Merjai, un voyageur de l’époque, décrivit, en 1800, l'instrument comme étant de grand prix autant par la variété de ses jeux que par la beauté de sa construction.
Tout au long du XIXe siècle et jusqu’au début du XXe, ce bel instrument classique connaît une longue série d’interventions qui en modifièrent l’esthétique. D'abord en 1838 avec le facteur Troes, ensuite, en 1848, par le facteur Antoine Sauvage, ancien élève de Cavaillé-Coll, qui propose un instrument capable de rivaliser sous tous rapports avec les plus considérables qui existent dans les départements environnants. L’orgue est alors mis aux goûts du jour et doté de quelques jeux romantiques.
Pendant le siège de Thionville en 1870, les dégâts causés par les bombardements et par le feu sont considérables. La restauration de l’orgue est alors confiée, en 1872, à la maison Haerpfer-Dalstein, de Boulay. La division du Positif est supprimée. La console est retournée et les jeux du Positif comme ceux du Récit sont replacés derrière le Grand-Orgue dans une boîte expressive. Pour compléter leur travail, les facteurs conseillent au menuisier Weyer de remplacer les sculptures, trophées de musique et autres ornements disparus pendant la guerre et lui redonner beauté et prestance.
En 1912, l’installation d’une soufflerie électrique et la mise en place, par les facteur Franz Staudt, de Puttelange, d’une transmission pneumatique modernisent l’instrument. Après la Seconde Guerre mondiale, le facteur Albert, de Boulay, réharmonise quelques jeux et construit un pédalier concave. Cependant, l'instrument, épuisé par trop de modifications successives, paraît à bout de souffle et appelle une véritable restauration.
À la suite de sérieuses recherches historiques et d'un inventaire complet au démarrage menés par une équipe d'experts comprenant Michel Chapuis, Marc Schaeffer et le docteur Albert Raber, les travaux de restauration sont confiés au facteur Alfred Kern. L’orgue est inauguré le 5 octobre 1969 par Michel Chapuis. Il restitue magnifiquement la composition de l’orgue selon l’esthétique du XVIIIe siècle. C’est un orgue de synthèse classique où se retrouvent à la fois des éléments de l’orgue français (pleins-jeux et jeux d'anches du Grand-Orgue) et de l’orgue d’Allemagne du Nord (pleins-jeux du Positif et jeux d'anches de 32' et 16' à la pédale).
La restauration du splendide buffet, merveille d’art baroque, fut entreprise en 1976 par le département des monuments historiques. L’ancienne peinture, brun foncé, disparut et l’orgue retrouva tout l’éclat de ses couleurs d’origine.
La Ville de Thionville doit être félicitée pour sa contribution non négligeable à l’entretien et à la mise en valeur d’un instrument considéré comme l’un des plus beaux d’Europe.
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St. Maximin church is classified as an "ancient monument" since July 16th, 1984. Until 1900, Thionville had only one parish, belonging, since 930, to St. Maximin Abbey, in Trier (Germany) while being part of the Metz diocese. The first church would have been built in the 12th century on the actual Burned Street, then rebuilt on its actual site, in the 15th century, after the fire which assigned its name to the street. By 1730, the city was planning the reconstruction of this second church which could not accommodate more than a sixth of its parishioners.
The actual church was rebuilt, by contractors Cuny Meaux and Nicolas Geisler, from 1756, on the plans prepared by architect Le Brun, after long negotiations between the city and the Abbot of St. Maximin of Trier who refused to spend the necessary expense. Completed in 1760, it shows the constraints imposed by the military beginning with its southwest orientation not to encroach on the ramparts. Like many churches in fortified cities, it is endowed with two bell towers-steeples crowned by observation platforms and includes vast underground storage areas located under the aisles. The approved plan (church hall with three naves with a non-salient transept and a dome at the crossing), is typical of large 18th-century Lorraine shrines and strikes by its austerity. The building is characterized by its two not very tall towers which do not exceed the adjacent ramparts and surround a terrace while being connected between them by a balustrade.
In 1868, city architect, Léon Laydecker, draws the plans for a new sacristy behind the chancel. The project is revived after the 1870 siege and enlarged by architect Alexis Varin who designed the actual cruciform sacristy, accessible through a circular corridor also serving the former sacristies and carried out in 1874 by contractor Mathias Zimmer, of Basse-Yutz. Heavily damaged during the 1870 siege, the church is partly restored by contractor Pommay based on plans by architect Laydecker. The church was re-dedicated in 1883.
Inside, the three equal-height naves are separated by two rows of ionic columns resting on high cubic pedestals. The nave has a barrel vault while the aisles are covered with pendantive vaults. At the crossing, the dome on pendantives lost its original decor.
A large rococo baldachino, carried out in 1742-1743 by contractor Conrad Statmayer, of Trier, sculptor Jean Melling, of St. Avold, and his son, Jean Remacle, occupies the chancel. Coming from Rettel's former Carthusian St. Sixte monastery, it was purchased as a national asset in 1791. The main altar, made of marble of different colours, was installed in the church in 1776 and received a new tabernacle, executed by Haussaire, of Reims, in 1900, in order to match with both lateral altars installed in 1899 in the transepts.
The Organ
The organ history begins in 1577 while the church purchased « a small organ » during a trip by Pierre Louders and Jean Merlen in Sentzich. This organ, located in the chancel and of which there is no trace left, was restored many times over the years.
In 1704, the instrument is replaced with a new organ built by Georges Legros. While the former church was demolished, it was sheltered in the chapel of the Capuchin friars. When the construction is completed in 1759, a local organbuilder, Jean Nau, is entrusted to take it back up. Soon the instrument is considered deficient and, in 1765, Georges Dondaine, a watchmaker and organ lover, is called upon to replace it. He submits a proposal estimated at 4,000 pounds – the new organ, fit into a new organcase, reuses most of the existing pipework and includes six bellows.
In 1791, it is found that the gallery lacks solidity and it is necessary to build another one. In order to do that, the instrument has to be disassembled. Meanwhile, the municipality of Thionville purchases the organ at St. Clement Abbey, in Metz, sold as national assets. Organbuilder Georges Dondaine is entrusted for taking back up this instrument, built between 1737 and 1740 by organbuilder Le Picard, and adding to it elements coming from the former instrument. This new organ will be inaugurated in 1792. The polychrome wooden organcase enhanced by gilding, with its three cleaverly structured levels, is one of the most beautiful in the Moselle department. Wayfarer Pierre Merjai described the instrument, in 1800, as being of high quality as much by the variety of its tonal structure as by the beauty of its case.
Throughout the 19th century and till the beginning of the 20th century, the many interventions have modified the aesthetics of this beautiful classical instrument. First, in 1838 by organbuilder Troes, then, in 1848, by organbuilder Antoine Sauvage, a former student of Cavaillé-Coll, who offers to put up an instrument able to compete in every respect with the largest instruments in the surrounding departments. The organ is then modernized and receives some romantic stops.
During the siege of Thionville in 1870, damage caused by bombings and by fire is considerable. The organ restoration is then entrusted, in 1872, to organbuilding firm Haerpfer-Dalstein, of Boulay. The Positif division is eliminated. The console is turned around and the Positif and Récit stops are located into a swell box behind the Grand-Orgue division. To complete the work and in order for the case to regain its original beauty and presence, the organbuilders ask carpenter Weyer to replace the sculptures, the music trophies and other ornaments which have disappeared during the war.
In 1912, in order to modernize the instrument, an electric blower is installed and organbuilder Franz Staudt, of Puttelange, the action is replaced with a pneumatic transmission. After the Second World War, organbuilder Albert, of Boulay, revoices some stops and builds a concave pedalboard. However, the instrument, exhausted by too many successive modifications, seems out of breath and a complete restoration is mandatory.
Following serious historical researches and a full inventory of the available material carried out by a team of experts made up with Michel Chapuis, Marc Schaeffer and doctor Albert Raber, the restoration is entrusted to organbuilder Alfred Kern. The organ is inaugurated on October 5th, 1969 by Michel Chapuis. It magnificently restores the composition of the organ to the 18th-century aesthetics. It is a classical synthesis where elements of the French organ (Plein jeu and reed stops in the Grand-Orgue division) meet elements of the North German organ (Plein jeu in the Positif division and 32' and 16' reed stops in the pedal division).
The restoration of the magnificent organcase, a baroque art treasure, was undertaken in 1976 by the Ancient Monument Department. The former dark brown paint has been removed and the organ found its bright original colours.
The City of Thionville must be complimented for its non negligible contribution in the maintenance and the promotion of an instrument considered as one of the most beautiful in Europe.
I. Positif |
II. Grand-Orgue |
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1Bourdon | 8' | 1Bourdon | 16' | |
3Viole de gambe | 8' | 1Montre | 8' | |
1Prestant | 4' | 1Bourdon | 8' | |
1Flûte à cheminée | 4' | 3Gros Nazard | 5 1/3' | |
2Nazard | 2 2/3' | 1Prestant | 4' | |
1Doublette | 2' | 3Grosse Tierce | 3 1/5' | |
3Tierce | 1 3/5' | 1Doublette | 2' | |
3Larigot | 1 1/3' | 2Fourniture | V | |
3Fourniture | IV-VI | 3Cymbale | V | |
3Cromorne | 8' | 3Cymbale Tierce | II | |
2Hautbois | 4' | 1Cornet | V | |
2Trompette | 8' | |||
2Voix humaine | 8' | |||
1Clairon | 4' |
III. Récit |
Pédale |
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3Bourdon | 8' | 2Flûte | 16' | |
1Prestant | 4' | 2Soubasse | 16' | |
2Flûte traversière | 4' | 1Flûte | 8' | |
1Quarte | 2' | 2Flûte | 4' | |
3Sifflet | 1' | 3Nachthorn | 2' | |
3Cornet | IV | 3Fourniture | VI | |
3Cymbale | III | 2Contrebasson | 32' | |
3Chalumeau | 8' | 2Bombarde | 16' | |
3Trompette | 4' | 3Trompette | 8' | |
3Clairon | 8' |
1 | Jeu du XVIIIe siècle / 18th-century stop | |
2 | Jeu en grande partie du XIXe siècle / Mostly 19th-century stop | |
3 | Nouveau jeu de Kern / New Kern stop |