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Historique
La ville fut créée vers 1120 par Henri Ier Beauclerc, duc de Normandie et roi d’Angleterre, afin de renforcer la frontière de sa principauté face au Royaume de France. Alors que l’Avre, rivière marquant cette frontière, coule au sud de la cité, un canal fut creusé sur une dizaine de kilomètres (sept milles et demi) pour amener les eaux de l’Iton jusqu’au point le plus élevé de la ville, d’où elles se répandent dans tous les quartiers, alimentant les fossés et les fontaines publiques.
Incendiée en 1134, rebâtie par Henri Ier Beauclerc qui lui accorde de nombreux privilèges, la ville prend une part active à la lutte qui oppose Étienne de Blois à Geoffroy V d’Anjou. En 1173, la ville, que ses fortifications font passer pour imprenable, est assiégée par Louis VII de France, dit le Jeune. La ville, incendiée et livrée au pillage, est reprise quelques jours plus tard par Henri II d’Angleterre. Durant les guerres opposant Richard Cœur de Lion au roi de France Philippe Auguste, la ville passe de main en main. Durant la guerre de Cent Ans, la ville, âprement disputée, est prise et saccagée à plusieurs reprises. Le 17 août 1424, la bataille de Verneuil donne la victoire au roi d’Angleterre. Le 9 juillet 1447, la prise de Verneuil par le roi de France sonne la fin de la Guerre de Cent Ans. Les guerres de religion (1562-1598) et la Fronde (1648-1653) n’occasionnent que peu de troubles dans la ville. Sous le Consulat (1799-1804), le général Louis de Frotté, le comte de Verdun et le marquis de Saint-Florent sont exécutés sur une place de Verneuil, le 18 février 1800.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, après plusieurs jours de combats meurtriers, la ville est libérée le 22 août 1944. Épargnée par les destructions, la ville a gardé un important patrimoine architectural, témoin de la prospérité de certains de ses habitants aux XIIe, XVIIe et XVIIIe siècles. Les maisons à tourelles et à damiers de la fin du Moyen-Âge et les hôtels particuliers de l'Ancien Régime voisinent avec plusieurs églises associant les styles romans, gothiques et Renaissance. La Tour grise, donjon construit par Philippe Auguste, oppose son extérieur de pierre rousse typique de la région à la dentelle de pierre calcaire de la Tour de la Madeleine, joyau du gothique flamboyant de France.
L'église
La construction de l'église commence au début du XIIe siècle, en même temps que la fondation et le développement de la ville.
La construction de la tour débute vers 1465, mais le manque de moyens financiers interrompt le chantier pendant 30 ans. Elle ne sera achevée qu’en 1526, grâce aux dons des bourgeois de la ville et à ceux d’Artus Fillon, natif de Verneuil, puissant personnage, devenu chanoine à Rouen puis évêque de Senlis. Les artistes imagiers qui exécutèrent le décor sculpté venaient de Rouen et travaillent sur la cathédrale de Rouen. L’édifice, construit en calcaire avec des fondations en grès, est surmonté de deux couronnes imbriquées. La tour est ornée de plus d’une trentaine de statues disposées sur deux niveaux, représentant des personnages de l’Ancien Testament au premier et du Nouveau Testament au second. D'une hauteur de 56 mètres (184 pieds), elle paraît plus grosse dans sa partie supérieure que dans sa partie inférieure et ceci, dus aux divers rangs de corniches et de galeries qui, placées les unes au-dessus des autres, vont toujours en s'élargissant et ôtent ainsi au monument une grande partie de sa légèreté. Elle est revêtue d'un grand nombre de statues de saints et d'ornements gothiques. Son couronnement est formé d'une tour polygonale, surmontée d'une autre plus étroite, toutes deux découpées à jour et richement ornementées. La richesse de sa décoration sculptée la fait justement comparer à la Tour de Beurre de la cathédrale Notre-Dame et à la tour-lanterne de l'abbatiale Saint-Ouen, toutes deux à Rouen.
À l'intérieur, l'église a subi de nombreuses restaurations qui empêchent de bien reconnaître les différents styles auxquels elle appartient. La nef, remarquable par sa longueur, est soutenue par de gros et courts piliers du XIIe siècle que surmontent de vastes arcatures encadrant des ogives aveugles, à lancettes, dans lesquelles des statues modernes ont été placées. Le choeur présente les caractères du XVe siècle. Dans le transept de droite, une vaste niche carrée, dont l'arcade surbaissée est bordée d'une jolie guirlande de feuillage, renferme un beau groupe, datant au XVIe siècle, composé de neuf personnages un peu plus grands que nature et représentant l'ensevelissement du Christ. L'église a conservé une partie de ses riches verrières des XVe et XVIe siècles; quelques-unes ont été restaurées. La chaire est un curieux ouvrage de métallerie du XVIIe ou du XVIIIe siècle.
L'orgue
L’église abrite, depuis 1784, un grand orgue, oeuvre de Jean-Baptiste Nicolas Lefebvre, illustre descendant d’une lignée de facteurs d’orgues et d’organistes rouennais.
À l'origine, cet instrument a été construit de 1753 à 1756 et installé en l'église Saint-Pierre de Caen. Lorsque cette église décide, le 15 mars 1778, de se doter d'un nouvel orgue, Lefebvre négocie avec l'église de la Madeleine de Verneuil qui accepte, le 12 septembre 1779, d'accueillir cet orgue qui comprend 34 jeux répartis sur quatre claviers et pédalier. L'orgue est officiellement reçu le 21 novembre 1784 soit huit mois après la mort du facteur.
L'instrument traverse la période de la Révolution sans subir les avatars réservés à tant d'autres instruments. Il est resté sur place, il n'a pas été laissé à l'abandon, il a même été entretenu et accordé à peu près régulièrement jusqu'à la Deuxième Guerre mondiale.
Le Débarquement de juin 1944 sur les côtes normandes n'a pas été favorable au vieil instrument qui occupe depuis plus de 160 ans la tribune de l'église. Des faits de guerre, entre autres des tirs d'artillerie vers la célèbre tour de la Madeleine, ont rendu l'orgue muet.
En 1954, le curé, le chanoine Paul Salaville, l'organiste Pierre Jacquemin et la municipalité s'inquiètent de l'état de l'instrument et prennent l'affaire en main. Ils font appel au facteur Georges Helbig, de Paris. Le 12 avril 1955, celui-ci propose un premier projet de remise en état et de modernisation de l'instrument. Deux mois plus tard, le 11 juin, il soumet deux devis. Le premier concerne la restauration pure et simple de l'instrument, un relevage, une remise en état de qui existe de l'ancien instrument. Le deuxième, « de modernisation » reprend la proposition du mois d'avril qui consiste à électrifier la transmission et l'introduction d'un système unifié pour les claviers de Récit et de Pédale. De plus, l'instrument serait réduit à 34 jeux, au lieu de 40, répartis sur deux claviers manuels, au lieu de quatre, et un pédalier de 30 notes. Helbig favorise le deuxième devis qui, selon lui, rendrait l'instrument quatre fois plus puissant avec une structure sonore qui serait peu différente de l'ancienne.
Un résident de Verneuil, Jean Verrier, inspecteur général honoraire des Monuments historiques alerte le ministère qui délègue Norbert Duforcq pour faire un rapport sur l'état réel de l'orgue et de sa partie instrumentale en particulier. À la suite de la réception de ce rapport, la Commission des Monuments historiques inscrit officiellement la partie instrumentale de l'instrument comme « monument historique » le 17 mai 1957. Cette clause enlève le contrat de restauration à Georges Helbig pour le confier à un facteur désigné par le ministère, en l'occurrence le facteur Erwin Müller, de Croissy-sur-Seine.
Lorsque la Commission des Monuments historiques demande, en 1962, au facteur de dresser l'inventaire et d'établir le projet de restauration, celui-ci trouve l'orgue démonté. En effet, Helbig avait déjà entrepris la dépose de l'ensemble de la tuyauterie. Müller doit reconstituer les jeux à partir d'indications retrouvées sur la tuyauterie, les chapes et les faux sommiers tout en tenant compte des modifications apportées à l'instrument au cours du XIXe siècle.
Quand on compare la composition actuelle avec celle de 1779, et ce, sur les sommiers eux-mêmes et pas seulement les deux listes, on se rend compte que Müller a retrouvé la plus grande partie de la tuyauterie sortie des mains de Lefebvre. Malgré leur intervention, les organiers du XIXe siècle ont respecté un matériau ancien qui, pour eux, était encore valable. Ils ont supprimé quelques jeux qui n'étaient plus au goût tu jour pour les remplacer par des jeux à la mode.
La composition actuelle a été proposée par Norbert Duforcq. Comparée à celle établie par Lefebvre dans son devis de 1779, elle en diffère de peu, mais elle s'inscrit dans l'esprit du facteur. Le Récit demeure un dessus alors que le Positif n'a pas récupéré sa Trompette. L'Écho forme un cornet décomposé. La Pédale s'est enrichie de cinq nouveaux jeux installés sur deux sommiers séparés derrière le grand corps du buffet. L'instrument a été inauguré le 24 avril 1966 par André Marchal.
En 2008, le conseil municipal et l'Association des Amis des orgues de l'église de la Madeleine ont décidé de recueillie les fonds nécessaires au relevage de l'instrument qui comprendrait la réfection de la mécanique, le nettoyage de la tuyauterie et l'accord général. Prévus pour 2010, les travaux ont été terminés en novembre 2011.
Cet instrument est un témoin rare du génie d’un maître de la facture française du XVIIIe siècle.
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History
The city was founded around 1120 by Henri Ist Beauclerc, duke of Normandy and king of England, to reinforce the border of his principality with the Kingdom of France. While the Avre River, running in the south of the city, is used as border, a 7.5 mile (12-km) channel was dug to bring water from the Iton River way up to the highest point of the city from where it is distributed to all districts, feeding trenches and public fountains.
Burned down in 1134, it was rebuilt by Henri Ist Beauclerc who granted the city numerous privileges. The city took an active part in the conflict between Étienne de Blois and Geoffroy V of Anjou. In 1173, the city, which was thought to be impregnable due to its fortifications, was besieged by Louis VII called the Young, of France. The city, burned down and left in depredation, was recaptured some days later by Henri II of England. During wars opposing Richard I of England to Philippe Auguste, king of France, the city passed from hand to hand. During the Hundred Years war, the city, fiercely contested, was captured and vandalized again and again. On August 17th, 1424, the battle of Verneuil was won by the king of England. On July 9th, 1447, the capture of Verneuil by the king of France stroke the end of the Hundred Years war. The wars of religion (1562-1598) and the Fronde (1648-1653) caused only small disturbances in the city. Under the French Consulate (1799-1804), general Louis de Frotté, the count of Verdun and the marquis of Saint-Florent are executed in a Verneuil square, on February 18th, 1800.
During World War II, after several days of bloody battles, the city was liberated on August 22nd, 1944. Spared from destruction, the city preserved an important architectural heritage, witness of the prosperity of some of its residents in the 12th, 17th and 18th centuries. Checkered houses and with turrets from the end of the Middle Ages and "hôtels particuliers" from the Ancien Régime are placed side-by-side to several churches linking Romanesque, Gothic and Renaissance styles. The gray Tower, dungeon built by Philippe Auguste, with its exterior in typical regional russet stone contrasts with the Tower of the Madeleine, a jewel of French flamboyant gothic with its calcareous stone lace.
The Church
The construction of the church began early in the 12th century, at the same time as the city was founded and developed.
The construction of the tower began around 1465, but the shortage of financial resources interrupted its construction during 30 years. It will be completed only in 1526, thanks to donations from the middle-class persons and those from Artus Fillon, a native of Verneuil, a powerful figure who became a canon in Rouen and then bishop of Senlis. The artists who executed the sculpted decor came from Rouen and worked on the cathedral of Rouen. The tower, covered with limestone with foundations in sandstone, is topped by two overlapping crowns. The tower is decorated with more than thirty statues disposed on two levels, representing figures from the Old Testament on the first one and from New Testament on the second. 184 feet (56 metres) high, it looks like being bigger in the upper section than in its lower one and this, owed to the various ranks of cornices and galleries which, installed one above the other, go on widening and, by doing so, remove a large section of its lightness. It includes many statues of saints and gothic ornaments. Its crowning is formed of a polygonal tower, topped by other narrower one, both openwork and richly decorated. Its rich sculpted decoration well compares with the Butter Tower of Notre-Dame cathedral and the tower lantern of St. Ouen abbey church, both in Rouen.
Inside, many restorations prevent from definitely knowing the different styles to which the interior belongs. The nave, remarkable for its length, is supported by large and short 12th-century pillars topped by large archways surrounding blind lancet diagonal ribs into which modern statues were installed. The chancel shows all the features from the 15th century. In the right transept, a vast square alcove, whose lowered archways are edged by a nice garland of foliage, houses a group, dating from the 16th century, of nine little larger than life figures representing the entombment of Christ. The church has preserved some of its rich 16th- and 17th-century stained glass windows; some have been restored. The pulpit is a curious 17th- or 18th-century metal work.
The Organ
The church houses, since 1784, a large organ, the work of Jean-Baptiste Nicolas Lefebvre, famous descendant of organbuilders and organists in Rouen.
Originally, this instrument was built from 1753 till 1756 and installed in St. Pierre church in Caen. When this church decided, on March 15th, 1778, to acquire a new organ, Lefebvre negotiated with the La Madeleine church in Verneuil who agreed, on September 12th, 1779, to purchase the 34-stop, 4-manual and pedal organ. The organ was officially received on November 21st, 1784, eight months after the organbuilder's death.
The instrument went through the Revolution without being subjected to mishaps reserved to so many other instruments. It stayed in place and was not abandoned, it was regularly maintained and tuned almost up to the Second World war.
The June 1944 landing on the Norman coasts was not favorable to the old instrument which stands on the church gallery for more than 160 years. War facts, among others gunfires towards the famous Madeleine tower, caused the organ to become silent.
In 1954, parish priest, Canon Paul Salaville, organist Pierre Jacquemin and the city council got worried about the condition of the instrument and decided to take the matter into their hands. They call on organbuilder George Helbig, of Paris. On April 12th, 1955, he submitted a first proposal for the rehabilitation and the modernization of the instrument. Two months later, on June 11th, he submitted two proposals. The first concerned the pure and simple restoration of the instrument, the rehabilitation of what is left from the old instrument. The second one, « modernization » referred to the April proposal and included the electrification of the transmission and the introduction of an unified system for the Récit and Pedal divisions. Besides, the instrument would be reduced to 34 stops, from 40, over two manuals, instead of four, and a 30-note pedalboard. Helbig favored the second proposal which, according to him, would produce an instrument four times more powerful with a sound structure which would not much differ from the old one.
A resident of Verneuil, Jean Verrier, honorary general inspector of the Historic Monuments Commission, alerted the ministry who delegated Norbert Duforcq to report on the real condition of the organ and mainly on the instrument itself. Following the reception of this report, the Historic Monuments Commission officially classified the instrument as "historic monument" on May 17th, 1957. This clause took away the restoration contract from George Helbig to entrust it to an organbuilder selected by the ministry, here, Erwin Müller, of Croissy-sur-Seine.
When the Historic Monuments Commission asked, in 1962, the organbuilder to produce a detailed inventory and to prepare the restoration project, the latter found a disassembled organ. In fact, Helbig had already undertaken the complete removal of the pipework. Müller must reconstruct stops from indications found on pipework, toe boards and pipe racks while taking into account modifications introduced in the 19th century.
When the actual tonal structure is compared to the one in 1779, and this, on the windchests themselves and not only the lists, it is found that Müller retrieved most of Lefebvre's pipework. Despite their intervention, 19th-century organbuilders respected the old material which, for them, was still valid. They removed some stops which were not any more to the taste of the day and replaced them with more modern ones.
The actual tonal structure was developed by Norbert Duforcq. Compared with the one designed by Lefebvre in 1779, it is slightly different, but it is still in the organbuilder's same spirit. The Récit division remains a treble while the Positif division did not regain its Trompette. The Echo division is a decomposed Cornet. Five new stops were added to the Pedal division; they were installed on two separated wiindchests located behind the main organcase. The instrument was inaugurated on April 24th, 1966 by André Marchal.
In 2008, the town council and the Association of Amis de l'orgue de la Madeleine decided to collect the necessary funds for the rehabilitation of the instrument which would include the renovation of the action, the cleaning of the pipework and a general tuning. Planned for 2010, works were completed in November 2011.
This instrument is a rare witness to the genius of a master of the 18th-century French organbuilding school.
I. Positif de dos |
II. Grand-Orgue |
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Montre | 8' | Montre | 16' | |
Bourdon | 8' | Bourdon | 16' | |
Prestant | 4' | Montre | 8' | |
Flûte | 4' | Bourdon | 8' | |
Nazard | 2 2/3' | Flûte allemande | 8' | |
Doublette | 2' | Prestant | 4' | |
Tierce | 1 3/5' | Grosse tierce | 3 1/5' | |
Larigot | 1 1/3' | Nazard | 2 2/3' | |
Fourniture | III | Doublette | 2' | |
Cymbale | III | Quarte de nazard | 2' | |
Cromorne | 8' | Tierce | 1 3/5' | |
Voix humaine | 8' | Dessus de Cornet | V | |
Dessus de Hautbois | 8' | Fourniture | V | |
Cymbale | IV | |||
1ere Trompette | 8' | |||
2e Trompette | 8' | |||
Clairon | 4' |
III. Récit |
IV. Écho |
|||
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Cornet | V | Bourdon | 8' | |
Trompette | 8' | Flûte à cheminée | 4' | |
Nazard | 2 2/3' | |||
Doublette | 2' | |||
Tierce | 1 3/5' | |||
Cymbale | II |
Pédale |
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Principal | 16' |
Soubasse | 16' |
Principal | 8' |
Bourdon | 8' |
Octave | 4' |
Fourniture | III |
Bombarde | 16' |
Trompette | 8' |
Clairon | 4' |